Villa
de Suède, le 11 Juin 1916
Toujours dans l’ignorance de ce que
tu deviens mais aujourd’hui encore cela me parait assez normal, il n’y a que
trois jours que je suis sans nouvelles. C’est égal le temps me dure.
Ns sommes allées au temple ce matin
avec Suzie et pr mon compte j’ai écouté avec un peu plus d’entrain [?] que de coutume l’allocution aux
catéchumènes (Vous serez mes disciples). A la sortie une tristesse
m’attendait : lettres de tante Berthe à tante Anna lui disant l’état
presque desespéré d’oncle Marc. Vendredi, il a pris la communion avec le
pasteur et il a fait des adieux touchants demandant à nos parents de lui tendre
la main pr l’aider à aller vers eux auprès de Dieu qu il aime et veut servir s
il lui accorde encore des mois de vie.
Regrets du passé, pardon à ceux qu
il a offensés. J ai trouvé en revenant une carte de Berthe de Vendredi me
disant cet état grave, du je crois plutôt à de l’intoxication par l’iode que de
l’urémie. Ce soir Madelon m’apporte une depêche une de huit heures, disant que
le mal empire une de onze où il y a légère amélioration.
Je vais descendre pr savoir si l’on
a rien reçu de nouveau chez les Benoît et je te quitte pr ecrire à tante
Berthe.
Hugo est sur son lit un peu
souffrant à la suite d’une indigestion. Suzie fait force anglais avec son professeur
du lycée de Lille Mr Corteel qui est un charmant homme, bien digne
d’intérêt, bien bien triste. Il parait qu’il parle l’Anglais le plus correct et
le plus pur un véritable Anglais dit Miss Pont.
J’espère que tu auras eu une journée de paix bienfaisante
pr ta chère âme que j’aime
Ta maman.