2-3-16
Maman
chérie
Journée de soleil. Ça fait toujours plaisir. Il fait beaucoup
moins froid. J’ai reçu hier ton paquet. Merci beaucoup. Tout est entamé sauf le
saucisson que je garde pour la tranchée.
Ici nous sommes à la hauteur des
batteries d’artillerie. J’ai essayé de voir un de mes amis de faculté Arnoux,
qui est à une batterie voisine, il n’était pas là. Je comprends que ma lettre
te paraisse confuse : quand je suis en tranchée je ne suis pas ds la
première tranchée vis-à-vis des Boches, mais je suis quand même en 1ère
ligne. Ma compagnie occupe un ensemble de tranchées qui forment la 1ère
ligne ; mon poste à moi n’est pas ds la 1ère tranchée mais mes
voisins immédiats y sont et ns communiquons constamment.
J’ai reçu 20 frs de tante Fanny
Comment vas-tu ? Pas besoin de mouchoirs : j’ai plutôt trop de linge
que pas assez. Je n’ai changé qu’une fois de chaussettes depuis que je suis au
front.
Quelle est cette « grave
maladie » de Frank [Frank Médard, oncle de Jean] dont tu parles ? Je n’ai jamais mon sac sur moi et presque jamais
mon equipement.
Affectueusement,
Jean
Nous prenons nos repas ds nos
abrits. Comment peux-tu penser que je trouve tes lettres banales maman chérie,
elles font ma joie.