7-7-1916
Maman cherie,
Toujours le peloton divisionnaire,
où l’instruction se poursuit sous des deluges d’eau. Je suis à peu près
installé maintenant. Ce qui est embettant c’est que les lettres mettent encore
plus longtemps à venir, quoique le 132e soit ds un village
voisin ; les ressources aussi sont minimes. Mais tout ça a peu
d’importance nous ne devons être ici que pour 8 ou 10 jours.
L’instructeur est le même qu’à la
Cheppe, le capitaine Favatier, un tout jeune et sympathique capitaine dont j’ai
du te parler alors.
Nous faisons popote aves les autres
chefs de section du 132e qui sont au cours avec nous, en tout une
dizaine. Nous lisons les journeaux naturellement avec beaucoup d’interet. Si ça
pouvait être le commencement de la fin. Je compte encore plus sur ça que sur la
permission encore si lointaine.
C’est triste d’être si loin. Je n’ai
pas encore reçu la lettre de toi qui me dira que tu es completement rassurée
sur mon sort, que tu me sais au repos.
Et voilà. Pendant qu’il pleut dehors
nous fumons des pipes de tabac anglais, nous mangeons des petits beurres
barbouillés de confiture et nous faisons notre correspondance.
Je viens de revoir toutes mes photos
et ça m’a donné un peu le cafard. Ah ! il me tarde bien de vous revoir et
de revoir le petit bout qui devient une grande fille. Je ne la reconnaitrai
plus.
Je vous embrasse tous avec toute ma
tendresse.
Jean