jeudi 31 mai 2018

Einville (Meurthe-et-Moselle), 31 mai 1918 – Jean à sa mère

Source : collections BDIC
31/5/18

Ma chère Maman

Quand tu reçois mes lettres en deux jours, c’est que je les écris le matin de bonne heure avant le depart du courrier. Celle-ci t’arrivera vite probablement. Je ne savais pas du tout l’accident d’Henri Arnaud [un cousin éloigné, côté Benoît].

Tu as bien raison de profiter du théatre si tu peux.

Ici le calme est à peu près revenu. Hier je suis allé voir le 132e, le village [Valhey, à 3 km d’Einville] qui avait été un peu bombardé ces derniers jours a repris sa petite allure paisible.

Hier j’avais un peu le cafard à cause des mauvaises nouvelles des radios, nous finirons bien par nous racrocher, mais c’est humiliant de voir les boches reussir chaque coup. Enfin !

Tendresses
Jean

mardi 29 mai 2018

Einville (Meurthe-et-Moselle), 29 mai 1918 – Jean à sa mère

29/5/18

Ma chère Maman

Tante Fanny [Busck, née Benoît] t’aura donné de mes nouvelles. Le fanion est vraiment bien. [Ange] Le Hégarat était ravi.

Chez nous le front est moins agité, mais ce qui se passe ailleurs est vraiment impressionnant.

Tu as tord de te réjouir de me voir à l’Infanterie. Ce n’est vraiment pas amusant de changer de situation tous les 8 jours. D’autre part le colonel [Adrien] Perret voyant qu’il ne peut plus compter regulièrement sur moi puisque l’I.D. me réclame de temps en temps, pense à chercher un autre officier téléphoniste. Je suis assez embêté mais je laisse les évenements se dérouler.

Bien affectueusement
J. Médard

lundi 28 mai 2018

28 mai 1918 – JMO de l’Infanterie divisionnaire de la 56ème DI


JMO de l'infanterie divisionnaire de la 56ème D.I. - 28 mai 1918

JMO de l'infanterie divisionnaire de la 56ème D.I. - 28 mai 1918


dimanche 27 mai 2018

27 mai 1918 – JMO de l’Infanterie divisionnaire de la 56ème DI

JMO de l'infanterie divisionnaire de la 56ème D.I. - 27 mai 1918

samedi 26 mai 2018

Einville (Meurthe-et-Moselle), 26 mai 1918 – Jean à sa mère

Source : collections BDIC
26/5/18

Ma chère Maman

Je viens de recevoir ta bonne lettre et celle de Suzon ; voilà le modèle de plaque demandé. Ton bonhomme avait raison. Il ne faut pas de n° de regiment, mais le matricule de recrutement. Tu n’as qu’à faire copier textuellement.

Ce matin bon petit culte de [Louis] Guilliny ; nous étions une dizaine ; cette après midi visite d’Autrand1 aumonier du 15e Corps. Je n’avais jamais tant vu d’aumoniers. Vu Hervé [Leenhardt] partant en permission. Il parait que son frère [Alain] ne va pas mieux.

Très affectueusement
J. Médard
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1 Pasteurs de France mentionne trois pasteurs Autrand (que Jean orthographie ici "Autran") : outre Joseph (1847-1929), que Jean avait d'ailleurs rencontré à Avignon début 1915 et qui est trop âgé pour être mobilisé, deux de ses fils sont également pasteurs : Georges (1880-1957) et Jean (1878-?). Sans le prénom, il est difficile de savoir lequel est l’aumônier rencontré par Jean le 26 mai.

vendredi 25 mai 2018

25 mai 1918 – JMO de l’Infanterie divisionnaire de la 56ème DI

JMO de l'infanterie divisionnaire de la 56ème D.I. - 24 au 26 mai 1918

jeudi 24 mai 2018

Einville (Meurthe-et-Moselle), 24 mai 1918 – Jean à sa mère

Source : collections BDIC
24/5/18

Ma chère Maman

Rien de bien interessant à te raconter. L’Etat-Major et le 1r bataillon du régiment sont au repos ici, et je m’échappe souvent du bureau pour passer quelques minutes avec mes camarades. Parmis les officiers nouveaux-venus au 132e j’ai découvert le frère d’un de mes amis de faculté [Paul] Laffay1, missionnaire en Nouvelle Calédonie qui a été tué à Salonique il y a quelque temps. Ça a l’air d’un très chic type. Il a un autre frère [Pierre Laffay] aspirant au regiment que je ne connais pas encore.

Le Gall pense voir aboutir bientôt sa demande de passage dans l’aviation.

Bien des choses affectueuses à tous les hôtes de la Villa [les Busck, famille de la tante de Jean, habitaient villa Svéa, à Mazargue, près de Marseille].

Tendrement à toi
J. Médard
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1 La fiche MPF de Paul Laffay indique qu’il est mort à Monastir, en Serbie. Monastir est l’actuelle Bitola, en Macédoine, située à 220 km de Salonique (Thessalonique).

Paul Laffay avait six frères. Deux d'entre eux étaient donc au 132ème RI. Bien que Jean ne mentionne pas leurs prénoms, on sait que l'un d'eux était Pierre (1898-1918) car il allait être tué en août et sa fiche Mort pour la France est sur Mémoire des hommes; et grâce au site Généanet de Françoise Benjamine Laffay, on sait que l'autre était Timothée (1891-1945). Comme Pierre était aspirant, il semble vraisemblable que celui rencontré par Jean en mai 1918 ait été Timothée.

mercredi 23 mai 2018

23 mai 1918 – JMO de l’Infanterie divisionnaire de la 56ème DI

JMO de l'infanterie divisionnaire de la 56ème D.I. - 23 mai 1918

mardi 22 mai 2018

Einville (Meurthe-et-Moselle), 22 mai 1918 – Jean à sa mère

22/5/18

Ma chère Maman

Un mot très à la hâte avant le départ du courrier. Hier j’ai quand même pu passer quelques bonnes minutes avec Hervé et Gilbert [Leenhardt] qui se sont retrouvés ici. Ils sont sur le point de partir en permission. Leur petit frère Alain [né en 1911] a été extremement malade. La rougeole qu’il avait quand je suis passé à Montpellier avait tourné à la méningite et il était condamné par Rauzier1. Il a l’air de s’en tirer2.

Affectueusement
J. Médard
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1 Jean écrit Rozier. Il s’agit de Georges Rauzier (1862-1920), professeur à la faculté de médecine de Montpellier.
2 Il a effectivement vécu jusqu’en 1981.

lundi 21 mai 2018

21 mai 1918 – JMO de l’Infanterie divisionnaire de la 56ème DI

JMO de l'infanterie divisionnaire de la 56ème D.I. - 21 mai 1918

dimanche 20 mai 2018

Einville (Meurthe-et-Moselle), 20 mai 1918 – Jean à sa mère

20/5/18

Ma chère Maman

Source : collections BDIC

Hier je ne me suis pas arreté au P.C. du régiment [donc auprès du colonel Perret] comme il avait été entendu d’abord, ou plutôt je ne m’y suis pas arrêté longtemps. Pendant le déjeuner j’ai reçu par message téléphonique l’ordre de me rendre à l’Infanterie Divisionnaire [donc à Einville, auprès du colonel Biesse] pour remplacer le capitaine [Louis] de Ronseray pendant sa permission. Le régime y est infiniment plus doux qu’autrefois [sous-entendu : depuis le départ du colonel Maurel], et ces quelques jours ne seront pas penibles.

[Frank] Suan est ici pour quelques heures encore. Je l’ai vu hier.

Mlle [Léo] Viguier part pour l’Amérique où John Mott l’a invité à venir se reposer1.

Tendrement
J. Médard
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1 Rappel Léo (Léonie, en fait) Viguier, avant-guerre secrétaire de Charles Grauss, le secrétaire général de la Fédération française des associations chrétiennes d’étudiants, a eu pendant la guerre un rôle essentiel de lien entre les membres mobilisés de la Fédé. John Mott (1865-1955) était un Américain dirigeant de la YMCA (Young men christian association) et de la Fédération universelle des associations chrétiennes d’étudiants. Futur prix Nobel de la paix.

samedi 19 mai 2018

Fin Mai 1918 – A l’infanterie divisionnaire de la 56ème DI

Mais désormais mes séjours en ligne ne seront jamais bien longs. Je suis rappelé à l’Infanterie divisionnaire à Einville pour remplacer un officier permissionnaire.

Source : collections BDIC

Nous sommes péniblement impressionnés par le succès des dernières offensives allemandes vers Compiègne et Château-Thierry.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

vendredi 18 mai 2018

Bois de Bénamont (Meurthe-et-Moselle), 18 mai 1918 – Jean à sa mère

18/5/18

Ma chère Maman

Je lache le père la Bataille [le capitaine Dufour] qui raconte ses exploits, comme par hasard, pour te donner de mes rapides nouvelles. Je retourne demain pour quelques jours auprès du colonel [Adrien Perret] pour remplacer Le Gall qui va faire un stage dans l’aviation.

Hier Hervé [Leenhardt] est venu me faire ses adieux, il quitte sa batterie pour A.D/artillerie divisionnaire/ ; il a falu qu’un des deux frères se dévoue.

Il fait très chaud. J’ai demandé à Suzon de m’envoyer mon costume de toile.

Très affectueusement
J. Médard

jeudi 17 mai 2018

17 mai 1918 – Toujours rien à signaler

JMO du 132ème R.I. - 17 mai 1918

mercredi 16 mai 2018

Bois de Bénamont (Meurthe-et-Moselle), 16 mai 1918 – Jean à sa mère

16/5/18

Ma chère Maman

Une petite photo qui t’amusera ; c’était un Dimanche avant que nous montions en secteur, un match de foot-ball entre les équipes de deux bataillons du régiment. Nous sommes tous très interessés par les péripéties de la lutte. [Cf. lettre du 16 avril 1918.]

Maintenant nous continuons notre vie d’hommes des bois, nous vivons dans des petites baraques très confortables. Je pousse le rafinement jusqu’à me mettre en chemise de nuit dans mon sac de couchage. C’est un veritable camping.

Je vois beaucoup Gilbert [Leenhardt]1 qui est mon voisin. Hier nous avons consacré l’après-midi lui et moi à une visite à Hervé [Leenhardt]. Au retour j’ai trouvé une carte d’oncle Eugène [Leenhardt] m’annonçant des nouvelles de Guy [Leenhardt], prisonnier et légerement blessé. Je l’esperais beaucoup, mais c’est un grand soulagement de voir cet espoir confirmé.

Il fait un temps splendide.

Le taux des permissions est remonté à 8 pour 100 ; si ce régime continue je puis esperer revenir dans deux mois.

J’ai reçu hier ta première lettre. La campagne doit etre delicieuse. Il me semble que j’en respire les parfums car je t’ecris le nez à moitié plongé dans un bouquet de muguet.

Bonnes nouvelles de Léo Viguier toujours très fatiguée.

Tendresses pour toi et les Mazargais2.
Jean
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1 Gilbert Leenhardt (1895-1978). Frère d’Hervé Leenhardt, tous deux cousins issus de germains de Jean.
2 Rappel : la famille de la tante maternelle de Jean, Fanny Benoît ép. Busck, demeurait à Mazargue, près de Marseille. La mère de Jean, dont les lettres de cette période ne semblent pas avoir été conservées, devait donc y séjourner en mai 1918.

mardi 15 mai 2018

Mi-mai 1918 – Un secteur « calme »

JMO du 132ème R.I. - 9 au 15 mai 1918

lundi 14 mai 2018

Bois de Bénamont (Meurthe-et-Moselle), 14 mai 1918 – Jean à sa mère

14/5/18

Ma chère Maman,

Hier matin j’ai dormi ; hier après-midi nous avons couru le pays [Marcel] Simonin et moi ; en fin de journée nous avons échoué à la batterie de Gilbert [Leenhardt] qui est voisine de notre bois.

Source : collections BDIC

Gilbert est venu diner avec nous et la soirée a été très gaie. Il est décidement tout à fait gentil et fraternel. La vie ds les bois est charmante à cette heure nous avons rempli nos chambres de lilas et de muguet.

Tendresses
Jean

dimanche 13 mai 2018

Bois de Bénamont (Meurthe-et-Moselle), 13 mai 1918 – Jean à sa mère

Source : Archives municipales de Lyon
13/5/18

Ma chère Maman

Je viens de rejoindre mon régiment après quelques journées bien remplies. Toutes ces nuits en chemin de fer n’ont pas été fatigantes, j’ai dormi tout le temps.

A Lyon j’ai trouvé [Daniel] Loux et j’ai passé avec lui quelques heures delicieuses. Il est content de son eglise et de son sort. Il a malheureusement du partir vers 3 heures, devant prêcher le lendemain matin mais la journée s’est heureusement terminée par une séance de la Féderation.

J’ai trouvé là Mlle Marion, la fiancée de [Pierre] Lestringant, Mlle Stahl qui porte le deuil de son fiancé [Jean] Fontaine-Vive ; cette dernière est volontaire1 depuis quelques jours. Je ne te parle pas de l’acceuil chez les Zinck2 qui est toujours extremement familial.

A Paris je suis allé m’inviter à dejeuner chez Suzanne de Dietrich en sortant de la gare, nous sommes allés ensemble à l’Oratoire où j’ai manqué [Albert] Léo, par contre une grosse dame flanquée de deux garçons m’a sauté au cou, c’était Evodie Roland [née Julien, fille de Louis Julien et Lydie Perrineau, amis de la paroisse protestante de Sète].

Dejeuner fraternel et substantiel malgré ce que peut dire cette mauvaise langue de Lili Kellermann. Visite à Wilfred [Monod], à Mme Monnier. Vers 3 heures j’ai pu accrocher [Albert] Léo chez lui et nous avons fini la journée ensemble à la rue de Vaugirard où nous avons trouvé quelques lycéens à qui le congrès a fait beaucoup de bien. Diner rapide chez Suzanne de Dietrich, elle et son amie Jeanne Bohin m’ont accompagné à la gare.

J’ai pu rejoindre ma compagnie facilement, en auto jusqu’au régiment. J’ai dejeuné à la popote du colonel [Adrien Perret]. La compagnie n’est pas en ligne, mais en réserve dans des bois très verts, pleins de fleurs et d’oiseaux. Nous avons dej et dit un mot à la Madeleine qui est excellente.

Profite de ton séjour à Marseille. Affectueux messages aux Mazarguais.

Tendrement à toi
J. Médard

A Paris quelques tristes nouvelles ; mort de 3 étudiants de la fac dont John Bost, le fils d’Henri Bost de La Force. Westphal3 a été très grièvement blessé, il a perdu un œuil.

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1 C’est-à-dire membre du groupement des « volontaires du Christ ».
2 Jean écrit « Zink », mais l’orthographe est plus vraisemblablement « Zinck ».
3 Bien que le prénom ne soit pas mentionné, il s’agit selon toute vraisemblance de Charles Westphal (1896-1972), ami de la Fédé et futur cousin (éloigné) de Jean par son mariage à venir (en 1922) avec Denise Leenhardt : sa bio sur le site du Musée virtuel du protestantisme mentionne en effet qu'il a été grièvement blessé deux fois.

samedi 12 mai 2018

12 mai 1918 – Retour de permission

A mon retour, ma compagnie, après un séjour en 1ère ligne, est de nouveau en réserve, dans un bois cette fois.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )