Ma vraie chance
c’est la présence de mon ami Jean Lichtenstein à Roscoff, où il est responsable
de la station zoologique. Il n’a pu être mobilisé à cause de son état
pulmonaire. Nous nous faisons de fréquentes visites. Je découvre en lui, quand
il travaille dans son laboratoire cette grandeur et cette austérité, qui sont
parfois l’apanage des hommes de science. Il n’en demeure pas moins un ami plein
de charme, de confiance et de simplicité. Il m’est précieux de retrouver un ami
et de faire à nouveau l’expérience d’une amitié qui se situe sur un tout autre
plan que les camaraderies de régiment. Enfin ce qui contribue à rendre cet exil
en Bretagne tout à fait supportable ce sont quelques brèves permissions à Paris
et même à Sète.
Mémoires
de Jean Médard, 1970
(3ème partie : La guerre)
Flashback
Gourdouze
[camp de jeunesse protestant où Jean a passé l'été 1909] a beaucoup compté pour moi. Je découvrais pour la première fois de ma vie les
joies de l’amitié.
Je
me liais en particulier avec Jean Lichtenstein. Intelligent et fin, il avait
un charme un peu romantique, un fond de tristesse dû sans doute à un état de
santé fragile et à une situation familiale difficile. Il avait hérité de son
grand’père le goût de l’entomologie. Il collectionnait les coléoptères. Je
commençais aussi à Gourdouze à découvrir l’évangile grâce aux méditations
simples et directes [d’Albert] Léo.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème
partie : Enfance et jeunesse)
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