23-7-1916
Maman cherie,
J’ai reçu hier ta bonne lettre du 19
et l’argent Tant mieux si mes dernières lettres vous ont interessé. C’est que
j’avais au moins du nouveau à vous raconter. [Jean] Favatier n’est pas embusqué comme tu as l’air de le croire. Il dirige
simplement un cours d’instruction lorsque la division est au repos, ou qu’elle
ne fait pas de travail très actif. Autrement il est capitaine adjudant major du
2e bat. du 106e.
[Roger de] La Morinerie est ss-lieut., depuis 2 ou 3 mois déjà ; je croyais
te l’avoir dit. Je le vois beaucoup car ns sommes ds le même bataillon.
En effet comme officier je suis
entrainé à beaucoup plus de depenses que ce que je voudrais. C’est surtout
ruineux de faire partie de la popote du chef de bataillon, car on ne s’y plaind
rien, ni comme nourriture, ni comme boisson, ni comme cigares.
Hier le capitaine Baudin m’a amené
avec lui à Ch.-Th. [Château-Thierry] la ville voisine. Cette promenade m’a servi
de leçon d’équitation. Je m’en suis tiré sans incidents, le cheval que je
montais étant très sage. Au retour, comme par hasard on a bu du champagne avec
les autres officiers du bataillon. L’argent était attendu avec impatience, je
te le renverrai dès que j’aurai touché mes indemnités et ma solde.
Tes jambes te font-elles toujours
souffrir.
Nous jouissons toujours du beau
pays, et du beau temps.
T’ai-je parlé des fiançailles de [Albert] Mercier avec Melle Marguerite
Conord. Je continue à voir beaucoup Gétaz. Bonnes nouvelles de Mlle [Léo]
Viguier, [Daniel] Loux, [Albert] Léo, etc. Je
reçois aussi des lettres angoissées de parents qui ne savent rien de leurs
enfants depuis les jours terribles, ou qui savent et ne peuvent pas croire et
demandent des détails.
Très tendrement à vous tous
Jean