mardi 1 mars 2016

Front de Champagne, 1er mars 1916 – Jean à sa mère

1-3-16
            Maman chérie           

            Si je ne t’écris pas de longues lettres c’est que l’installation est toujours rudimentaire. Je t’écris debout. D’ailleurs vie toujours la même. Cette nuit on est allé travailler en deuxième ligne ; ça n’a pas été trop dur. Le travail a été fini plus tôt que la dernière fois. Bien étranges ces nuits du front. Parfois c’est presque le silence, mais jamais l’obscurité. A tout moment d’un point ou d’un autre, des fusées éclairantes, boches ou françaises, montent vers le ciel et descendent lentement en jettant sur toute la contrée une lumière blafarde. Parfois les fusées sont rouges ou vertes, parfois des projecteurs fouillent le ciel à la recherche des voyageurs de l’air. D’ailleurs tu as du voir un peu ça de Verdun. Pauvre Verdun, ça doit faire une impression étrange. J’ai bien des amis là-bas, [Albert] Léo en particulier et il me tarde d’avoir des nouvelles.
Tendrement

Jean