A la fin du mois je suis envoyé en permission.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )Première guerre mondiale (1914-1918). Lettres de Jean Médard.
mercredi 26 septembre 2018
jeudi 20 septembre 2018
mercredi 19 septembre 2018
Sète, 19 septembre 1918 – Mathilde à son fils
Mon aimé
Hier encore une lettre de toi palpitante d’interet. Comme l’on voudrait causer bientôt de vive voix de toute ce qui remplit le cœur et l’a tant opprimé. Voilà ce que je désirais se réalise enfin ! « La Fourragère » encore je suis heureuse de cette distinction pour tous ces braves ! Aujourd’hui par tante Jenny [Scheydt] il me vient des rumeurs Montpelliéraines qui accentuent celles que m’a soufflées tante Irma. Jeanot, Jeanot pourquoi fais-tu le cachottier avec ta maman. Ce sont de si belles et grandes choses que je tiens mon cœur en les entendant car il éclaterait. Qui vivra verra mais rien ne m’étonne de toi.1
Aujourd’hui le ciel est encore plus sombre que de coutume bien que j’ai du soleil en moi. Je suis néanmoins ennuyée. La santé de Hugo ne va pas. Il a eu cette nuit les mêmes troubles. Très frappé il parle de repos et de départ. Suzon le suivrait et ce serait un long séjour sur la côte d’azur. Cela ne se peut pas tout de suite aussi aimerais-je bien que ta permission fut avant pr que tu puisses voir ta sœur qui veut jouir de toi de toutes façons.
On m’annonce Mr Cabanel – il faut que j’aille le voir. Un bien gros baiser avant de te quitter mon fils mon bien aimé dont je suis si fière.
L’état sanitaire est toujours fort mauvais.
mardi 18 septembre 2018
Arvillers, 18 septembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Je continue à dormir beaucoup et à ne rien faire. Je viens de dejeuner à l’A.D. (pour les profanes Artillerie Divisionnaire), popote rendue extraordinairement gaie par suite du départ de son chef. Hervé [Leenhardt] était invité comme moi.
Le colonel est parti en permission non sans avoir reçu une poche d’eau sur la figure.
Moi j’attends le retour de Deconinck qui doit avoir lieu au debut de la semaine prochaine. Encore faut-il que rien d’imprevu n’arrive d’ici là. Tu sais par experience qu’il ne faut jamais se rejouir trop à l’avance de mes permissions.
J’ai reçu deux cartes de Léo Viguier, revenue d’Amerique il y a quelques jours.
Je n’ai pas pensé à vous remercier des delicieuses photos reçues il y a quelques jours.
Sans doute cette photo d’Elna et Pierre Ekelund, prise à La Salvetat en juillet 1918,
faisait-elle partie des « délicieuses photos » reçues par Jean.
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lundi 17 septembre 2018
dimanche 16 septembre 2018
samedi 15 septembre 2018
Arvillers, 15 septembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Un Dimanche ensoleillé. La grande distraction du moment c’est la musique qui joue des airs langoureux sur la place du village, une pauvre place avec des maisons eventrées.
Ce matin j’ai pris un bain chaud ds une baignoire avec tout le confort moderne. Le colonel part en permission. J’espère que d’ici 15 jours ce sera mon tour….. si rien d’imprévu ne survient.
vendredi 14 septembre 2018
Arvillers, 14 septembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Hier j’ai interompu ma lettre un peu brusquement pour aller diner. Nous étions invités Gilbert [Leenhardt] et moi chez [Ange] Le Hégarat. Gilbert aime beaucoup Le Hégarat parcequ’il le trouve très « nature ». C’est assez pittoresque les installations dans un village abandonné : autour de la même table un convive est assis sur une caisse, tandis que l’autre un fauteil du plus pur Louis XV.
Les permissions ont repris serieusement. Je ne desespère pas de partir un de ces jours. J’ai la conviction de vous trouver à Cette maintenant et j’aime autant ; j’ai fait assez de plein air comme ça.
Source : coll. La contemporaine |
Nous avons eu de belles heures parfois une de mes impressions les meilleures est celle d’une nuit à la belle étoile un soir d’avance dans le lit desséché d’un ruisseau, au milieu d’un buisson de menthe. Ça changeait agreablement de la puanteur des caves et abris : une silence comme si ce n’était pas la guerre, un ciel étoilé et bienveillant, de beaux arbres. Je me sentais une grande amitié pour la création. La guerre ne nous reserve pas beaucoup de ces moments-là. Le lendemain je dégageais un parfum pénétrant de menthe, au lieu de sentir le fauve et le chien mouillé.
Notre colonel [Adrien Perret] est devenu un grand homme. Il a surtout la chance d’avoir un bien chic régiment. Nous allons avoir la fourragère. Les chasseurs ont quitté la Division. Je le regrette parceque ça me separe de [Frank] Suan. Ils sont remplaces par un regiment de tirailleurs. On nous a bien recommandé de ne pas appeler ces derniers « bicots ». C’est la suprême injure.
Je ne suis pas peiné de voir les H. [Herrmann] s’établir à Paris. J’en suis heureux pour A. [Alice] qui sera dans un milieu que j’aime. Et puis si la situation présente s’éternise, il me sera bien plus facile de la voir à Paris qu’à Montpellier.
jeudi 13 septembre 2018
Arvillers, 13 septembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Je ne sais où t’écrire. Je pense que cette lettre aura plus de chance de te trouver à Cette. J’ai été bien laconique ces jours-ci. Que de choses à vous dire. D’abord nous sommes au repos. Au repos dans une région qui était encore boche il y a deux mois, et qui est très loin des lignes maintenant. Mais c’est un repos un peu triste, dans une région dévastée et vidée. Pas de civils ; nous voisinons avec nos morts d’il y a un mois.
La Division a eu une belle tache. Elle a progressé de 52 kilomètres sans etre relevée. Il parait que depuis le debut de la guerre c’est un record. Le régiment s’est taillé de beaucoup la plus belle part. Chaque fois que la Division était arrétée, c’est le regiment qui bousculait de nouveau. Le 132 a fait à lui seul 580 prisonniers, pris 112 mitrailleuses, 19 minenwerper, et un canon. Il y a des pages plus dures et plus méritoires, mais jamais plus brillantes.
Je crois que réellement nous n’avons jamais été autant en forme. Toutes les compagnies étaient commandées par des types jeunes, courageux, aimés des poilus, et je crois que jamais on a eu autant d’allant que cette fois. Aussi nous avons une cote formidable. Le colonel [Adrien Perret] a obtenu toutes les recompenses qu’il a voulu.
Tu vois d’ici ce que peut être le moral avec le succès, les recompenses et les permissions. Il n’a jamais été pareil.
Ce qui defrise pourtant un peu les types c’est ce piètre repos. Ns avons cantonné ds les anciennes premières lignes, au milieu des tombes et des trous de torpilles, ds des caves humides sous des maisons effondrées.
Maintenant ns habitons un village qui a conservé forme de village, mais le poilu aime à voir autre chose que des poilus, et ici pas un civil.
Source : coll. La contemporaine |
Moi j’ai mon compte ; Gilbert [Leenhardt] cantonne ici et je le vois tout le temps. Je te quitte pour diner avec lui à la C.M.2 [2ème compagnie de mitrailleurs].
Je finis ma lettre avec mon masque sur le nez les boches venant de lancer quelques obus d’un gaz d’ailleurs assez inofensif. Le nouveau masque est d’ailleurs assez commode pour nous permettre de continuer notre correspondance où de lire des romans.
Ma permission ??
mercredi 12 septembre 2018
D’Andechy à Arvillers, 12 septembre 1918 – JMO
mardi 11 septembre 2018
lundi 10 septembre 2018
dimanche 9 septembre 2018
Andechy, 9 septembre 1918 – Jean à sa mère
Source : coll. La contemporaine |
Ma chère Maman
Nous voici enfin relevés. Deux étapes deja nous separent du front.
Mais ds ce pays ci il faut aller loin à l’arrière pour ne plus trouver les ruines et pour retrouver un peu de vie normale.
samedi 8 septembre 2018
Début septembre 1918 – Relève
Nous sommes enfin relevés. Nous nous installons dans les caves de ces villages du Santerre que nous venons de conquérir. Pas pour longtemps heureusement.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )vendredi 7 septembre 2018
Début septembre 1918 - Prise d'Esmery-Hallon
Au début de septembre notre régiment franchit le canal du Nord à peu près à sec et s’empare de l’importante position d’Esmery-Hallon.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )Source : coll. La contemporaine |
jeudi 6 septembre 2018
mercredi 5 septembre 2018
Au s.s.o. d'Esmery-Hallon, 5 septembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Je n’ai pas le temps de t’en dire bien long car nous continuons la marche en avant.
C’est dommage que nous n’ayons pas les jambes plus légères.
Source : coll. La contemporaine Photo prise le 5 septembre 1918, le jour même où le 132ème RI est en soutien du 106ème RI dans la zone d'Esmery-Hallon. |
mardi 4 septembre 2018
Environs d'Esmery Hallon, 4 septembre 1918 – Jean à sa mère
JMO
du 132ème RI – 4 septembre 1918
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Ma chère Maman chérie
C’est de nouveau la course au boche.
Je n’ai pas le temps de t’en dire plus.
Source : coll. La contemporaine Le JMO du 4 septembre 1918 indique que le 132ème RI est en mouvement dans la zone d'Esmery-Hallon à 5 km de Libermont. |
lundi 3 septembre 2018
Zone d'Ercheu, 3 septembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
J’ai reçu hier de bonnes lettres de Suzanne et de toi. Suzon me parle de communiquer ma dernière lettre [sans doute celle du 15 août] à Mme H. [Herrmann]. J’avoue que je ne me rappelle pas du tout ce qu’elle contenait. C’était un mot hatif de reconnaissance à ma sœur et je ne vois pas l’interêt qu’elle pourrait avoir autrement. Je me remets entre les mains de Suzanne. Ce qu’elle fera sera bien fait. Moi je n’ai plus qu’à attendre les évenements : la fin de la guerre, ou un geste de Mme H. En attendant ma situation sera toujours pénible ; je serai partagé entre la nécessité d’être très discret selon le desir des H [Herrmann], et l’ennui de paraître indifferent selon leur impression.
Je ne vois pas ces visites à Montpellier lors de prochaines permissions. Je les redoute presque autant que je les desire. S’il s’agit simplement de faire l’aimable dans un salon pendant une demie heure, ce n’est pas mon genre, et c’est une bien petite satisfaction…
Les visites d’A. [Alice Herrmann] à Cette ce serait autre chose, mais elles risquent d’être permises moins que jamais.
D’ailleurs tout est subordonné à la date de cette prochaine permission et je renonce à faire des conjectures.
Ne t’en fais pas pour moi d’ailleurs. Le P.C. du colonel est à 6 kil. des lignes nous pouvons manger, dormir et nous laver. Décidement ce n’est pas très glorieux d’être officier télephoniste.
J’espère qu’Hugo [Ekelund] pourra venir vous rejoindre quelques jours à La Salvetat.
Tu parles de grosses chaleurs. Ici c’est fini. Il fait un temps frais et agréable pour circuler sur l’immense plateau boisé où nous nous battons.
Je finis ma lettre avec mon masque sur le nez les boches venant de lancer quelques obus d’un gaz d’ailleurs assez inofensif. Le nouveau masque est d’ailleurs assez commode pour nous permettre de continuer notre correspondance où de lire des romans.
dimanche 2 septembre 2018
Début septembre 1918 – Une "vie facile"...
L’artillerie ennemie est devenue maintenant beaucoup plus meurtrière car les Allemands emploient des obus à fusées instantanées. Au lieu de faire de profonds cratères ces derniers font de petits entonnoirs gros comme le poing, mais leurs éclats sont plus nombreux et la gerbe en est plus étendue.
J’ai plus d’appréhension qu’autrefois lorsqu’il faut sortir des abris. Je prends sans doute des réflexes d’officier d’Etat-major et je ne suis pas très fier de moi.
Un bon souvenir de cette période de progression est une nuit silencieuse où je me suis couché et endormi à la belle étoile à côté d’un buisson de menthe. Cela faisait heureusement diversion à la puanteur des caves et des abris et dissipait un peu notre odeur de fauve ou de chien mouillés, car nous restons des semaines sans pouvoir nous laver.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )Zone d'Ercheu, 2 septembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman,
Je ne veux plus parler de relève ni de permission. Crois bien que moi en tout cas, je ne suis pas à plaindre, ce sont les poilus qui ont la vie dure. Nous, nous avons des caves spacieuses où la vie est facile, le sommeil facile, la nourriture abondante. Les boches ont décidemment l’air de nouveau bien accrochés devant nous.
Tenez-moi au courant de vos projets.
Source : coll. La contemporaine Le JMO indique que les 2 et 3 septembre 1918, le 132ème RI se trouve dans la zone d'Ercheu. |