13/5/18
Ma chère Maman
Je viens de rejoindre mon régiment après quelques journées bien remplies. Toutes ces nuits en chemin de fer n’ont pas été fatigantes, j’ai dormi tout le temps.
A Lyon j’ai trouvé [Daniel] Loux et j’ai passé avec lui quelques heures delicieuses. Il est content de son eglise et de son sort. Il a malheureusement du partir vers 3 heures, devant prêcher le lendemain matin mais la journée s’est heureusement terminée par une séance de la Féderation.
J’ai trouvé là Mlle Marion, la fiancée de [Pierre] Lestringant, Mlle Stahl qui porte le deuil de son fiancé [Jean] Fontaine-Vive ; cette dernière est volontaire1 depuis quelques jours. Je ne te parle pas de l’acceuil chez les Zinck2 qui est toujours extremement familial.
A Paris je suis allé m’inviter à dejeuner chez Suzanne de Dietrich en sortant de la gare, nous sommes allés ensemble à l’Oratoire où j’ai manqué [Albert] Léo, par contre une grosse dame flanquée de deux garçons m’a sauté au cou, c’était Evodie Roland [née Julien, fille de Louis Julien et Lydie Perrineau, amis de la paroisse protestante de Sète].
Dejeuner fraternel et substantiel malgré ce que peut dire cette mauvaise langue de Lili Kellermann. Visite à Wilfred [Monod], à Mme Monnier. Vers 3 heures j’ai pu accrocher [Albert] Léo chez lui et nous avons fini la journée ensemble à la rue de Vaugirard où nous avons trouvé quelques lycéens à qui le congrès a fait beaucoup de bien. Diner rapide chez Suzanne de Dietrich, elle et son amie Jeanne Bohin m’ont accompagné à la gare.
J’ai pu rejoindre ma compagnie facilement, en auto jusqu’au régiment. J’ai dejeuné à la popote du colonel [Adrien Perret]. La compagnie n’est pas en ligne, mais en réserve dans des bois très verts, pleins de fleurs et d’oiseaux. Nous avons dej et dit un mot à la Madeleine qui est excellente.
Profite de ton séjour à Marseille. Affectueux messages aux Mazarguais.
Tendrement à toi
J. Médard
A Paris quelques tristes nouvelles ; mort de 3 étudiants de la fac dont John Bost, le fils d’Henri Bost de La Force. Westphal3 a été très grièvement blessé, il a perdu un œuil.
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1 C’est-à-dire membre du groupement des « volontaires du Christ ».
2 Jean écrit « Zink », mais l’orthographe est plus vraisemblablement « Zinck ».
3 Bien que le prénom ne soit pas mentionné, il s’agit selon toute vraisemblance de Charles Westphal (1896-1972), ami de la Fédé et futur cousin (éloigné) de Jean par son mariage à venir (en 1922) avec Denise Leenhardt : sa bio sur le site du Musée virtuel du protestantisme mentionne en effet qu'il a été grièvement blessé deux fois.