9-7-1916
Maman cherie,
Aujourd’hui, courrier
volumineux : 3 lettres de toi, 3 de Mlle [Léo] Viguier, une carte de Robert Pont, et une
lettre pour me demander des renseignements sur un homme de ma section qui a été
tué.
Je repond tout de suite à tes
questions.
J’ai reçu hier ton paquet :
vetements de toiles, souliers de repos, chocolat, saucisson, configure, etc.
Tout ça a été reçu avec enthousiasme et était attendu avec impatience. J’ai
reçu en même temps l’argent de Suzanne qui a été très bien acceuilli aussi.
Merci à toutes deux de tout mon cœur. Je sens tellement de tendresse dans ces
envois.
C’est
bien 6 petits paquets que j’avais reçu avant. J’ai encore reçu hier une boite
de pêches fraiches de Mlle [Léo] Viguier, avant-hier une boite à lettre de la
même, etc. Tu vois qu’on ne m’oublie pas.
[Clément] Lefèvre était un tout jeune sergent, de mon age ; nous
l’appelions le « gouri », le gosse. Il n’était pas marié ;
gentil garçon, très gai.
« Ma citation » il ne faut
pas en parler, je ne suis pas encore cité, mais simplement proposé. Je ne suis
pas bien fier. C’était plutôt ma section qu’il aurait fallu décorer, ce n’est
pas moi parce que nous avons tenu à un endroit où d’autres sections n’ont pas
pu tenir à cause du bombardement ; par chance nous y avons eu moins de
pertes qu’elles.
Mon ordonnance [Toussaint] ; il vient d’attraper de la prison pendant
que je suis ici, et il ne le meritait pas trop. Je suis navré. J’ai appris ça
aujourd’hui Dimanche. Je suis allé a velo avec [Edouard] Gétaz retrouver les 132e, j’ai
dejeuné avec mes camarades de là-bas. Le sergent-major et sergent fourrier sont
toujours en parfaite santée ; ils risquent d’ailleurs moins que les autres
n’étant pas combattants, surtout le sergent major, qui regulièrement reste à
plusieurs kilométres du front. Combien de temps au repos ? ? ? A quand la
nomination de ss lieut ? ? ? ?
Tendrement
Jean