1-6-16
Maman cherie
Moi non plus je ne t’ai pas ecrit
hier et, comme toi, c’est à cause de mes deplacements. Oui ! hier nous
avons quitté le coin de terre où ns avons vécu pendant 5 mois, où nous
avons passé des journées un peu lourdes mais que nous
regretterons surement Nous ne le regrettons en tout cas pas pour le moment.
Après quelques kilomètres à pied nous avons trouvé un convoi automobile qui
nous à amenés loin du canon. Court trajet d’ailleurs
[entre Mourmelon,
son cantonnement précédent, et Vraux : 20 km]. Si nous restons quelque temps ici je ne desespère pas de voir oncle
Georges. Nous savons tous que nous quittons du mauvais pour du pire, mais nous
étions tous dans la joie de changer, comme des gosses. Du voyage pas grand
chose à dire : Dès le depart nous sommes entrés dans un nuage de
poussière, d’où ns sommes sortis à l’arrivée. Quand la poussière n’était pas
trop forte on voyait les cubes gris se courir après à travers le nuage blanc,
et parfois à droite et à gauche des eblouissements de verdure. La
verdure ! que c’est reposant. Ici nous nageons dedans. Il me semble
qu’elle me donne des forces ; je me vautre dans les prés en disant aux
grands arbres et aux brins d’herbes qu’ils sont mes frères. Le village est gai
quoiqu’il ait été meurtri en Septembre 1914, quelques jours avant la bataille
de la Marne.
Le clocher en particulier, d’un roman assez joli a beaucoup
souffert.
Les habitants sont acceuillants pour la troupe. Nous sommes sortis d’auto tout blancs de poussière. Un de mes hommes s’est tordu de rire en me voyant et me disait « Oh ! mon aspirant ! vous avez les « mirettes » (moustaches) toutes blanches ».
Source : Wikipédia |
Les habitants sont acceuillants pour la troupe. Nous sommes sortis d’auto tout blancs de poussière. Un de mes hommes s’est tordu de rire en me voyant et me disait « Oh ! mon aspirant ! vous avez les « mirettes » (moustaches) toutes blanches ».
De grosses fermes champenoises avec
d’immenses granges où nous cantonnons ! des canaux, des ruisseaux….
malheureusement ! car un des hommes de la compagnie vient de se noyer [Louis Gérard].
C’est vexant de disparaître comme ça, au repos.
A midi les off. de la Cie
ont invité à dejeuner tous les sous-off. Ce fut plantureux et gai, presque
trop.
Source : JMO du 132ème R.I. - 1er juin 1916 |
Bourdonnement de cloches, chant
d’oiseaux…. des civils, des petits enfants… Nous revons. Je viens de recevoir
ta bonne lettre du 28. Merci.
Mille tendresses à tous
Jean