Plélo,
22 octobre 1915
Maman cherie
Je viens de recevoir ta bonne lettre
du 19. Tu peux m’envoyer le paquet en question sans le livre que je te
demandais. Mets à la place si tu veux, la vie de Jesus d’Henri Monnier un gros
volume jaune qui se trouve dans la bibliothèque de la chambre de Suzon. Tu peux
ajouter aussi mon kepi rouge. Mais tout cela n’est ni indispensable, ni pressé.
Toujours rien de nouveau ici. Un
très beau soleil fait place aujourd’hui à la pluie et au froid. J’ai passé une
nouvelle visite, simple formalité et ai été maintenu en 2ème
categorie. Ne recevant rien de Jean Lichtenstein, j’ai demandé une permission
de 24 h pour aller le voir moi-même à Roscoff Dimanche, j’espère qu’elle me sera
accordée.
Reçu une bonne lettre de
Lestringant, toujours soigné sur le front par le Docteur [Louis] Perrier ; de Léo, qui malgré toutes
les tristesses qui l’entourent, jouis beaucoup du pays ds lequel il se
trouve ; de René Cera[1],
l’ami du 55 qui m’a fait mon portrait il y a bientôt un an. Légèrement blessé à
l’épaule en Champagne, il est soigné à Vichy ; de tante Jeanne : elle
me dit qu’à mesure que les bien aimés s’en vont, il vivent auprès de nous d’une
vie invisible aussi réelle. Oncle Frank a eu une permission de 4 jours. Tante
Elise et lui étaient à Paris.
Le clairon sonne le
rassemblement ; je te quitte pour aujourd’hui et t’embrasse tendrement.
Jean
Je pense à cette reprise de la vie
par tante Anna. Ce doit être dur ; ce le sera surtout lorsque Lucien [Benoît] sera parti.
[1] René Cera (1895-1992). Camarade de Jean au 55ème RI. Artiste peintre. Voir billet du 15 décembre 2014.
[1] René Cera (1895-1992). Camarade de Jean au 55ème RI. Artiste peintre. Voir billet du 15 décembre 2014.