vendredi 31 août 2018

Ferme d'Omencourt, 31 août 1918 – Jean à sa mère

31-8-1918

Ma chère Maman

Rien de neuf. J’ai peur que nous perdions le capitaine Lejeune qui est malade. D’ailleurs l’état sanitaire est mauvais et tout le monde est fatigué.

C’est dommage qu’on ne nous relève pas. Si on nous avait relevé après la prise de St Mard, dix jours après on aurait pu demander au regiment n’importe quoi, tellement on était emballé. Tandis que maintenant les poilus marchent parceque c’est la mode. (Je ne te parle pas de nous qui avons la vie bien plus facile qu’eux). Le moral est bon quand même.

Je vous embrasse.

Jean

jeudi 30 août 2018

Ferme d'Omencourt, 30 août 1918 – Jean à sa mère

30-8-1918

Ma chère Maman

Nous attendons toujours avec impatience la relève, mais elle ne vient pas.

Hier grande joie : une carte de [Albert] Léo qui a demandé à quitter sa division pour la mienne, cette dernière étant plus riche en protestants. Mr Riquard [?] lui a repondu que c’était possible et il s’en occupe.

J’ai fait l’autre jour l’enterrement d’un de nos chefs de Bataillon, le Cdt [Bernard] Piet qui était un piètre protestant, mais un chic soldat.

Je t’embrasse.

Jean

mercredi 29 août 2018

Ferme d'Omencourt, 29 août 1918 – Jean à sa mère

Source : JMO du 132ème RI - 29 août 1918
29-8-1918

Ma chère Maman

Je vous ai un peu « laissé tomber » ces jours-ci. Nous avons beaucoup travaillé. Avant-hier1 le régiment a attaqué avec 4 compagnies un village [Saint-Mard-les-Triots] qui était un pillier de la défense boche. Nous avons réussi au-delà de toute espérance, dépassant tous nos objectifs, faisant plus de 500 prisonniers, 25 officiers, un chef de bataillon, et prenant un nombre incalculable de mitrailleuses.

Nous avons eu très peu de pertes, 3 officiers tués2 malheureusement.

Source : JMO du 132ème RI - 26 août 1918
Source : collections BDIC 
Jour du passage du 132 à Roye.

Il y a eu des actions individuelles absolument épatantes. Ce gros coup de main a déclanché tout le reste. Le lendemain matin [27 août, donc] les patrouilles du 132e entraient dans R. [Roye] presque sans resistance, et le depassaient.

La division ne s’est arrêtée que hier après une progression comme ns n’en avions jamais faite. Nous sommes très contents et très fatigués. On a toujours les jambes pour aller en avant, mais on attend avec une extrème impatience la nouvelle de la relève que nous voudrions esperer prochaine.

Je comprends que vous regrettiez le depart de Jean [Lichtenstein]. Moi aussi ; ça aurait été bien chic de l’avoir là pendant ma permission. Mais cette permission est encore bien aléatoire tant que la division n’est pas relevée.

Tendresses à vous
Jean
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1 Jean se trompe d'une journée : l'attaque et la prise de Saint-Mard, décrites très précisément dans le JMO, a eu lieu le 26 août, et non le 27.
2 Jean a d'abord écrit 3, il a rayé et remplacé le 3 par un 2, puis transformé son 2 en 3. Le JMO n'en mentionne que deux : le commandant Piet, dont Jean évoque brièvement l'inhumation dans sa lettre du 30 août et dans ses mémoires et le sous-lieutenant René Colignon. A noter que le capitaine Pochard fait partie des trois officiers blessés ce jour-là (26 août 1918).

mardi 28 août 2018

Ferme d'Omencourt, 28 août 1918 – Jean à sa mère


JMO du 132ème RI – 28 août 1918

Source : collections BDIC

lundi 27 août 2018

Fin août 1918 – Avancée victorieuse

Nous sommes relevés [le 28 août d'après le JMO] et la division continue sa marche en avant vers Moyencourt et le canal du Nord.

Ces succès nous remplissent naturellement de joie, mais, à chaque affaire nous laissons quelques plumes bien que nos pertes ne soient pas comparables à celles des années précédentes. J’ai encore l’occasion de remplir les fonctions d’aumônier et préside à l’inhumation du Commandant Piet [le 27 août sans doute, il avait été tué le 26], qui avait remplacé le Capitaine Delahaye à la tête du 3ème bataillon et que je connaissais peu.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

dimanche 26 août 2018

26 août 1918 – Prise de Saint-Mard-les-Triots

Le 281 Août le 132 relève les troupes de première ligne qui ont attaqué vainement depuis deux jours et enlève la solide position de St-Mard-les-Triots, où il fait plus de cinq cents prisonniers. C’est un grand succès. Nous voyons passer devant notre P.C. la longue colonne pitoyable des prisonniers.

Source : collections BDIC
Photo prise dans la même zone (à une quinzaine de kilomètres) quelques jours avant l'épisode rapporté par Jean.

Notre Colonel n’aime pas les « boches ». Son père a été fusillé par les Prussiens en 70, son fils a été tué à la guerre. Il se laisse aller à un petit accès de rage et lève sa cravache, sans les toucher d’ailleurs, sur ces hommes désarmés. Nous sommes tous un peu gênés. J’entends un « poilu » murmurer derrière moi : « S’il tient tant que ça à s’exprimer avec eux, qu’il le fasse en première ligne ».

A la nuit tombante nous entrons dans Roye, occupons la ville et nous installons au-delà.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )
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1 Il s'agit d'une erreur de Jean : l'attaque et la prise de Saint-Mard, décrites avec force détails dans le JMO, ont eu lieu le 26 août 1918, et non le 28. Cette erreur se retrouve dans une lettre à venir du 29 août (qui a d'ailleurs peut-être servi à la rédaction des mémoires).

Environs de Saint-Mard-les-Triots, 26 août 1918 – Jean à sa mère

 
Source : collections BDIC
 

samedi 25 août 2018

Environs de Saint-Mard-les-Triots, 25 août 1918 – Jean à sa mère


[non datée, cachet d’expédition du 26 août 1918 et de réception à La Salvetat du 31/8/1918]

vendredi 24 août 2018

Environs de Saint-Mard-les-Triots, 24 août 1918 – Jean à sa mère

24-8-18

Ma chère Maman

Toujours rien de nouveau. Nous nous organisons. Promenades en secteur, puis retour dans la sape qui sent l’acétylène et le fauve. Longues heures de somnolence. Les boches sont d’ailleurs beaucoup plus malheureux de nous. Nos artilleurs prennent du mal pour ça. J’ai vu Hervé [Leenhardt] un de ces jours ; j’ai eu Gilbert [Leenhardt] au bout du fil. [Frank] Suan commande provisoirement la compagnie privée d’officiers.

Source : collections BDIC
Deux jours après la prise de Saint-Mard-les-Triots par le 132.
 
Tendresses
Jean

jeudi 23 août 2018

Environs de Saint-Mard-les-Triots, 23 août 1918 – Jean à sa mère

Source : collections BDIC
Deux jours après la prise de Saint-Mard-les-Triots par le 132.
23-8-18

Ma chère Maman

Nous sommes toujours là. On commence à soupirer un peu après la relève. Pour nous qui avons une bonne sape et un P.C. pas trop bombardé, ce n’est pas trop dur, mais les camarades du bataillon qui sont remontés en ligne sont un peu fatigués. Vie souterraine, beaucoup plus à cause de la chaleur qui est accablante que des obus. Les très bonnes nouvelles qui viennent d’autre part en feraient supporter bien pire.

Tendresses
Jean

mardi 21 août 2018

Sud de l'Avre, 21 août 1918 – Jean à sa mère

21-8-1918

Ma chère Maman

Toujours au même point. Toujours en reserve. Nous nous installons dans des vieilles tranchées de 1915 comme si ns devions reprendre tout de suite la vie de secteur.

Les obus tombent peu. Ce qui nous coute le plus c’est de ne pas nous être lavés depuis 15 jours.

Il fait une grosse chaleur. Heureusement que les pionniers de Deconinck font de petites tonnelles pour nous proteger des rayons trop ardents du soleil. Il fait vraiment trop chaud pour que je fasse l’effort intellectuel d’une longue lettre.

Le colonel vient de donner une permission à Laffay pour qu’il puisse aller voir sa famille à l’occasion de la mort de son frère.

Tendrement à vous
Jean

lundi 20 août 2018

Sud de l'Avre, 20 août 1918 – Jean à sa mère

Source : collections BDIC
Période où le 132 était en réserve au sud de l'Arve
20-8-1918

Ma chère Maman

Rien de nouveau.

Je vais bien.

Tendresses
Jean

dimanche 19 août 2018

Sud de l'Avre, 19 août 1918 – Jean à sa mère

19-8-1918

Ma chère Maman

Nous sommes toujours en reserve. Actuellement c’est presque la vie de secteur. Les boches ont l’air bien accrochés.

La relève se fait attendre parceque la Division n’as pas encore atteint tous ses objectifs. Mais la vie n’est pas trop dure. Les bataillons ont des tranchées et des abris pour se reposer, les boches ne tirent pas trop, le colonel est de bon poil et les camarades sympathiques. Laffay est au C.I.D. Je ne sais pas s’il a appris la mort de son frère. Je n’ose pas la lui apprendre.

Bien affectueusement à Jean L. [Lichtenstein] et à vous.

Jean

samedi 18 août 2018

Sud de l'Avre, 18 août 1918 – Jean à sa mère

18-8-1918

Ma chère Maman

Je t’envoie généralement des cartes impersonnelles car il parait qu’elles ont la priorité à la poste. C’est un moyen qui ne satisfait pas beaucoup la curiosité, mais qui calme l’inquiétude.

Nous avons avancé de quelques kilomètres avant-hier. Le 132 a même pris très largement ses objectifs. La progression est lente parceque les lignes boches sont farcies de mitrailleuses, mais notre superiorité sur eux en artillerie, aviation, etc etc tellement écrasante que la vie n’est pas dure. Le régiment est en reserve et occupe les anciennes lignes allemandes de 1915.

Source : collections BDIC
Période où le 132 était dans la zone de Roye.

Le régiment a pris pour le moment deux villages, 30 mitrailleuses et une cinquantaine de prisonniers.

Nous sommes en reserve. Les poilus commencent à être fatigués par le manque de sommeil et de nourriture, par le mouvement aussi, mais le moral est épatant. Nos pertes ne sont pas énormes ; mon service pourtant a été un peu géné : un obus à Yperite est tombé sur notre central téléphonique. L’effet de ce gaz est étrange. Les hommes atteints continuent leur travail et ne sentent rien pendant plusieurs heures ; mais bientôt, malaises, vomissements, brulures. Tous les habitants du central en question ont fini par être evacués. Ce n’est pas grave, mais j’ai eu de la peine à assurer le service.

Source : collections BDIC

C’est amusant : à mesure qu’on avance on deroule un fil derrière soi, qui nous rattache à l’arrière, c’est comme une circulation sanguine qui reprendrait dans les parties mortes d’un corps vivant.

On installe l’antenne aussi, la T.P.S., tout le bazar. J’ai des équipes merveilleuses. Les colombophiles du 3e baton ont rencontré un pigeonnier boche et ils ont fait prisonniers des pigeons voyageurs boches, ce qui est une bonne prise.

J’ai n’ai pas vu les Leenhardt depuis longtemps. Hier soir j’ai rencontré [Frank] Suan et ns avons bavardé un bon moment.

Je reçois très régulièrement tes lettres. Mon vœux serait de vous rejoindre encore à La Salvetat et d’y retrouver en même temps que vous Jean [Lichtenstein] ; mais la guerre nous apprend à vivre au jour le jour, à être surtout au moment présent.

Ça ne m’empêche pas, maman chérie, d’être auprès de vous de toute mon affection.

Jean

18 au 21 août 1918 – En réserve

Quelques journées en réserve nous permettent de nous reposer.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

vendredi 17 août 2018

Sud de l'Avre, 17 août 1918 – Jean à sa mère


[non datée, cachet d’expédition du 18/8/1918 et d’arrivée à La Salvetat le 22/8/1918]

jeudi 16 août 2018

Mi-août 1918 – Offensive, prise de L'Echelle-Saint-Aurin

Au bout de trois ou quatre jours nous arrivons à bousculer les ennemis. Nous nous emparons de L’Echelle et de St-Aurin [le 16 août d'après le JMO], où nous faisons quelques prisonniers et un butin de cinquante mitrailleuses.

Source : collections BDIC
Période où le 132 a fait des prisonniers dans la zone.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

Zone de Saint-Aurin, 16 août 1918 – Jean à sa mère


mercredi 15 août 2018

Environs de L'Echelle-Saint-Aurin, 15 août 1918 – Jean à sa sœur Suzanne Ekelund

15-8-18

Ma chérie

Je ne jouis pas du calme que je voudrais pour répondre à ta bonne dernière lettre. Tu dois me trouver bien impatient et bien peu raisonnable. Il est très possible que ds la circonstance mon cœur n’aie pas exactement les mêmes desirs que ma conscience. Je desire reellement que rien ne soit fait avant la fin de la guerre, mais je voudrai que mes permissions preparent l’avenir, et la permission me fait presque peur. Je voudrais pouvoir voir Alice sinon en fiancée du moins en amie, et en toute liberté. Pardonne-moi d’être si gosse, je m’en remet à toi, et je sais que tu feras bien les choses.

Nous sommes toujours immobilisés et esperons que ce ne sera pas pour longtemps.

Pour le moment ce n’est pas dur du tout, pour nous du moins, qui n’avons à souffrir que de l’artillerie. Cette nuit pourtant il a fallu dormir quelques heures avec le masque. Notre canard fétiche « Philippe » n’est pas du tout impressionné ; il mange toutes les saletés qu’il trouve et se vautre dans toutes les mares..

Affectueusement à vous, mes bien aimées.
Jean

Environs de L'Echelle-Saint-Aurin, 15 août 1918 – Jean à sa mère


[non datée, cachet d’expédition du 16/8/19 et de réception à La Salvetat le 20/08/1818]

mardi 14 août 2018

Environs de L'Echelle-Saint-Aurin, 14 août 1918 – Jean à sa mère

14-8-18

Ma chère Maman

Je reçois regulièrement tes lettres, et j’espère que mes cartes ne viennent pas trop irrégulièrement. Ça va toujours très bien. Nous avons été engagés à un moyen [sic] où les boches arrivaient à se ressaisir et ça coute generalement plus cher de rester sur place que de marcher en avant.

Mais nous sommes quand même en forme, le moral reste excellent, et nous ne desesperons pas de faire encore du bon travail. L’humeur du colonel est facile, et notre travail à nous le devient par la même occasion. Un de mes camarades, Pochard vient de recevoir une Légion d’honneur bien meritée.

Je suis extremement heureux de savoir Jean [Lichtenstein] auprès de vous, de savoir par vous de ses nouvelles. Excuse-moi de ne pas lui écrire, quand j’ai un bon moment de tranquillité, je dors.

Tendresses
Jean

dimanche 12 août 2018

12 août 1918 – Inhumation de l’aspirant Pierre Laffay

Je préside l’inhumation assez mouvementée de l’Aspirant [Pierre] Laffay, frère d’un de mes amis de faculté [Paul Laffay] qui avait été tué lui-même quelques mois auparavant.

Source : collections BDIC
Quelques semaines après que Jean a inhumé  à L'Echelle-Saint Aurin l'aspirant Laffay
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

Environs de L'Echelle-Saint-Aurin, 12 août 1918 – Jean à sa mère

12-8-18

Ma chère Maman

Nous sommes engagés depuis hier matin. Malheureusement la belle progression d’avant-hier n’a pas continué ; et nous avons perdu quelques types sans grands resultats.

Le moral d’ailleurs reste bon ; mais les boches ont l’air bien accrochés devant nous.

Le chef de musique [Victor] Garnier est blessé. Il a un œil perdu.

Source : JMO du 132ème RI

Vauthier, un camarade de la 6e est blessé mortellement1.

L’aspirant Laffay est tué. Je viens de faire son enterrement sous le grand soleil au bord d’une route, et j’ai lu les paroles de victoire sur la mort. Son pauvre frère ! qui était venu au regiment pour le retrouver2.

Tendrement.
Jean
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1 Peut-être a-t-il survécu : une recherche dans la base de données de Mémoire des hommes ne permet de trouver aucun Vauthier mort des suites de ses blessures à partir du 11 août 1918.

vendredi 10 août 2018

Environs de Plessier-Rozainvillers, 10 août 1918 – Jean à sa mère

Source : collections BDIC 
Période où le 132 était dans la zone de Plessier-Rozainvillers.
10-8-18

Ma chère Maman

Nous poursuivons les boches, toujours en reserve d’ailleurs.

C’est une grande joie de faire du bon travail et de voir que tout va bien. Grande confiance.

Je vous embrasse mes cheries, avec ma très grande affection.

J. Médard

10 août 1918 - Offensive

Lorsque nous la [l'infanterie coloniale, cf. billet du 9 août] relevons le 10 devant L’Echelle-St-Aurin, à l’est de Guerbigny, dans la vallée de l’Avre, nous nous heurtons à une résistance acharnée.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

jeudi 9 août 2018

9 août 1918 - Offensive

Source : collections BDIC
Moreuil, à la veille de l'offensive du 9 août 1918

A partir de 9 août nous sommes engagés au sud de Moreuil en direction de Roye. L’infanterie coloniale progresse rapidement devant nous sur le plateau de Santerre.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )

Thory, 9 août 1918 – Jean à sa mère

Source : collections BDIC 
Thory, environ deux semaines avant que le 132 y cantonne.
9-8-18

Ma chère Maman

Nous ne sommes encore ni à la peine ni à l’honneur, mais devant ça va très bien.

Inutile de te dire que le moral est merveilleux et qu’on ne demande qu’à être engagés.

Je ne regrette même pas la présence de Jean [Lichtenstein] à La Salvetat.

Bien affectueusement à lui et à vous
Jean

mercredi 8 août 2018

Epagny, 8 août 1918 – Jean à sa mère

8-8-18

Ma chère Maman

Il a suffit que je parle de perm. pour que notre repos se termine. Nous allons être engagés. Mais je ne le regrette pas car ça a l’air de devoir être interessant. Devant nous on a passablement « coursé » les boches.

Ne t’en fais pas plus que nous, et tu ne t’en feras pas beaucoup.

[Albert] Léo n’a plus de protestants ds sa division et me parle de venir dans la notre. Si c’était possible.

Bien heureux de savoir J. [Jean] Lichtenstein1 près de vous.

Bien affectueusement
J. Médard

Source : JMO du 132ème RI - 8 août 1918

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1 Rappel : Jean Lichtenstein (1893-1930), entomologiste, membre de la Fédé et proche ami de Jean était réformé pour cause de tuberculose.

mardi 7 août 2018

JMO du 132ème RI – 7 août 1918 : préparatifs de départ

Source : JMO du 132ème RI - 7 août 1918

lundi 6 août 2018

Luchy, 6 août 1918 – Jean à sa mère

6-8-18

Ma chère Maman

Toujours le même programme. On ne parle de rien de nouveau pour nous, alors que nous nous attendions un peu au contraire à être engagés en débarquant.

Source : JMO du 132ème RI - 6 août 1918

C’est même au point qu’il n’est pas impossible que je revienne en permission dans peu de temps. Pas d’illusions. Tu sais bien que ça nous avait bien mal réussi la dernière fois. Cependant le prochain tour va reprendre dans quelques jours et je suis le 4me du prochain tour.

Il faudrait toutefois avant que je parte que mon adjudant telephoniste soit rentré. Si rien de nouveau ne survenait, je prendrais ma perm. pour La Salvetat, et, à mon passage à Cette, je tacherai de décrocher Hugo.

Tendrement et pas trop d’espoir.
Jean

dimanche 5 août 2018

JMO du 132ème RI – 5 août 1918, rien à signaler

Source : JMO du 132ème RI - 5 août 1918

samedi 4 août 2018

Luchy, 4 août 1918 – Jean à sa mère

4-8-18

Ma chère Maman

Je continue à recevoir, par paquets, tes bonnes lettres ; aujourd’hui celles de 29 et 30. Nous n’avons toujours pas bougé. Nous faisons de l’instruction pour le moment, et nous en faisons sans rien nous casser naturellement. Je m’attache à faire apprendre le morse à toutes mes équipes, car la radio-télégraphie prendra, je crois, de plus en plus d’importance. Ce qu’il y a d’agréable dans mes fonctions présentes c’est que j’ai des types choisis, intelligents, qui ne demandent qu’à apprendre davantage. Ils me sont très reconnaissants de leur avoir donné un ballon de foot-ball, et jouent beaucoup. Je n’ai pas encore eu le moindre ennui avec eux.

Source : collections BDIC

Mes compagnons de table et de travail, je te les ai présenté presque tous.

Le Colonel [Adrien Perret], redevient de bon poil ; mais il a été vraiment insupportable pendant la periode qui a précédé l’embarquement. C’est le grand inconvenient de ma nouvelle situation : subir tous ces hauts et bas d’humeur.

Son adjoint le capitaine Lejeune que nous appelons même parfois Popol, est un excellent type. Il dit parfois un peu brutalement ce qu’il pense, mais au moins on sait ce qu’il pense. Il est d’ailleurs très populaire dans tous le regiment.

Le médecin chef [Louis] Jacquinot, un marocain maigre et moustachu qui parle beaucoup d’Afrique et de femmes, au demeurant un très bon type.

Deconinck, le pionnier, un ancien de la 5me que j’ai retrouvé à l’état major du régiment ; cœur d’artichaut mais cœur d’or et excellent camarade.

Labadie, le payeur, serviable et timide.

Pécheux l’o’ff. d’approvisionnement, que nous appelons le « vieux soldat » et qui l’est un peu trop.

Tel, le porte-drapeau.

Janvrin, le potard, qui cache passablement de malice sous un teint blafard et une barbe rousse.

[Victor] Garnier, le chef de musique, « chefus musicorum, princeps canardorum » (chef des musiciens, prince des canards), comme dit Péchenart, un type jovial avec un fort accent du midi, bien qu’il soit de la Croix-Rousse.

Enfin [Pierre] Péchenart lui-même, officier de renseignement ; un prêtre qui n’a pas l’empreinte, débordant de vie, d’entrain et de verve. Je l’admire bien. Nous sommes le plus souvent d’accord. Avant-hier nous nous sommes trouvé en harmonie parfaite pour reprocher à nos églises reciproques d’être terriblement bourgeoises.

Je suis peiné de vous savoir si peu confortablement à la Salvetat.

Tendrement.
Jean

vendredi 3 août 2018

JMO du 132ème RI – 3 août 1918, rien à signaler

Source : JMO du 132ème RI - 3 août 1918

jeudi 2 août 2018

JMO du 132ème RI – 2 août 1918, rien à signaler

Source : JMO du 132ème RI - 2 août 1918

mercredi 1 août 2018

Luchy, 1er août 1918 – Jean à sa mère

1-8-18

Ma chère Maman

Je viens de recevoir tes lettres des 24, 27 et 28 et leur cortège de nouvelles. Tu devais être bien distraite par Elna ou Pierrot en m’écrivant la première car tu la dates de La Bastide et tu l’adresse au s.p. 118. Mon adresse est toujours la même 132e R.I. s.p. 176.

La grande nouvelle ce sont les esperances de Suzon1. A la bonne heure. Je lui en souhaite bien d’autres encore. Mais pour le moment ce n’est pas trop mal.

Source : archives départementales de l'Hérault

Continuez à jouir de votre sejour à la montagne. Et surtout ne parles pas de revenir à Cette pour avoir de mes nouvelles ; ce serait une pure folie. D’abord il n’est pas dit qu’elles mettent plus de temps pour arriver à La Salvetat. Ensuite tu ne sais pas à quel moment nous seront engagés ni moi non plus d’ailleurs. Enfin s’il ne fallait subordoner tes projets à mes faits et geste, je crois que le plus simple serait encore de renoncer à vivre.

Journée de grand repos et de nettoyage. Soleil. Chaleur. Cantonnements agréables. Pelouses et ombrages derrières chaque ferme. Le deuxième bataillon cantonne avec nous. Je traine toujours derrière moi ma grande paresse, et la chaleur n’est pas faite pour nous rendre plus courageux.

Source : JMO du 132ème RI - 1er août 1918
Tendrement.
Jean