Villa
de Suède le 17 Juillet 1916
Mon bien aimé petit sous-lieutenant.
C’est à ce moment même que je reçois ta carte du 12 me disant qu’il pleut
toujours. Nous etouffons ici le siroco souffle affreusement mais dans notre
bout de jardin c’est supportable.
Par le même courrier n’ayant rien
reçu hier j’ai ta lettre du 14 bien intéressante. Comme je voudrais être la
première à te donner l’accolade ! Je suis contente bien contente pour toi
à bien des points de vue. Du reste cela t’était du depuis longtemps mon grand
chéri et tu vas avoir un peu de galette c’est ce que j’y vois de plus clair.
Puis mon orgueil de mère y trouve son compte. Mais va si venue l’heure de la permission j’aurais été aussi
fière de me pendre au bras de mon aspirant qu’a celui de mon s-lieutenant. Le tout est d’avoir ton cher
visage à embrasser, de pouvoir t’étreindre contre mon cœur.
Je suis donc seule jusqu’à Mercredi.
Je ne leur dirais qu’alors ta nomination. Je ne quitte « Na » que
pour aller dîner chez tante Anna à côté, à la baraquette Frisch. Tante Jenny
doit y être arrivée de ce matin ; pauvre femme comme il est dur de revenir
dans un logis solitaire[1],
sans bonne Isabelle ne revenant pas tante Anna l’a recueillie, jusqu’à ce que
la maison soit en état.
Je suis heureuse que tu restes au
132 dans ta Cie bien qu elle soit bouleversée. Cela doit te faire
plaisir. Dès demain matin je t’enverrai de l’argent et tes souliers. J’ai su trop tard ce soir pr aller à la banque
chercher de l’argent, Hugo n’étant pas là.
Ces lignes doivent partir. Comme je
suis contente que tu sois un peu en fête. Qui est ton chef de Cie,
n’est-il pas aimable ?
Mille baisers de ta maman bien
contente ce soir.
[1] Son mari, Charles Scheydt, était mort en décembre 1915.
[1] Son mari, Charles Scheydt, était mort en décembre 1915.