mercredi 31 octobre 2018

Environs de Guise, 31 octobre 1918 – Jean à sa mère

Source : JMO du 132ème RI - 31 octobre 1918
31-10-18

Ma chère Maman

Rassure-toi à mon sujet. Nous sommes relevés cette nuit et si rien de serieux n’arrive d’ici demain nous gagnerons bientôt une zone où l’on entend plus ni arrivée, ni depart, pour quelque temps au moins je l’espère.

Hier nous avons eu la peine de perdre [Charles] Galais, l’officier du canon de 37 qui était un excellent camarade. (Le successeur de Soula). Il faisait partie de notre petit groupe de l’Etat Major du régiment et l’on ressent toujours davantage la perte de ceux avec qui on a pris l’habitude de vivre.

J’ai herité de son ordonnance, car Ouvier vient d’être evacué pour la grippe. Au front c’est une maladie plus rare et surtout plus benigne qu’à l’arrière, où l’épidemie prend vraiment des proportions impressionnantes.

Je viens de recevoir ta lettre du 27. Je vois d’ici comme les journées de solitude et de deuil sont lugubres. Nous aussi nous sommes tristes, malgré la relève ; c’est parceque nous venons de perdre un bon copain, parce que les pertes du regiment n’ont pas été compensées comme les deux dernières fois par des succès marqués. La resistance boche devient de plus en plus forte. Et puis ces deuils de l’arrière si répétés, si dechirants qui s’ajoutent à la mort des soldats !

Cette épreuve de [Daniel] Loux qui s’ajoute à tant d’autres est terrible. Je ne connaissais pas sa sœur, mais j’ai été troublé et peiné comme par un deuil personnel. Et cette pauvre tante Fanny. Je t’assure que je pense bien à elle.

La victoire viendra belle et complète comme nous l’avions révée, mais la joie de la victoire et de la paix sera bien mélée.

[Charles] Grébert, que tu as connu au lazaret a été tué le 24 septembre. Encore une perte bien douloureuse.

Tendresses
Jean

mardi 30 octobre 2018

Environs de Guise, 30 octobre 1918 – Jean à sa mère

30-10-18

Maman cherie

Ça va toujours.

Tendresses
Jean

lundi 29 octobre 2018

Environs de Guise, 29 octobre 1918 – Jean à sa mère

29-10-18

Ma chère Maman

Nous sommes toujours en periode d’activité. C’est nous qui avons fait hier tous les frais du communiqué d’aujourd’hui. Peu de risques – le P.C. du colonel reçoit à peine les éclaboussures du combat. Mais j’ai beaucoup de travail.

Source : Gallica, Le Petit Journal du 29 octobre 1918

Tu sais que je suis toujours près de toi, surtout ds les jours si tristes que tu traverses.

Tendresses
Jean

[Daniel] Loux perd sa sœur [Madeleine Loux (1894-1918)]. C’est terrible. Je lui écris tout de suite.

dimanche 28 octobre 2018

Sète, 28 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 28/X 1918

Mon aimé

J’ai eu ce matin une lettre de toi du 22 et ce soir une toute palpitante d’intérêt du 21. Cela a mis un rayon de soleil dans ma triste vie et me voici plus forte pr continuer avec ma dure tâche. Oh si je pouvais avoir de toi une lettre tous les jours je serais moins désemparée. C’est maintenant la grande solitude dans une maison bouleversée et Alice [la vieille bonne] est toujours au lit. Le docteur n’est pas revenu mais elle se dit assez souffrante. J’espère pourtant que ce ne sera rien.

Inutile de songer à faire de grands nettoyages, on ne trouve pas de bras pour vous secourir. Irma, la brave Irma est là mais elle ne suffit pas à la tâche.

Hugo me quitte demain pour aller à Marseille. Je ne puis le suivre à cause d’Alice qu’il faut soigner et aussi parce qu’il y reste trop peu de temps. Mais j’ai de l’angoisse de demeurer seule ici… Je ne vois absolument personne.

Cependant ce matin une bien delicieuse visite m’a surprise en négligé du matin. Alice [Herrmann, la future fiancée de Jean] et sa mère sont venues me voir et me faire leurs adieux car elles partent Mercredi pour Paris. Alice un peu palie et maigrie. Elle a eu la grippe dans un hôtel à Marseille. Sa mère l’a soignée énergiquement et elle a été sauvée mais elle était prise assez sérieusement m’a dit sa mère. Chère petite Alice, elle était jolie comme je ne l’ai jamais vue avec son petit air intéressant de convalescente. Ces dames se sont beaucoup informées de toi et ont été toutes heureuses que j’ai eu de tes nouvelles.

Elles m’ont trouvée bien désemparée, je ne sais trop quelle impression je leur aurai donnée.

Gaston [Herrmann, un oncle d’Alice] est tjours très mal attendant la mort comme une délivrance. Alice paraissait toute attristée de partir pour Paris. Je n’ai pu les retenir dans l’état d’esprit où je me trouvais au milieu d’une maison désorganisée et sans bonne et je les ai laissées partir me trouvant abominablement sotte. Ta pauvre mère a tout à fait perdu le nord. L’ébranlement a été si violent que je serai longtemps à me remettre. Et puis les regrets m’accablent.

Les dames Herrmann m’ont dit que vous aviez avancé ces derniers jours, car je n’ai plus suivi moi le communiqué que de loin. Elles savaient très bien dans quelle région tu te trouves.

Je suis si satisfaite que ton travail t’intéresse et te captive. Si heureuse que tu aies pu embrasser un ami, reprendre contact avec l’autre.

Ce soir les nouvelles arrivent excellentes. L’Allemagne ne peut tarder à capituler. Ce serait l’immensité de la joie si les tristesses ne nous submergeaient.

Je t’écrirai plus longuement demain, il se fait tard et je suis fatiguée. Je voudrais te faire lire l’admirable lettre que m’a écrite tante Fanny.

Je suis tout à fait abandonnée de ta tante Anna. Je ne l’ai plus vue depuis Mercredi dernier. Lucien [Benoît] a été ici cette après-midi mais il n’est pas venu me voir.

Bons infinis baisers de ta maman qui ne cesse d’être avec toi. Meilleures nouvelles de Suzie par le bureau mais elle n’écrit pas, même pas à son mari dont c’était la fête aujourd’hui.

Ta maman

samedi 27 octobre 2018

Sète, 27 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 27/X 1918

Mon aimé

Je t’ai parlé parfois de la mélancolie des Dimanches. Que te dire alors de celui-ci ou ns sommes là, Hugo et moi tristement réunis, comme deux épaves.

Et tout est fait pour augmenter si possible notre désarroi moral. Pas de nouvelles de toi depuis quatre jours. Alice est au lit. Émilie est mourante chez elle – morte sans doute à l’heure qu’il est, d’après la lettre de son père reçue ce matin. Ns sommes donc sans personne que la brave Irma, ma couturière qui assure [?] au plus pressé. Pauvre petite Émilie. Elle allait voir son frère en permission pleine d’entrain et de joie. J’ai appris aussi hier la mort de la brave Léonie, la petite bonne des Lucien Benoît. Elle était allée au chevet d’une sœur malade, elle a pris là la grippe.

Je reçois une lettre fort touchante de tante Fanny. Elle est forte, courageuse mais combien brisée. Elle voudrait que je vienne Mardi à Marseille avec Hugo mais je ne puis laisser Alice et la maison dans ce désarroi.

Ma petite Suzie chérie va mieux, mais elle a encore de la fièvre. Je ne crois pas qu’on lui ait laissé voir ses enfants. Ils paraissent acclimatés et contents. Je désire qu’ils demeurent [la page suivante manque]

Environs de Guise, 27 octobre 1918 – Jean à sa mère

27-10-18

Ma chère Maman

Aujourd’hui belle avance. En fin de journée ns sommes passablement fatigués mais toujours bien contents d’avancer.

Je pense intensement à vous. Je viens de recevoir et de lire avec émotion ta lettre du 23 [plus vraisemblablement celle du 22, qui lui annonçait la mort brutale de son oncle Axel Busck].

Tendresses
Jean

vendredi 26 octobre 2018

Environs de Mont d’Origny, 26 octobre 1918 – Jean à sa mère

26-10-18

Ma chère Maman

Je n’ai que le temps de penser à vous et je le fais avec toute l’intensite de mon affection et de ma tendresse.

Ça va très bien.

Jean

jeudi 25 octobre 2018

25 octobre 1918 – JMO du 132ème R.I.

Source : JMO du 132ème RI - 25 octobre 1918

mercredi 24 octobre 2018

Environs de Mont d’Origny, 24 octobre 1918 – Jean à sa mère

24-10-18

Ma chère Maman

Je dure toujours dans ma cave, comme un ermite. Le temps s’est remis au beau, et c’est bien heureux.

Ça chahute toujours un peu mais ça ne bouge pas.

Source : JMO du 132ème RI - 24 octobre 1918

Pas de lettre de toi depuis trois jours. J’espère que j’en trouverai un paquet d’ici peu.

Tendresses
Jean

mardi 23 octobre 2018

23 octobre 1918 – JMO du 132ème R.I.

Source : JMO du 132ème RI - 23 octobre 1918

lundi 22 octobre 2018

Sète, 22 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 22/X 1918

Mon bien aimé

Si tu es abandonné ce ne l’est pas en pensée, je te l’assure bien. Je ne suis pas même en l’état de t’expliquer mon silence.

Tu sais que je suis restée seule ici avec les enfants en l’absence de Hugo et Suzie. Axel [Busck] est tombé malade ici Jeudi dernier [donc le 17 octobre]. Une grippe. Je n’ai vu aucune gravité. Il avait appelé lui-même le docteur Petit malheureusement je n’ai pas eu l’idée d’avoir une consultation ne voyant pas la gravité du mal. Il est mort dans mes bras hier Lundi matin, à dix heures pendant que je lui donnais un grand lavage.

Je suis assommée par ce coup inattendu et t’écrirai plus longuement avec plus de calme.

Tante Fanny vient d’arriver avec Hugo. Annie [Busck, épouse Houter, fille d'Axel Busck et de Fanny Benoît] est arrivée hier au soir. Suzie est resté à Marseille avec la grippe. Mais c’est sans gravité.

J’ai eu bien heureusement ta lettre du 17. Je prie de toute mon âme que Dieu soit avec toi.

Je t’envoie tout mon amour.

Ta maman
Acte de décès d'Axel Busck
Source : archives départementales de l'Hérault

Environs de Mont d’Origny, 22 octobre 1918 – Jean à sa mère

22-10-18

Ma chère Maman

J’ai donné il y a deux ou trois jours un mot pour toi à un permissionnaire qui devait passer par Cette, et il n’est pas encore parti. J’espère que ce n’est pas que partie remise, et que tu pourras le voir. C’est un de mes anciens poilus de la 6me, un excellent soldat, maintenant brancardier.

Hier j’ai eu une grande joie, j’ai revu Conord, … mais au fait je crois t’en avoir déjà parlé.

Reçu aussi une bonne lettre d’oncle Fernand [Leenhardt]. Il y a longtemps que je n’ai pas vu ses fils. Hervé d’ailleurs doit être en permission.

Je lis un peu, maintenant que j’ai quelques heures de loisir : un Balzac que j’ai pris à la maison avant de partir, et des morceaux choisis classiques qui me rappellent les vieilles années.

Pour la délégation de solde, tu fais bien de me le dire. Je ne puis m’en occuper tout de suite, l’officier payeur n’étant pas avec nous. Je t’en reparlerai.

Nous n’avons toujours pas bougé.

Je t’embrasse tendrement.
Jean

dimanche 21 octobre 2018

Environs de Mont d’Origny, 21 octobre 1918 – Jean à sa mère

21/10/18

Ma chère Maman

Aujourd’hui bonne journée. Hier je me suis rendu compte que le régiment de Conord était tout près du mien. A tout hasard je lui ai envoyé un message téléphonique. Ce matin j’avais la joie de l’avoir au bout du fil. Puis quand j’ai vu où il était, je suis allé l’embrasser. Nous nous sommes vu quelque temps, très peu de temps, car quitter mon central pour sortir du secteur de la D.I., c’était presque un abandon de poste.

Transcription par Françoise Conord-Babut d'une lettre de son père Paul Conord.
Suzanne Teeuwissen, petite-fille de Conord, m'a communiqué ce document
et je l'en remercie vivement.
 

Extraits d'une lettre de condoléances adressée par Paul Conord
à Alice, l'épouse de Jean,
quelques jours après la mort de celui-ci le 28 octobre 1970

"Parmi les souvenirs qui me remontent à l'esprit, il y en a d'une rencontre
dans la région de Saint-Quentin en 1918, devant Mont d'Origny, je crois."

  
Paul Conord (1896-1985)

      Paul Conord était un ami de Jean. Ils se connaissaient depuis longtemps, Conord ayant été membre de la Fédé lycéenne à Montauban pendant que Jean y commençait ses études de théologie en 1911 et 1912. Dans sa correspondance de 1915 et 1916, Jean signale avoir reçu plusieurs lettres de lui (malheureusement non conservées).
      Après la guerre, Paul Conord épousera Jeanne Bohin, dont la présence est plusieurs fois mentionnée parmi les jeunes membres de la Fédé qui se regroupent autour de Léo Viguier et Suzanne de Diétrich pendant la guerre.
      Consacré pasteur en 1921, Paul Conord rédigera plusieurs ouvrages et deviendra secrétaire général de l'Eglise réformée de France. (Voir les notices qui lui sont consacrées sur le site du Musée virtuel du protestantisme, et sur celui de sa petite-fille, Suzanne Teeuwissen).
       Pendant la 2ème guerre, Claire Conord, fille de Paul, et Marie Médard, fille de Jean, étaient à leur tour camarades à la Fédé. Quand Marie a été arrêtée pour ses activités de résistance, Paul Conord sera (avec Pierre Maury) parmi les premiers à participer aux recherches lancées pour la retrouver. Après-guerre, à son retour de déportation, Marie sera équipière CIMADE sous la direction du pasteur Ray Teeuwissen1, futur époux de Claire Conord.
      Et, pour boucler la boucle, c’est Suzanne Teeuwissen-Béha, fille de Ray et de Claire, qui m’a communiqué la lettre de son grand-père Paul Conord dont l’extrait est reproduit ci-dessus.

1 Une exposition est consacrée à l'action du pasteur Walter Teeuwissen (père du pasteur Ray Teeuwissen) envoyé du YMCA dans le camp de prisonniers austro-hongrois de Nikolsk en Sibérie en 1919-1920. (Du 9 novembre au 15 décembre 2018 à l'Institut hongrois, 92 rue Bonaparte à Paris. Du lundi au samedi, 9h-19h. Entrée gratuite.)
  

Je mène une vie amusante ces jours-ci. Le colonel a été forcé de s’installer à une bonne distance de ses bataillons. Il a fallu créer entre eux et lui un central intermédiaire de liaison, de renseignements et relai de coureur, une espèce de P.C. avancé.

C’est devenu mon royaume. Je suis là avec quelques signaleurs, observateurs, telephonistes et coureurs, avec qui je fais très bon ménage.

Paix royale. Les boches ne sont pas trop méchants. Beaucoup de travail, mais un travail très intéressant et utile.

Des compagnes dont on se passerait ce sont les mouches, inombrables, des mouches d’automne collantes et maladroites.

Je ne sais rien des Leenhardt depuis longtemps. Ici je vis un peu dans une tour d’ivoire. Ma tour d’ivoire c’est une cave de brique c’est plus dur pour les obus. De temps en temps un petit camarade en tournée vient me faire une visite et dejeune avec moi. Mais la grande distraction ce sont mes compagnons de cave. Ils sont en confiance et me racontent leurs petites histoires. Il y avait longtemps que j’avais perdu le contact. Ça m’a fait plaisir de le retrouver.

Je reçois tes lettres regulièrement. J’espère que pour oncle Axel ce n’est pas grave et que tu n’as pas trop de mal.

Tendresses
Jean

samedi 20 octobre 2018

Environs de Mont d’Origny, 20 octobre 1918 – Jean à sa mère

20-10-18

Ma chère Maman

Voici un permissionnaire qui va partir et passera probablement par Cette. Peut-être pourra-t-il pousser jusqu’à la maison. Je souhaite qu’il puisse ainsi de donner de mes bonnes nouvelles. C’est un de mes anciens poilus de la 6. Gate-le si tu peux.

Tendrement
Jean

vendredi 19 octobre 2018

Environs de Mont d’Origny, 19 octobre 1918 – Jean à sa mère

19-10-18

Ma chère Maman

Rien de nouveau. Notre matinée est remplie par le bavardage et la joie de deux prisonniers français évadés, qui viennent de passer les lignes devant nous. C’est inimaginable ce qu’ils ont souffert.

Source : JMO du 132ème RI - 19 octobre 1918

Nous ne bougeons toujours pas, mais c’est bien la victoire quand même.

Tendrement
Jean

jeudi 18 octobre 2018

Environs de Mont d’Origny, 18 octobre 1918 – Jean à sa mère

18-10-18

Ma chère Maman

Tu vois sur quel beau papier je t’écris. Nous sommes toujours engagés dans des conditions assez difficiles, mais pas trop de casse. Je suis très absorbé par mes fonctions. J’ai reçu hier deux bonnes lettres de toi. Merci.

De très bonnes nouvelles du front nous sont arrivées hier. On dit même que Lille est pris. Je connais des gars du Nord autour de moi qui sont bien contents.

Tendrement
Jean

mercredi 17 octobre 2018

Environs de Mont d’Origny, 17 octobre 1918 – Jean à sa mère

17-10-18

Ma chère Maman

Je n’ai pas l’esprit très libre pour te donner des nouvelles circonstanciées. Nous sommes engagés depuis 2 ou 3 jours sur un point où les boches s’accrochent avec l’énergie du désespoir. La pluie est implaccable et n’est pas faite pour rendre la vie moins dure. Mais il en faudrait davantage pour abaisser le moral qui reste excellent. Personnellement je méprise la pluie, vivant ds une bonne cave, mais la vie du poilu qui lutte dans son trou contre l’eau est inimaginable.

J’ai reçu ta bonne lettre me racontant une conversation interessante entre Suzon et Mme H. [Herrmann]. Je suis bien content

De tout mon cœur
J. Médard

Sète, 17 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 17/X 1918

Mon cher enfant,

Un tout petit mot seulement ce soir car je suis vraiment en détresse et lasse et fatiguée. Axel [Busck] a été pris subitement ce matin et est venu s’aliter ici. De midi à 2 h il a poussé de vrais hurlements de douleur d’estomac. Je ne savais plus que faire pr le soulager et tout le temps mes deux petits suspendus à mes jupes. Je t’assure que ce n’est pas une sinecure.

Rien ne m’empeche cependant d’être avec toi tous le long de ces pénibles journées. J’ai été toute heureuse aujourd’hui d’avoir de bonnes nouvelles du 12.

Pauvre 6ème quel triste cadeau leur est fait avec G.K. [anonymisé par l’auteur du blog]. Heureusement [Marcel] Simonin est là pr rehausser sa valeur.

J’ai fait marcher le téléphone tout le long du jour. J’ai eu le plaisir d’entendre la voix d’Hugo. Ils ont fait bon voyage et sont navrés de mon peu de chance. Je crains pr mes chers petits mais à la grâce de Dieu.

Le sommeil ferme mes paupières, je te quitte. Je demande à Dieu que vous [mot illisible] encore en amateurs [?].

As-tu su la mort du fils Wagner[Jean Wagner, mort de maladie à l’Hopital. Heureusement, le père n’est plus là.

Bonsoir mon fils adoré. Que Dieu te garde. Je t’embrasse.

Ta mère
Math. P Médard

mardi 16 octobre 2018

Mi-octobre 1918 – Un poste de liaison bien utile

Mon travail est intéressant. Le Colonel a été obligé de s’installer loin de ses bataillons. Impossible de loger un P.C. sur ces pentes de la rive droite de l’Oise exposées aux vues de l’ennemi, sans un village, sans un bois.

Je lui propose de créer entre les lignes et son P.C. dans la petite cave d’une maison isolée et en ruine un poste de liaison intermédiaire. Il est d’accord. Je vis là pendant quelques jours avec une équipe de téléphonistes, de signaleurs et de coureurs. Je suis heureux de retrouver la vie de communauté avec les hommes et notre relais se révèle extrêmement utile.

La légende "Un topo du Lt Médard" est de la main de Jean Médard.
Photo non datée, mais le grade étant précisé, elle date de l'été ou de l'automne 1918.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

lundi 15 octobre 2018

15 octobre 1918 – Dernière offensive

Nous reprenons l’offensive le 15 en direction de Neuvillette-Mont-d’Origny. Nous sommes assez longtemps arrêtés par l’Oise et le canal latéral derrière lesquels les Allemands se sont retranchés. La pluie tombe.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

dimanche 14 octobre 2018

Environs de Regny, 14 octobre 1918 – Jean à sa mère

14-10-18

Ma chère Maman

Nous nous sommes bien rapprochés. Le soleil a remplacé la pluie ce qui rend tout plus facile. Nous nous attendons à être engagés d’un moment à l’autre. Ce qui manque c’est la correspondance et les journeaux. Pas de nouvelles de l’arrière depuis deux jours. On dit pourtant qu’elles sont intéressantes.

Si tu n’as rien de mieux à faire tricote moi une paire de gants en laine. Ça peut être precieux pour l’hiver.

Tendresses
Jean

Sète, 14 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 14/X 1918

Mon chéri

Excuse moi de te négliger un peu. Je ne t’écris guère qu’un jour rien l’autre mais nous sommes vraiment surmenés, sans Émilie [la jeune bonne].

Suzie fait ses préparatifs de départ car Axel a tranché les indécisions en télégraphiant à ta tante [Fanny] de ne pas arriver, plutôt de s’apprêter à recevoir ses neveux. Si [mot illisible] ils sont prêts, le départ sera pr demain 5 heures.

Ns avons eu hier ta tante Anna ses filles et sa cousine à prendre le thé malgré le pétrin. Elles ont parlé à Hugo avec enthousiasme de leur Docteur Villeneuve en demi dieu et l’ont presque décidé à aller à Paris le consulter. Je ne sais encore ce qu’il fera mais je te tiendrai au courant.

Me voici bien seulette à l’heure où tu auras ces lignes, surtout après les beaux jours que je viens de vivre. Je serai tjours plus en pensée avec toi.

Combien il me tarde d’avoir des nouvelles de ton arrivée là-bas !

Hugo est de nouveau fort déprimé, triste, affaissé. J’espère que ce voyage aidera à le remettre. L’Etat sanitaire est tjours des plus mauvais. Les décès se succèdent et atteignent surtout les jeunes. Malgré tout les bonnes nouvelles au front donnent force et courage.

Si seulement tout se terminait sans de nouveaux et durs sacrifices. Etes-vous sur la brèche ? Je ne vis pas.

Je te presse sur mon cœur.

Ta vieille maman

Hugo m’amuse en parlant de toi de tes opinions qu’il met en avant à tout propos. Je l’entendais l’autre soir dire à oncle Axel [Busck] Jean qui n’est pas un imbecile, vs le savez pense ceci et cela. Jean a assuré etc, etc. Jean qui est quelqu’un de réfléchi. Je ne disais rien et j’écoutais avec complaisance et n’en pensais pas moins.

samedi 13 octobre 2018

13 octobre 1918 – JMO du 132ème R.I.

Source : JMO du 132ème RI - 13 octobre 1918

vendredi 12 octobre 2018

Fontaine Notre-Dame, 12 octobre 1918 – Jean à sa mère

Source : JMO du 132ème RI - 12 octobre 1918
12-10-18

Ma chère Maman

Nous ne sommes toujours pas engagés. Hier nous avons fait un nouveau bond en avant, mais toujours derrière d’autres unités. Nous sommes rentrés dans une région qui a été à peine abimée par la guerre. Des civils étaient là il y a huit jours ; les maisons sont encore meublées, les jardins cultivés. Il fait un temps gris, pas froid ; un peu de bruine ; on peut encore faire sans trop de peine de la rase campagne. Les nouvelles maintiennent le moral très haut. Tout le monde est content.

Hier j’ai trouvé un enorme paquet de lettres parmi lesquelles une de toi du 9. Je crois avoir deja répondu à toutes tes questions.

Lieutenant Abélé - 1917

Ce matin je suis allé voir [Marcel] Simonin. Il a comme lieutenant G. K. [anonymisé par l’auteur du blog]. Ce dernier a l’air un peu assagi quoique très phénomène. Il reconnait qu’il a trop fait la noce et que ça l’a crevé.

Popol [le capitaine Lejeune] est en permission. Il est remplacé par Abélé un de nos plus chics camarades.

Oui cette permission si bien remplie ne me laisse que de doux souvenirs.

Tendresses
Jean

jeudi 11 octobre 2018

Sète, 11 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 11/10/1918

Mon Jeanot chéri

Merci d’avoir tenu ta promesse. J’ai bien reçu ton mot de Paris et suis bien heureuse que tu aies pu faire le trajet dans de bonnes conditions. Heureuse aussi que tu aies été entouré d’amis mais hélas quel douloureux revoir ! j’espère que tu me donneras des détails sur votre rencontre avec Mme Grauss comment supporte-t-elle cette terrible épreuve ? Que va-t-elle faire. Pourra-t-elle s’occuper de la Fédération ?

Suzon est allée à Montpellier Mercredi. Elle compte te raconter elle-même la partie de son voyage qui peut l’interesser mais elle est si occupée que je ne sais quand elle pourra le faire.

Leur départ est fixé à Mardi prochain. Elle a des tas de choses à terminer avant et moi j’ai déjà pris ma charge complète. Tu sais ce qu’elle est absorbante.

Ta sœur a rencontré Mme H. [Herrmann] sortant de chez elle. Celle-ci a tout de suite parlé la première du sujet qui ns interesse. Heureuse a-t-elle dit d’avoir pu vous rapprocher, elle le fera tant que cela lui sera possible jusqu’à ce qu’elle puisse parler à Alice (puisque a-t-elle dit ton frère veut attendre – mais lui a dit Suzie vs savez pourquoi il veut attendre ? – Mais oui, et ns en sommes fort touchés – Alice peut ne se douter de rien, Jean ayant été de tous temps un cher ami d’enfance que ns recevons tjours avec plaisir.

Avec mon mari ns avons bien ri cet été – On a demandé à Alice chez mon frère [Jacques Germain-Robin, à Cognac] d’être Marraine de leur enfant avec comme parrain un fils V.1, un garçon très distingué, professeur licencié etc etc. ns avons compris les intentions mais vu la santé ns ne tenons nullement à cette union. Au moment où ils devaient se rencontrer il a été envoyé en mission en Suède. C’est un bon atout pour Jean Médard avons nous dit avec Mr H [Herrmann], car Alice sera absolument libre, et ns n’exercerons aucune pression. Si j’avais une petite perruche de fille, je lui dirais je veux ceci ou cela mais mieux que moi-même elle est capable de décider pour elle.

Ns avions peur a dit S. [Suzanne] que la situation matérielle vous arrête et ns sommes reconnaissants que ce ne soit pas. – Evidemment ce ne sera pas la richesse pour A [Alice] a-t-elle repondu mais nous estimons et aimons ton frère etc etc. Mais toujours il n’y a rien de fait tant qu’A. [Alice] ne sait rien. Voilà je crois assez exactement ce qui a été dit. Suzie te narrera bien mieux. [Mot illisible] que ta mère ne fasse aucune allusion etc. Je me demande si je dois rester aussi ignorante ou si je dois essayer de la voir et de lui parler avant son départ de Montpellier. Dis-moi ce que tu en penses.

Hier notre vieille A. [Alice, la vieille bonne de la famille Médard] m’a donné envie de rire en me racontant sa rencontre avec la bonne de Melle H. [Emma Herrmann, une vieille cousine du père d’Alice, qui demeurait à Sète]. Il parait que faisant ton éloge, un éloge insensé [?] elle a dit « Comme ce serait assorti avec Melle A. [Alice Herrmann]. Celui là aussi est unique. Comme Melle H. [Emma Herrmann] serait heureuse si ça pouvait se faire. Ils sont faits l’un pour l’autre. Tu vois donc que c’est le sentiment général.

Et maintenant on te cherche actuellement. Etes-vous à la poursuite. La belle avance. Déjà il y a un chemin franchi depuis tes derniers coups de crayon à la carte. Si cela pouvait aller vite vite. L’Etat sanitaire tjours mauvais mais ici il est mieux à peine entière [?] tante Anna très absorbée par sa cousine.

Je t’embrasse avec mon infinie tendresse.

Ta mère
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1 Patronyme anonymisé par l’auteur du blog.

mercredi 10 octobre 2018

La Biette, 10 octobre 1918 – Jean à sa mère

10-10-18

Maman chérie

J’ai rejoint le regiment. Nous ne sommes toujours pas engagés.

Je viens de voir le temple de ce pauvre Mr de St Affrique1 étant tout à fait à côté2. Il aura de la peine à le reconnaître après la guerre. Tout le monde est content.

Saint-Quentin, temple protestant détruit
Source : Généanet
Tendrement
Jean
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1 Pasteur Louis BERNARD de SAINT-AFFRIQUE (1861-1951). Sa sœur Marguerite BERNARD de SAINT-AFFRIQUE avait épousé le pasteur Auguste ARNAUD dit ARNAUD de SAINT-AFFRIQUE (1862-1921), un cousin germain de Mathilde. En effet, la mère d’Auguste ARNAUD de SAINT-AFFRIQUE, était Félicie BENOÎT, sœur du pasteur Lucien BENOÎT, grand-père maternel de Jean. Félicie BENOÎT avait épousé le pasteur Auguste ARNAUD (1809-1868). Adjoindre au sien propre le patronyme de son épouse permettait au pasteur Auguste ARNAUD fils d’éviter la confusion avec son père. C’était une pratique très courante dans ce milieu à cette époque : par exemple, Lucien BENOÎT était aussi connu sous l’appellation pasteur BENOÎT-LEENHARDT pour se différencier entre autres de son fils Georges BENOÎT qui lui se faisait appeler pasteur BENOÎT-BERGIS. (Il n’était pas alors d’usage d’utiliser les prénoms pour différencier deux pasteurs portant le même patronyme).
2 Ce qui permet aussi à Jean d’indiquer à sa mère que son régiment cantonne juste à côté de Saint-Quentin.

10 octobre 1918 – Dernier retour au front

Je retrouve mon régiment le 10 Octobre aux environs de St Quentin. La ville est en ruine.

Source : JMO du 132ème RI - 10 octobre 1918
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

mardi 9 octobre 2018

9 octobre 1918 – Jean à sa mère

9/10/18

Ma chère Maman

Je ne veux pas te faire languir : je t’écris en route avant même d’avoir rejoint le régiment. Il n’est pas encore engagé, mais il suit le mouvement en avant, et ça va si vite je n’arrive pas à le rattraper.

J’ai quitté Paris ce matin. Voyage rapide. A la gare d’A. [Amiens1] j’ai trouvé un camarade du Parc qui s’était fait prendre en auto. Ça m’a beaucoup avancé. Mais quand je suis arrivé ici le regiment en était parti. J’ai été aimablement invité par le Major de cantonnement qui m’a fait diner et qui va me faire coucher.

Ici on est bien content naturellement de voir que ça continue à décoller.

Je reprend mon voyage au depart2. Conversation très cordiale avec Mr H. [Jacques Herrmann]. En le quittant je l’ai remercié de son acceuil de Vendredi. Il m’a repondu aimablement : « Tu seras toujours le bienvenu chez nous »2.

La cathécumène de papa m’a procuré une place assise. Ds mon wagon j’ai trouvé les Bruneton3 qui m’ont un peu reproché mon silence mais qui ont été charmants quand même.

A Paris bonne journée. Quand je suis arrivé chez Léo Viguier, elle m’a donné le programme de ma journée que je n’ai plus eu qu’à remplir.

Dejeuner chez Suzanne de Diétrich avec Jeanne Bohin, Albert Dartigue et Lily Kellermann. A propos de cette dernière c’est bien ce que je t’avais dit. La moindre chose qu’on puisse dire c’est que l’attitude de son fiancé a été bizare.

Reunion intime rue de Vaugirard avec quelques anciens de la Fédération, le souvenir de [Charles] Grauss et d’Alex [Alexandre] de Faye remplissait nos cœurs.

Séance chez le photographe. Je suis tombé chez un photographe un peu cher, mais tant pis. J’espère que ce sera bon.

Mme Grauss vit chez Léo Viguier avec sa sœur et sa fille. Je lui ai consacré la fin de la journée. Ns avons diné ensemble. Elle est sereine et même souriante. Sa fille [Ghislaine Grauss] est tout le portrait de son père, c’est à en pleurer à certains moments. Léo Viguier est assez ébranlée par ces deux épreuves. Je crains un peu pour sa santée.

Coucher à l’hotel.

Sois calme et confiante maman chérie, la tache presente n’est pas dure.

Tendrement à toi
Jean
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1 Avant le départ de Jean en permission, son régiment était cantonné à Arvillers, à 39 km au sud-est d’Amiens.
2 Donc, en l'occurrence, à Montpellier, où, venant de Sète, Jean devait faire halte ou changer de train pour regagner Paris, et de là son régiment. Les Herrmann, futurs beaux-parents de Jean, s'y étaient fixés quelque temps auparavant, après avoir été pendant une vingtaine d'années membres de la paroisse protestante de Sète, ce pourquoi ils connaissaient Jean depuis sa plus tendre enfance.
3 Cousins éloignés (côté Médard) que Jean avait rencontrés à plusieurs reprises quand il était au dépôt en Bretagne à l’automne 1915 pendant sa convalescence après sa blessure au poumon.

Sète, 9 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 9/X 1918

Mon fils bien-aimé

Voilà de beaux jours pleins de lumière et de joie passés et je tâche d’y puiser de la force et du courage pr aller de l’avant. Je veux être brave cette fois et tâcher de laisser un bon souvenir.

Charles Grauss (1881-1918)

J’espère que pr toi aussi le souvenir en est reconfortant malgré les ombres qui ont parfois attenué la clarté. Je pense avec toute mon âme aux tristesses qui t’attendait à Paris. J’ai reçu une circulaire de Melle Viguier racontant les derniers moments de Grauss. Cela m’a donné hier une triste bien triste fin de journée. Il s’est éteint si seul, sans une main amie pr le secourir mais le Père était avec lui.

Suzie emporte ces lignes en partant pr Montpellier et je me hâte pour t’envoyer cette preuve de cette tendresse un peu trop debordante parfois.

Et voilà nos missions qui vont de nouveau reprendre vie. Cela ne vaut pas tout ce que l’on peut se dire et que pr mon compte j’ai si mal dit.

Il me tarde, il me tarde de savoir ce qui t’attendait au retour où tu as trouvé tes camarades.

Les communiqués sont tjours merveilleux que n’es tu là pr marquer l’avance.

Axel [Busck, le beau-frère de Mathilde] est arrivé, navré de te manquer de si peu. Tu serais amusé de le voir si petit garçon devant Hugo qui lui pose toutes les conditions voulues de lui. Axel accepte en principe l’idée de voir renouveler les fonctions, diriger les deux maisons, il veut seulement que Rudy donne son assentiment. Il craint que celui-ci ne voit aussi sa maison diminuer d’importance et que cela le souci1.

Hugo et Suzie préparent leur départ très prochain.

Toutes les [mot illisible] sont en bonne voie.

N’as-tu pas pris mal. As-tu été assis.

Qu’avez-vous dit avec Mr H [Herrmann] ?

Autant de questions qui ont pr moi grande importance.

bien bien [mot illisible] de ta mère.

Math P. Médard
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1 Rappel : Axel Busck, l’oncle de Jean (époux de Fanny Benoît, la sœur de Mathilde), était un armateur suédois qui avait fondé à Marseille une compagnie de navigation. Son neveu Hugo Ekelund (le fils de sa sœur Emma Busck ép. Per Ekelund), lui aussi Suédois, était venu en France en 1913 pour le seconder en s’occupant du bureau de Sète de la compagnie Busck. Il logeait chez Mathilde, s’était épris de Suzanne Médard, la jeune sœur de Jean, et l’avait épousée en août 1914. Rudy Busck était le fils unique d’Axel Busck et de Fanny Benoît. Il était donc à la fois cousin germain de Jean, du côté de sa mère, et de Hugo, du côté de son père.

lundi 8 octobre 2018

Paris, 8 octobre 1918 – Jean à sa mère

Paris 8-10-18

Ma chère Maman

Excellent voyage assis.

Chez Suzanne de Diétrich, pendant la guerre
De gauche à droite : Suzanne de Diétrich, Jeanne Bohin, Léo Viguier, E.N.L.
Devant : Marthe M., Fred Dartigue, Paul Galley
Merci à Suzanne Teeuwissen (petite-fille de Jeanne Bohin et de Paul Conord)
qui m'a communiqué cette photo.

Dejeuner chez S. [Suzanne] de Diétrich avec Lily Kellerman, Jeanne Bohin et Albert Dartigue. Réunion rue de Vaugirard où j’ai vu entre autres J.-B. Couve. Diner chez Léo Viguier avec Mme Grauss1, sa fille, sa sœur et Albert Meyer. Ns avons parlé avec beaucoup de douceur de nos disparus.

Je pars demain matin à 6 heures

Tendresses
Jean
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1 Son mari, Charles Grauss, secrétaire général de la Fédé, avait été tué fin août 1918. Mais Jean parlant ici de "nos disparus", il fait aussi allusion à son ami Alexandre de Faye (1895-1918) également membre de la Fédé, tué à l'ennemi le 1er octobre 1918 et pour lequel il éprouvait une grande affection.

jeudi 4 octobre 2018

Automne 1918 – Visite aux Herrmann

C’est une occasion d’aller faire visite aux Herrmann à Montpellier. Je suis certes heureux de revoir Alice mais je suis encore tenu à de la réserve et notre revoir reste un peu terne. Nous nous promenons gravement dans les allées du jardin, elle et moi, pas du tout comme des amoureux. Les Herrmann devaient quitter Montpellier quelques semaines plus tard pour s’installer à Paris et c’est la faculté de théologie de Montauban, transférée à Montpellier, qui devait bientôt leur succéder à la villa Gide1.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )
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1 Du nom des précédents propriétaires : le grand-père d'André Gide s'y était installé en 1891.