Villa
de Suède ce 28 Juin 1916
Mon fils bien aimé
Moi j’étais sur la côte d’azur ou je
passais malgré la tristesse des cœurs, des heures d’apaisement et de paix
pendant que tu étais là-bas – et cela je ne me le pardonne pas et c’est au
contraire quand par un miracle nouveau de la bonté Dieu, tu étais sorti de
l’enfer et au repos que j’ai eu les plus grandes angoisses. Il n’en faut pas
parler – il te faut tout ton grand, ton cher, ton beau courage, que je ne dois
pas faire faiblir.
J’ai eu hier une dépêcher de Mlle
Viguier pr me rassurer, ce soir une bonne lettre. Je ne puis te dire ce que je
pense d elle ne trouvant pas les mots pr cela. Elle me fait rougir de honte car
c’est à la vieille femme qu’elle est obligée de donner des conseils et de
montrer la voie à suivre. Mon cheri quelle amie tu as là !
Je m’attendais bien à avoir une
longue lettre aujourd’hui ! Peut être as-tu du te reposer longtemps. Ce
sera pour demain. Que Dieu bénisse ce sommeil et ce repos. Comme je voudrais te
bercer doucement ! Melle Viguier me dit que tu vas rencontrer
Westphal là-bas. Je le voudrais bien.
Ce pauvre sergent Lefèvre, est-ce le
père de 4 enfants dont tu m’as parlé ? Y a-t-il eu beaucoup de pertes dans
les autres compagnies ?
Melle Viguier me dit
encore que lorsque je ne puis pas prier, je me tranquillise qu elle prie pour
nous. Quelle grande âme. Comme je l’aime. Combien il me tarde d’avoir quelques
details.
Adieu pour ce soir, mon bien aimé de
fils. Mes plus douces caresses avec toi.
Ta mère aff.
Math P Médard