mercredi 2 mars 2016

Front de Champagne, 2 mars 1916 – Jean à sa mère

2-3-16
            Maman chérie        

            Journée de soleil.  Ça fait toujours plaisir. Il fait beaucoup moins froid. J’ai reçu hier ton paquet. Merci beaucoup. Tout est entamé sauf le saucisson que je garde pour la tranchée.
            Ici nous sommes à la hauteur des batteries d’artillerie. J’ai essayé de voir un de mes amis de faculté Arnoux, qui est à une batterie voisine, il n’était pas là. Je comprends que ma lettre te paraisse confuse : quand je suis en tranchée je ne suis pas ds la première tranchée vis-à-vis des Boches, mais je suis quand même en 1ère ligne. Ma compagnie occupe un ensemble de tranchées qui forment la 1ère ligne ; mon poste à moi n’est pas ds la 1ère tranchée mais mes voisins immédiats y sont et ns communiquons constamment.
            J’ai reçu 20 frs de tante Fanny Comment vas-tu ? Pas besoin de mouchoirs : j’ai plutôt trop de linge que pas assez. Je n’ai changé qu’une fois de chaussettes depuis que je suis au front.
            Quelle est cette « grave maladie » de Frank [Frank Médard, oncle de Jean] dont tu parles ? Je n’ai jamais mon sac sur moi et presque jamais mon equipement.
Affectueusement,

Jean

            Nous prenons nos repas ds nos abrits. Comment peux-tu penser que je trouve tes lettres banales maman chérie, elles font ma joie.