Cette
le 19 mars 1916
Une journée de recueillement et dans
les souvenirs douloureux, avant d’aller au cimetière porter une couronne que
Suzon a tressée[1].
Je t’envoie ma pensée douloureusement émue et je rends grâce à Dieu de t’avoir
préservé cette année si miraculeusement. Qu’il entende oh ! qu’il entende
mes prières qui s’élèvent à lui tout le long du jour. Tu dois être de retour
aux tranchées. Es-tu reposé ? Qu’as-tu acheté et pu te procurer.
J’aimerais le savoir pr t’expédier petit à petit ce que tu n’as pas. Je viens
de faire un petit paquet. Hélas c’est si peu. Un petit filet de cochon, un plum
kake un peu de chocolat. Dans le prochain veux-tu du lait concentré au cacao.
Peux-tu faire chauffer ?
J’ai été au temple avec Suzie ce
matin. Le texte : Tu es à moi. Rien de prenant ni de consolant. A la
sortie j’ai trouvé Mme Frisch qui m’attendait et avec Suzie et Hugo
ns l’avons raccompagnée à bord du beau navire Hopital de la Nelle Zelande
(le New Zealand)
Source : Victoria University of Wellington Library |
Ns sommes rentrés tard. Après le déjeuner chacun a été à ce qui l’attendait ou l’occupait. Le thé vient de ns réunir et nos pensées ont été réunies vers toi. Je vais faire la course projetée. Il fait mauvais. Quel temps as-tu. Dis ns la distance qui sépare ton cantonnement de la tranchée.
Mme Bergeron m’a repété
ce qu’elle m’avait déjà dit sur la mort de Jacques Loux. As-tu su ce qu’il en
était ? Une sentinelle lui a demandé le mot de passe. Il portait un ordre.
A t il répondu trop faiblement. On n a
pas entendu sa reponse. On a fait feu et il est tombé. C’est atroce. C’est plus
horrible que de l’avoir su tué par l’ennemi. C’est la guerre !! et il faut
accepter. On a à peine le droit de pleurer. Suzie m’accompagne et m’appelle.
Bien vite je te quitte avec un bon, un long baiser que tu dois sentir mon
enfant bien aimé.
Ta mère aff.