Source : JMO du 132ème RI - 28, 29 et 30 novembre 1918 |
Première guerre mondiale (1914-1918). Lettres de Jean Médard.
vendredi 30 novembre 2018
jeudi 29 novembre 2018
Bischwiller, 29 novembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman,
Vie très agréable à Bischwiller, mais deja on parle de repartir. Je suis invité presque tous les jours chez des parents de tante Anna.
Hier je suis allé en auto à Strasbourg. Je ne t’écris pas plus longuement. J’ai un courrier extremement en retard.
Ma permission approche.
mercredi 28 novembre 2018
28 novembre 1918 – Rencontres à Strasbourg
A Strasbourg, j’ai retrouvé Suzanne de Dietrich1, Jeanne Bertsch2, cousine de tante Anna, Melle Emma Herrmann, cousine de Jacques Herrmann. Elle est très française, elle a un frère [Gustave] et une sœur [Lina] qui ont émigré en France depuis longtemps. Mais un autre frère [Frédéric] est devenu fonctionnaire allemand et a épousé une Allemande [Louise Garth]3. L’Alsace toute entière est à l’image de cette famille déchirée.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )mardi 27 novembre 2018
Bischwiller, 27 novembre 1918 – Jean à sa mère
(Je reprends ma lettre interrompue hier où je l’avais laissée).
Entrée des soldats français à Bischwiller le 23 novembre 1918 Source : Notre Famille (site communes.com) |
Nous avons commencé la journée sur le balcon d’un boche d’où l’on voyait admirablement le defilé et nous l’avons fini en farandoles et rondes autour de la statue de Kléber et par les rues avec une Alsacienne sous chaque bras. Tout le monde finit par être un peu gris, gris d’enthousiasme – c’est tellement extraordinaire cet acceuil.
Pense que toutes les maisons alsaciennes – et elles sont nombreuses – à Strasbourg et dans le moindre village sont pavoisées de drapeaux tricolores. Et ça represente une somme incalculable d’ingéniosité. Si les femmes ont encore les mains noires c’est qu’elles ont teint en secret leurs draps en bleu et en rouge pour pouvoir faire des drapeaux.
Défilé à Strasbourg le 25 novembre 1918 Source : Picclick - CPA |
Quand aux boches ils sont tellement plats qu’ils ont souvent voulu pavoiser aussi à nos couleurs. Mais les Alsaciens ne l’ont pas permis et les alsaciens eux-mêmes ont arraché les drapeaux.
Mais avec tout ça je ne t’ai pas encore parlé de Bischwiller.
Nous y sommes arrivés hier soir, venant de Brumath, après avoir defilé ds Haguenau [le 26 novembre] – encore un beau souvenir.
Entrée des soldats français à Bischwiller le 23 novembre 1918 Source : Notre Famille (site communes.com) |
Je t’ai parlé de mes hôtes qui sont touchants. On ne peut plus compter les attentions. Ce matin j’ai fait connaissance de la famille de tante Anna, Mr et Mme Alfred Bertrand et leur fils, Mme Hirsch, Melle Anna Schmidt1, un jeune Mr Bost et sa jeune femme. Je les ai vu à la mairie où les notabilités nous ont reçu. On a bu, on a pleuré, on a chanté la Marseillaise.
Les dames de la ville ont remis au colonel un don de 1000 marks pour les veuves du 132e.
Puis je suis allé chez les A. Bertrand. Lucien [Benoît, le fils de tante Anna] nous a rejoint. On nage dans la joie. Pour comble de bonheur, j’ai enfin été présenté à un pasteur très français. Trois des pasteurs de Bischwiller sur 4 sont français2.
Je te quitte. Autrement cette lettre ne partirait encore pas aujourd’hui.
lundi 26 novembre 2018
Bischwiller, 26 novembre 1918 – Jean à sa mère
Verso de la lettre écrite par Jean le 26 novembre 1918 à Bischwiller sur papier en-tête de la manufacture de draps Goellner & Hirsch, membres de la famille de "tante Anna". |
Ma chère Maman
Je t’abandonne un peu, mais c’est moins grave maintenant que tu es rassurée à mon sujet. J’espère que je pourrai être plus régulier à partir d’aujourd’hui car notre existence vagabonde semble prendre fin. Et nous nous fixons, devines où ? A Bischwiller dont j’ai entendu parler chez tante Anna pendant toute mon enfance1. Je loge chez une mère de la 2me Mme Louis Schwebel, qui s’appelle Mme Goellner ou Mme Hirsch, je ne sais pas très bien encore2. Nous venons à peine d’arriver et je reprend mon journal là où je l’ai laissé il y a 3 ou 4 jours.
Le lendemain [23 novembre] je me suis rapproché de Strasbourg – à 6 kil [à Vendenheim, cf. le JMO]. Toujours le même acceuil enthousiaste de la population et toujours pour moi la petite déception de trouver un pasteur rien moins que francophile – celui-là valait d’ailleurs beaucoup mieux que l’autre malgré les moustaches à la Guillaume. Il m’a reçu d’une manière absolument paternelle, et l’on pourra peut-être en faire quelque chose.
Le lendemain [24 novembre] à Brumath, on ne m’a heureusement pas logé chez le pasteur, car ce dernier était non seulement boche de sentiment, mais de race. Tu vois que ça devient humiliant. A Brumath nous sommes restés deux jours. Le premier jour revue de Pétain, defilés, acclamations, bals, musique, enfin toute la lyre.
Le deuxième jour, hier [25 novembre 1918], nous nous sommes echappés à Strasbourg. Nous n’avons vu que très peu la ville, mais nous avons vu la joie de toute une population. C’est inimaginable.
Défilé à Strasbourg le 25 novembre 1918 Source : Picclick - CPA |
26 novembre 1918 – Le 132 à Bischwiller, “patrie” de tante Anna
Bischwiller Source : Généanet |
Le 132 prend finalement ses cantonnements à Bischwiller, la patrie de ma tante Anna. Je suis reçu par les membres de sa famille comme un parent. Malgré les restrictions sévères qu’a connues ce pays, le beurre est sorti de partout. On nous bourre de Kugelhofs.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )dimanche 25 novembre 2018
Fin novembre 1918 – Accueil enthousiaste à Brumath et Haguenau
Il [l’enthousiasme de la foule] ne se démentira pas dans les villes suivantes à Brumath [les 24 et 25 novembre, indique le JMO], à Haguenau [le 26 novembre], à Strasbourg.
Entrée du 132ème RI à Haguenau le 26 novembre 1918 (Jean Médard est là, quelque part, parmi les hommes de son régiment…) Source : coll. La contemporaine |
Entrée du 132ème RI à Haguenau le 26 novembre 1918 (...peut-être est-lui, à cheval devant les cyclistes, puisqu'il était l'officier en charge des liaisons) Source : coll. La contemporaine |
Partout fanfares, drapeaux, acclamations, fleurs, baisers.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )samedi 24 novembre 2018
vendredi 23 novembre 2018
Fin novembre 1918 – Mathilde à son fils
je d’en recevoir ! mais tu parles d’une maison brûlée par vous dans le village que vs avez quitté. Est-ce accident ? est-ce par ordre ?
Je vs vois avec joie prendre la route de nos belles Vosges et j’en suis ravie pour toi. Quelle triomphale entrée. Ah ! que ne paierais-je pas pour te voir à la tête de ce beau régiment portant fièrement notre drapeau. Il me semble que je défaillerai. Sais-tu que je suis fière, bien fière d’une distinction pareille. N’est-ce pas le plus méritant à qui l’on réserve cet honneur ? J’en ai ce soir le cœur tout battant. Et je me répète sans cesse pr que ma reconnaissance soit infinie. Se peut-il que mon fils me revienne avec les deux yeux, les deux bras et les deux jambes. Oh que Dieu est bon.
Mais je t’en prie raconte moi maintenant et fidèlement ces belles pages de ta vie militaire, elles sont des plus intéressantes.
Je vais coucher mes petits et ne puis en dire plus ce soir. Je te dirais si je le sais à l’avance le moment ou je quitterai.
Merci d’avoir écrit à Mme Scheurer pr Rudy, malheureusement il a quitté cette région et se trouve maintenant dans les Doubs. Sa dernière lettre est timbrée de Pont de Borde Doubs.
Ns avons été ce matin voir
jeudi 22 novembre 2018
Wintzenheim, 22 novembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Nous faisons un voyage à travers l’Alsace qui est une vraie marche triomphale. J’aimais l’Alsace et je la defendais ; bien souvent dans les diverses popotes que j’ai fait j’ai rompu des lances avec des camarades qui prétendaient qu’elle était germanisée ; je soutenais au contraire qu’elle était restée profondément française. Mais vraiment la réalité a depassé le rêve. Jamais je n’aurai pu croire à un enthousiasme pareil.
Hier nous avons franchi les Vosges au sud de Saverne, je ne te parle pas du pays qui est splendide, les joies esthétiques sont passées au deuxième plan. L’évenement de la journée a été notre arrivée à Marmoutier où nous avons passé la nuit. Les discours du maire, du curé, du géneral, ça c’est le protocole, mais l’acceuil de la population c’est du spontané et c’est inexprimable.
Les jeunes filles étaient presque toutes en costume national ; à l’arrivée elles nous ont fleuri et embrassé. Après diner tout le monde était à la retraite, et il fallait voir l’entrain des poilus malgrès les 30 kil. qu’ils avaient dans les jambes. Nous avions tous une alsacienne à chaque bras, et nous dansions et chantions derrière la musique. C’est tout juste si nous n’avons pas entrainé le general lui-même dans une farandole echevelée.
Toutes les fusées avaient été réquisitionnées et elles n’étaient pas habituées à ça, elles qui éclairaient autrefois de leur lueur cinéraire des champs d’entonnoirs et des arbres déchiquetés. Nous nous sommes bien amusés. On est vraiment grisé par toute cette sympathie.
Aujourd’hui nous sommes arrivés ds un village.
C’est un acceuil moins solemnel que celui de la ville mais aussi émouvant. Et toujours toutes les femmes en costume qui leur va si bien, et puis des phrases comme celle-ci : « Soyez le bienvenu dans cette maison, il y a 47 [ans] qu’aucun officier n’y a mis les pieds. » ou bien sur le passage ds un village une vieille femme à sa fenêtre qui pleure et qui a suspendu à coté d’elle le portrait de son mari, officier de chasseur ; puis les gosses – et ils sont nombreux – qui nous courrent après en criant « Vive la France, M…… la Prusse », avec un accent inimitable.
Les boches on ne les voit pas ou quand on les voit ils sont plats comme des punaises.
Ce qu’on rencontre souvent se sont des jeunes gens en costume militaire boche, des alsaciens libérés ou deserteurs, regagnant leurs villages couverts de cocardes tricolores. Mais ça, ça nous serre le cœur. On ne s’est pas fait encore à ce costume là, malgré les cocardes même porté par des alsaciens.
Un détail aussi : les fonctionnaires ne sont pas à l’unisson. Ils étaient trop gatés par le régime boche. J’ai peur que nous ayons de la peine à ralier les instituteurs, pasteurs et curés.
Aujourd’hui, je loge chez un pasteur qui pratique admirablement les vertus de l’hospitalité, mais qui manque absolument de cordialité. Sa maison est une des seules du village qui ne soit pas pavoisée. J’avoue que je suis un peu vexé. (Par contre, le chauffage et l’éclairage ne laissent rien à desirer.)
mercredi 21 novembre 2018
21 novembre 1918 – Entrée du 132ème RI en Alsace
Source : coll. La contemporaine |
Le 21 nous franchissons les Vosges au sud de Saverne, vers Dabo et arrivons à Marmoutier. C’est une entrée triomphale. Après les discours officiels, les jeunes filles en costume régional nous embrassent et nous fleurissent. Le soir ce sont des farandoles derrière la musique du régiment et des feux d’artifice. Les fusées éclairantes qui s’allumaient autrefois sur des champs d’entonnoirs sont utilisées maintenant pour égayer la fête. L’enthousiasme de la foule est inimaginable.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )mardi 20 novembre 2018
Hommert, 20 novembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Les courriers ont du retard. J’ai enfin reçu aujourd’hui ta lettre du 11. Tu te disais toujours sur le point de rentrer à Cette, c’est là que je continue à t’écrire. Je pense qu’on te téléphonera mes cartes.
L’acceuil continue à être délirant, mais c’est deja plus difficile de se faire comprendre, car on ne parle plus Français par ici. Demain nous franchirons les Vosges au sud de Saverne.
lundi 19 novembre 2018
dimanche 18 novembre 2018
samedi 17 novembre 2018
Sainte Pôle, 17 novembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Nous continuons à user nos semelles sur les belles routes de Lorraine. Nous avons deja fait plus de 100 kil. depuis notre depart de la région de Mirecourt.
Aujourd’hui le plus beau jour de la campagne :
Nous avons fait notre entrée en Lorraine annexée. Très peu de troupes étaient deja passées. Les habitants du village où nous cantonnons sont venus à notre rencontre jusqu’à la frontière, drapeau en tête, les vieux de 70 avec leurs médailles, le maire, le curé, etc. A notre arrivée les cloches se sont mises à sonner. Les poilus sentaient la grandeur du moment et ont défilé d’une façon magnifique au son de Sambre et Meuse, le Chant du Depart et la Madelon.
Source : ECPAD (La Moselle dans les collections de l'ECPAD) (photo publiée sur le site du Centenaire) |
J’avais le privilège de porter le drapeau du régiment. Quand les honneurs lui ont été rendus, je l’ai rentré comme après chaque étape dans la chambre du colonel, l’hotesse l’a embrassé au passage. Dans ma chambre, j’ai trouvé un bon feu.
Dans 2 ou 3 jours nous passerons en tête des troupes d’occupation de la région, nous entrerons alors en Alsace et d’après de tuyaux qui ont l’air assez serieux, nous nous dirigerions vers la patrie de tante Anna, vers Bischwiller.
Je t’en raconte plus que ce que je t’en ai jamais raconté, mais je pense que la censure se relache un peu.
Vu très rapidement Hervé [Leenhardt] cet après-midi.
Nous vivons des heures assez fatigantes mais bien douces.
Les courriers ont beaucoup de retard et sont très irréguliers. Rien de toi depuis longtemps.
17 novembre 1917 – Entrée en Lorraine
Le 17 nous franchissons la frontière et faisons notre entrée en Lorraine annexée, près de Sarrebourg. Je suis porte-drapeau. L’accueil de la population civile est enthousiaste.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )Marseille, 17 novembre 1918 – Mathilde à son fils
Mon chéri
On avait ce matin confié les enfants à une femme de ménage pr que je puisse aller au temple assister au service d’action de grâce presidé par Mr Bruguière. C’était magnifique et poignant. Boudouresque1 a chanté Gloire à la France immortelle Gloire à ceux qui sont morts pr elle. Il y avait des sanglots dans l’auditoire.
J’ai reçu en partant ta lettre du 11 que j’attendais avec une impatience fébrile. Mais enfin tu n’as pas du rester sans m’écrire du 6 au 11 et alors ? Je n’ai plus de nouvelles de toi et chaque courrier apporte une déception. Cependant maintenant on n’a plus de droit de s’inquiéter.
Hélas – il y en a encore qui succombent de la grippe à cette heure ou l’on voudrait vivre. Ceux du moins qui ont tant lutté et souffert.
Ta lettre du 11 est bien intéressante. Quelle journée lumineuse inoubliable. Quelle fête du cœur et de l’âme.
On parle autour de moi. [Édouard] Picard arrive. Je ne sais plus ce que je dis. Je pense à toi. Je comprends l’Espérance qui gonfle ton cœur.
J’espère que les parents vont bientôt parler à A. [Alice Herrmann].
Ta tante a reçu ta lettre. Tu aurais pu dire un mot de ce qu’oncle Axel a fait pour nous. Tu es a temps.
vendredi 16 novembre 2018
jeudi 15 novembre 2018
Domèvre-sur-Durbion, 15 novembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
Je n’ai pas le courage de t’écrire longuement, nous venons de faire une longue étape et je suis complètement abrutti, je viens de m’endormir sur une lettre à écrire.
Nous marchons vers l’est. Nous sommes passés aujourd’hui près d’Epinal. J’avais l’honneur d’être porte-drapeau.
Nous avons mis le feu à une maison avant de quitter le delicieux village où nous avons passé ces derniers jours.
Marseille, 15 novembre 1918 – Mathilde à son fils
Mathilde à Jean Médard, 15 novembre 1918 Sur papier en-tête de la compagnie Axel Busck |
Mon aimé
Voilà trois jours que je n’ai pu t’écrire, mon aimé, jamais ns n’avons été plus lointains qu’en ces jours de bonheur, un bonheur qui fait mal tant il est infini et prtant j’ai eu hier encore les plus effroyables angoisses.
C’était le 14 et ta dernière lettre datait du 3 !! affolée j’ai couru au bureau de Picard [Edouard Picard, mari de Jane Busck, une nièce de Mathilde] pr téléphoner à Cette. Hugo me répondit qu’il m’avait fait suivre une lettre du 6 ou tu disais que vs remontiez sur le front pr des attaques, le 7 et le 8. J’ai cru m’évanouir. Je suis rentrée à Svéa à l’état de loque, j’ai trouvé là ta lettre du 6 [lettre manquante] un peu incohérente il est vrai, mais que je ne comprends pas comme ta sœur. Tu parles d’embarquer le 8 mais il n’est pas question de front d’attaque et le 7 [lettre manquante également] au contraire a tout l’air d’être une journée de joie.
La fourragère ! Jaune et verte n’est-ce pas la medaille militaire que tes poilus doivent être heureux !
Enfin peu d’instants après j’ai reçu une depêche me disant que l’on avait de tes nouvelles depuis l’armistice. Mais mon cœur battait si fort que je croyais qu’il allait se briser. J’ai si peur de mourir subitement de toutes ces émotions avant d’avoir pu te serrer dans mes bras…. dans la victoire !!
Hier on a fait venir le médecin pour moi il n’a pas trouvé mon cœur malade, mais mon foie et m’a donné un petit traitement à suivre.
J’ai suivi tante Fanny en ville, Annie m’en ayant priée. Je t’écris du bureau pendant que ta tante écrit à son fils [Rudy] pour lui dire les démarches qu’elle fait appuyées par un colonel de leurs amis pour le faire revenir.
Dès que tu le pourras écris à ta tante avec ton cœur – parle-lui de ce que ton oncle a fait pour vous, pour m’aider à vous acheminer il ne faut pas l’oublier et cela lui fait plaisir. Elle est dans un état de desespoir navrant beaucoup plus affaissée et écrasée qu’aux premiers jours.
Je ne sais pr combien de temps je suis là encore. Suzie m’écrit qu’Émilie revient au bout du mois et amènera, si nous le voulons, une de ses amies de l’Ariège mais une fille qui n’a pas servi. J’attendrai peut être ce moment pr lui ramener les enfants.
Et maintenant ne peux-tu me dire où vs perchez ? où tu penses aller ? C’est affreux que cette attente de nouvelles qui n’arrivent jamais. Trois jours de plus pour venir de Cette. Mais tu m’es rendu plus rien n’est rien. Je bénis Dieu et j’adore et je suis prtant avec la légion de mères qui pleurent.
Je te serre sur mon cœur. Je voudrais le faire en réalité.
mercredi 14 novembre 2018
14 novembre 1918 – Dernier jour à Ville-sur-Illon
Nous ne nous attardons pas à Ville-sur-Illon. Par étapes nous remontons à pied vers le nord-est.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )mardi 13 novembre 2018
13 novembre 1918 – Albert Léo à Jean
Albert Léo à Jean Médard 13 novembre 1918 |
Mon cher Coco
C’est donc la fin, et tu es vivant, et tant d’autres aussi. J’aime mieux penser à cela qu’à la tristesse affreuse de ceux qui nous manquent ! C’est le Te Deum et non de De Profundis que je veux chanter aujourd’hui !
Que de belles heures j’ai passées avec mes soldats avant et pendant tout ce dénouement. Cela restera un lumineux souvenir, car il y avait à peine de pertes.
Et les Scheurer, quelle délivrance. Je suis près de Mézières. Je t’embrasse
lundi 12 novembre 2018
dimanche 11 novembre 2018
11 novembre 1918 – La postière de Ville-sur-Illon
Le 11 Novembre nous cantonnons à Ville-sur-Illon. La nouvelle de l’armistice est dans l’air. Je m’impatiente dans le bureau de poste du village parce que le téléphone fonctionne mal.
Ville-sur-Illon, le bureau de poste Merci à Colette Thivet, qui m'a communiqué cette carte postale. |
A 11 heures pourtant nous entendons sonner les cloches des villages voisins et la nouvelle nous est aussitôt confirmée par téléphone. La postière s’est mise à pleurer. Elle a perdu son fils quelques semaines plus tôt. Nous n’osons pas donner cours à notre joie.
L’après-midi la liesse est générale. Ville-sur-Illon possède une brasserie et le brasseur fait couler la bière à flots. Il y a du vent dans les voiles.
Source : JMO du 132ème RI - 11 novembre 1918 Le JMO, quant à lui, fait dans la sobriété... |
Quand le général Demetz, notre divisionnaire, arrive pour nous visiter, les officiers se demandent comment va tourner cette excitation. Il est acclamé. Tout est pour le mieux.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )
La
postière de Ville-sur-Illon
En
novembre 1918, la receveuse des postes de Ville-sur-Illon
s’appelait Marie Louise LOUIS.
Devenue
veuve en 1902, Marie Louise s’était remariée avec Léon Marie
LOUIS, qui décéda à Ville-sur-Illon le 2 mars 1913.
Née Marie Louise CAVAILLET à Bourges (Cher) en 1864, elle avait en premières noces épousé Paul Marie Charles HENRY. Le couple vivait à Passavant-la-Rochère (Haute-Saône), où monsieur HENRY était receveur des postes. De leur union est née le 19 mai 1897 une fille, Marguerite Camille. Après ce second veuvage, Marie Louise continua à résider à Ville-sur-Illon, avec sa fille. Et cette dernière y épousa, le 11 février 1918, Alcide Marcelin HENRY. (HENRY était donc à la fois son nom de jeune fille et son nom d’épouse.)
Ni
l’état-civil, ni les registres du recensement de
Ville-sur-Illon ne mentionnent l’existence d’un fils de Marie
Louise, que ce soit de son premier ou de son second mari. C’est
donc plus vraisemblablement son gendre que son fils qu’elle
pleurait en ce jour de l’armistice.
Marie
Louise LOUIS est morte à Ville-sur-Illon le 29 juin 1922.
Avec
mes très vifs remerciements à l’historienne
Colette
THIVET, qui a effectué toutes les recherches concernant Marie
Louise LOUIS et sa famille, et qui m’a envoyé un texte
récapitulatif
dont j’ai repris ci-dessus de larges extraits, ainsi que la carte postale ancienne illustrant ce billet.
(HF,
octobre 2018)
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Ville-sur-Illon, 11 novembre 1918 – Jean à sa mère
Ma chère Maman
J’entend d’ici le soupir que tu dois pousser. Quel enorme soulagement ce 11 novembre apporte au monde entier, et surtout aux femmes qui avaient un être cher sur le front. Je dois dire que pour les combattants c’est un fameux soulagement aussi.
Hier nous avons encore changé de cantonnement. Nous sommes arrivés par un beau clair de lune dans un village delicieux. Je puis bien te dire le nom maintenant que la censure postale ne doit plus exister – c’est Ville-sur-Illon près de Mirecourt.
Ce matin après une bonne nuit ds des draps – ce qui ne m’était pas arrivé depuis ma permission – nous avons trouvé le village sous pression. Sans le savoir, on attendait quelque chose. Puis un bruit s’est glissé, qui a pris corps peu à peu, puis les cloches se sont mises à sonner, les fenêtres se sont garnies de drapeaux, et des cris de joie sont montés de partout. « C’est vrai mon lieutenant ? » « Eh oui mon vieux c’est vrai. »
Après le déjeuner la musique a joué ds les rues et a porté l’allégresse à son comble. Je dois dire d’ailleurs que le pinard et la bière qui coulaient a flots y contribuaient pour leur part. C’est la seule tache de la journée. Les poilus sont tellement contents, il y a si longtemps qu’ils n’avaient pas retrouvé de villages et de civils, enfin ils ont fini par accumuler de telles sommes pendant la dernière periode de disette, que ce soir il y a du vent ds les voiles. Ce n’est pas grave d’ailleurs. Ils ont le vin gai et sympathique.
Je te quitte pour la retraite aux flambeaux.
Inutile de te dire que ma joie – très grande – n’est pas sans mélange – et que je pense plus que jamais à ceux qui ne sont plus là. Cette joie-là n’est pas faite seulement d’un sentiment de soulagement, elle est faite d’esperance.
Marseille, 11 novembre 1918 – Mathilde à son fils
Mon aimé
La voici l’heure de la belle, la grande victoire. Je ne puis croire à ce bonheur. Mon âme ardente de reconnaissance monte vers celui qui m’a dit : Ils reviendront du pays de l’ennemi il y a de l’espérance pr toi et il tient ses promesses !
Mon fils reviendra !! Tu peux t’imaginer mon fils ce que cette pensée me bouleverse de bonheur et pourtant cette maison où l’on devait être en liesse le jour d’aujourd’hui est sombre et triste et ns n’avons pas été en ville qui est parait-il dans le delire. Tout ce matin ns avons entendu l’écho de toute cette effervescence.
Les cloches ont carillonné à l’envie, les sirènes ont crié, le canon a tiré. Mais pr cette fois le bruit en était reconfortant et doux….
Ce soir grande illuminations [mot illisible] defiles, envoi de fleurs.
Une [mot illisible] est de ne pas savoir où te chercher, de ne pas savoir où tu te réjouis. Une ombre plane sur tout ce bonheur le souvenir de tous ceux qui ont donné leur sang pr cette victoire. Ceux qui sont tombés à la dernière heure ! quel affreux malheur. Que Dieu est bon de t’avoir ramené mon enfant chéri. Je puis mourir maintenant puisque je vis cette heure.
On dirait qu’Elna le comprend. Elle parle d’armistice, de victoire. Elle joint ses mains en disant : Merci Bon Dieu d’avoir gardé oncle Jean. Dis bon mère il revient ce soir oncle Jean ? Puis [mot illisible] oncle Jean revient tu sais je te le ferai voir il est beau oncle Jean et je l’aime.
Je t’embrasse éperdument. Pour cette fois n’en prend pas ombrage. Que Dieu te garde encore.
Elna dit qu’elle signe la paix.
"Elna dit qu'elle signe la paix" Lettre de Mathilde à Jean Médard, 11 novembre 1918 Rappel : Elna Ekelund était alors âgée de 3 ans, d'où ce tracé hasardeux... |
samedi 10 novembre 2018
Ville-sur-Illon, 10 novembre 1918 – Jean à sa mère
Ville-sur-Illon Source : Delcampe |
Ma chère Maman
Nous voici arrivés bien loin de notre point de depart, dans une region où les villages ont des maisons, les maisons des toits, et où les toits abritent des habitants. Nous sommes très à l’arrière des lignes. Ce voyage a été joyeux. Nous sentions que nous vivions des heures historiques et dans chaque gare on apprenait quelque heureuse nouvelle.
Ici petite deception de ne pouvoir se loger convenablement, le cantonnement étant deja occupé par d’autres. Mais tout ça va se tasser.
Je t’écris toujours à Cette, ne sachant où te trouver. En tous cas les Cettois pourront ouvrir mes lettres et te les téléphoner.
Pour les photo, je vais écrire à Reutlinger1 et je repasserai à un prochain passage à Paris, mais je n’ai pas son adresse. L’as-tu.
vendredi 9 novembre 2018
Marseille, 9 novembre 1918 – Mathilde à son fils
Mon aimé
Que d’angoisses encore ces derniers jours à ton sujet. Ah ! Si Dieu permettait que cette agonie prenne fin. Figure-toi que depuis le 30 je n’avais plus rien reçu de toi ! Malgré les nouvelles reçues de Gilbert [Leenhardt] du 1er j’étais ce matin complètement affolée et bouleversée. Je suis encore si nerveuse !
J’ai donc laissé les enfants aux soins d’Annie [Busck ép. Houter] et je suis partie en hâte pr le bureau de [Edouard] Picard [époux de Jane Bucsk, une nièce de Mathilde] afin de téléphoner avec Hugo. Celui-ci m’a assuré que tu étais en sécurité à l’arrière et qu’ils avaient fait suivre une lettre du 4 je crois ?
Ce soir enfin j’ai eu, avec une lettre de Suzie vieille de trois jours une de toi du 31, de 9 jours de date.
Je ne sais si Hugo fait erreur ou si j’en recevrai une du 4. Que tout cela m’inquiète. Mais Dieu est bon de t’avoir préservé.
N’est-ce pas mon aimé tu n’y retourneras plus vers cette effroyable tourmente ? C’est fini ? Dis-le moi que c’est fini !
Te voilà bien triste de toutes ces douleurs que tu cotoies. Comme tu en as vues mon fils. Que n’es-tu brisé par tant de [mot illisible] et de souffrances morales.
Mais pourquoi donc n’ai-je pas de nouvelles directes à Marseille puisque tu es un peu à l’arrière ?
J’ai su aussi que Suzie était au lit avec une crise de vessie – mais rien de grave me dit Hugo. Il m’engage à demeurer encore ici quelques jours avec les enfants puisqu’ils n’ont pas de secours.
Les nouvelles du front sont merveilleuses mais on ne peut plus se réjouir on n’a plus de courage.
Voilà Grébert1 à son tour qui succombe. J’en ai été profondément émue. Il partait avec tant de regrets et puis partir à la fin le sacrifice est encore tellement plus douloureux pour ceux qui restent.
Ce pauvre [Charles] Galais aussi. S’est-il vu mourir ?
Tu ne me parles pas des autres sacrifices ont-ils été nombreux ? On parle autour de moi, excuse le décousu de ces lignes en t’écrivant je parle à Pierre [Ekelund, son petit-fils] et à Jane [Busck ép. Picard, sa nièce].
Baisers, baiser infinis
Tante Fanny continue à être courageuse. Elle n’ose se plaindre en songeant à toutes celles qui pleurent de jeunes héros !
jeudi 8 novembre 2018
Début novembre – A l’arrière
mercredi 7 novembre 2018
Marseille, 7 novembre 1918 – Mathilde à son fils
Mon aimé
Que deviens-tu et où es-tu pour que ma pensée t’y trouve [?]. Rien n’est venu de toi depuis deux jours. Mais le mot de Fernand [Leenhardt] me rassurant sur ton compte m’a fait du bien m’aide à secouer ma noire tristesse toujours renouvelée par la pensée douloureuse de tante Fanny. Qu’a eu mon mari ? Quel mystère sur cette fin rapide. C’est tragique… Il allait si bien ! Les phrases sans reproches pr moi ni acrimonie sont autant de coups qui m’atteignent [Rappel : Axel Busck est mort de la grippe espagnole lors d'une visite à Sète, où il séjournait comme d'habitude chez sa belle-soeur Mathilde]. Malgré ce je suis heureuse d’être auprès d’elle, de l’entourer de ma tendresse. Heureuse aussi de me trouver dans cette solitude. On est un peu agité encore mais je promène solitaire bien souvent avec mes deux petits. Je suis si fort occupée par eux que je n’ai pu encore écrire aux Herrmann ni à Karine [Karine Möller] qui a perdu son oncle1. Peux tu leur envoyer un mot ?
Bonnes nouvelles de Suzie. Elle apprête la maison pr nous y recevoir, mais je ne sais encore quand je pourrai la rejoindre.
On dit que l’armistice est signé. Fanny est venue l’autre nuit me le dire l’ayant appris par Rudy qui avait du rentrer tard. Hélas ce n’était qu’un faux bruit mais espérons que ce sera bientôt la grandiose réalité. Pourra-t-on se réjouir comme on le devrait. Tant de douleurs planent sur tout cela. Mme Bruguière [la femme du pasteur de Marseille] qui sort d’ici m’apprend la mort sur le front de l’aumonier [Charles] Lauriol et ns en sommes atterrés.
En hâte je te quitte pr écrire à Suzie. Je suis terriblement absorbée par les enfants. A bientôt de bonnes nouvelles n’est-ce pas chéri ?
Je t’embrasse bien tendrement.
mardi 6 novembre 2018
Automne 1918 – Mort d’Axel Busck
De Sète j’apprends aussi la mort subite de mon oncle Axel Busck [cf. récit de Mathilde dans sa lettre du 22 octobre 1918].
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )lundi 5 novembre 2018
Marseille, 5 novembre 1918 – Mathilde à son fils
Mon bien aimé
Une journée lumineuse aujourd’hui au sein des sombres jours qui m’ont enveloppée.
Suzie m’a expédié une carte de toi du 27 qui était accompagnée d’une lettre urgente d’oncle Fernand [Leenhardt] me disant que Gilbert [Leenhardt] t’avait vu Vendredi dernier que tu allais bien et que la Division devait être actuellement dans un secteur plus calme. Je me suis jetée à genoux et j’ai béni Dieu de toute mon âme. Ce soir j’ai eu ton mot du 30.
Carte de Jean Médard à sa mère, réexpédiée de Sète à Mazargues où Mathilde s'était rendue après la mort de son beau-frère Axel Busck |
Peut être mon Jean est-ce ta dernière lutte avec l’ennemi. Peut être vais-je voir finir cette angoisse de toujours qui me tue. Que Dieu est bon. Tu peux bien maintenant me dire où tu es actuellement.
Que te dire de notre vie ici. Je suis très surmenée et absorbée par les petits. Ta tante, Annie et Rudy [Busck] très pris par les occupations que donnent cette grosse succession. Tante Fanny pense à tout s’occupe de tous. Il y a des heures très sombres mais elle se reprend et je l’admire bien d’être aussi forte. Moi je reste avec mes regrets.
L’occasion se présente de faire quelque chose pr ta tante. Veux-tu m’y aider ? Rudy part demain pour l’Alsace il est près de Wesserling à Villers. Il aimerait être reçu chez les Scheurer et ta tante le souhaite ardemment. Elle aimerait surtout qu’il trouve sur son chemin une aimable petite Alsacienne simple et bonne. J’ai dit combien tu étais affectueusement reçu chez ces excellentes gens et que surement ton cousin germain introduit par toi serait aussi bien reçu. Rudy est devenu tout à fait charmant, simple et bon désireux de faire du bien et de continuer tout ce que son père faisait de bon. Il en est touchant.
Je te prierais donc d’écrire à Mme Scheurer pr lui demander de permettre à Rudy de se présenter chez elle.
Voici l’adresse de ton cousin
N’oublie pas et agis vite si tu le peux.
Je te laisse un peu hâtivement pour aller coucher mes petits. Je dormirai mieux cette nuit.
J’attends impatiemment des détails sur votre avance et votre action. Tu sais combien cela me tient et interesse ton beau frère.
Tu feras bien aussi d’écrire un peu plus longuement à ta tante. On t’aime beaucoup ici et l’on pense à toi. Moi de toute mon âme.
J’oubliais de te prévenir de la mort de Mr G. [Gaston] Herrmann. Tu ferais bien d’écrire à Mr Jacques [Herrmann].
dimanche 4 novembre 2018
Début novembre 1918 – "La libération s’approche"
La libération s’approche et nos cœurs sont pleins de joie, mais dans toute l’armée la liste des morts ne cesse de s’allonger. Pendant ces derniers mois Charles Grauss, secrétaire général de la Fédé et mon ami Alexandre de Faye ont été tués. Ce n’est pas seulement dans mon amitié pour eux que je me sens frappé, mais dans mon amour pour l’Eglise car ils semblaient destinés à être d’incomparables témoins de Jésus-Christ.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )samedi 3 novembre 2018
Montescourt, 3 novembre 1918 – Jean à sa mère
vendredi 2 novembre 2018
Ferme de Lorival (près d’Itancourt), 2 novembre 1918 – Jean à sa mère
jeudi 1 novembre 2018
1er novembre 1918 – Dernière relève, dernier mort à l’état-major du 132ème RI
Photo prise vraisemblablement à l'été ou l'automne 1917 quand le 132ème RI cantonnait en Alsace. (Jean orthographie mal le nom de Gallais.) |
Un nouveau bond en avant nous amène le 27 aux abords de Guise.
Nous perdons encore un officier de notre petit Etat-major, [Charles] Galais, qui commandait l’équipe du canon de 37. Il sera un des derniers tués car nous sommes relevés dans la nuit du 31 au 1er novembre.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )