jeudi 7 juillet 2016

Peloton d’instruction divisionnaire, 7 juillet 1916 – Jean à sa mère

7-7-1916
            Maman cherie, 

            Toujours le peloton divisionnaire, où l’instruction se poursuit sous des deluges d’eau. Je suis à peu près installé maintenant. Ce qui est embettant c’est que les lettres mettent encore plus longtemps à venir, quoique le 132e soit ds un village voisin ; les ressources aussi sont minimes. Mais tout ça a peu d’importance nous ne devons être ici que pour 8 ou 10 jours.
            L’instructeur est le même qu’à la Cheppe, le capitaine Favatier, un tout jeune et sympathique capitaine dont j’ai du te parler alors.
            Nous faisons popote aves les autres chefs de section du 132e qui sont au cours avec nous, en tout une dizaine. Nous lisons les journeaux naturellement avec beaucoup d’interet. Si ça pouvait être le commencement de la fin. Je compte encore plus sur ça que sur la permission encore si lointaine.
            C’est triste d’être si loin. Je n’ai pas encore reçu la lettre de toi qui me dira que tu es completement rassurée sur mon sort, que tu me sais au repos.
            Et voilà. Pendant qu’il pleut dehors nous fumons des pipes de tabac anglais, nous mangeons des petits beurres barbouillés de confiture et nous faisons notre correspondance.
            Je viens de revoir toutes mes photos et ça m’a donné un peu le cafard. Ah ! il me tarde bien de vous revoir et de revoir le petit bout qui devient une grande fille. Je ne la reconnaitrai plus.
            Je vous embrasse tous avec toute ma tendresse.

Jean