Villa
Svéa le 20 Juin 1916
Mon bien aimé Jean
Encore à Marseille jusqu’à demain
soir, je reçois en rentrant de déjeuner chez Jane Picard ta carte du 14 qui
confirme mes apréhensions. Ce n’est pas moi qui affaiblirait ton beau
courage ; je veux penser à tous ceux qui sont revenus de cette
tourmente ! Je veux espérer, avoir confiance en Dieu vers qui j’ai fait
monter tant de supplications ! Il te gardera, il te soutiendra. Tu es son
enfant.
Je puis dire sans rien forcer que je
ne vis qu’avec toi, tout en dehors ne m’est rien et je me sens sans cœur pour
tout ce qui n’est pas toi. Tu ne sais pas encore la mort d’oncle Marc. Je suis
navré que cette peine aille te chercher là-bas. Je ne pouvais faire autrement
que te la dire.
Je voudrais vite d’envoyer des
provisions mais puis-je toujours adresser au même secteur ? envoie moi
vite le changement d’adresse et ne me cache rien. Pense à moi, je te l’ai dit
souvent. Ne t’expose pas inutilement pour ta mère qui ne vit que pour toi.
Je t’aime, je t’envoie un long
baiser plein de mon amour.
Ta mère affectionnée
Math P. Médard
Je ne sais pas. Fais à nouveau. [sic]