Depôt
du 132ème d’Inf.
Châtelaudren
(Côtes d’Armor)
Paris,
3 Octobre 1915
Maman cherie,
J’arrive à Paris après un excellent voyage, pas
fatigant. N’ai pas trouvé à la fac. Mme Monnier encore en Suisse, et
à la rue de Rivoli oncle Louis absent. Il parait qu’il est très serieusement
malade et se soigne chez son ami Renaud ds la Gironde. Je ne manque pas
d’oreillers où reposer ma tête, je vais en trouver à la sortie de l’Oratoire [temple
parisien] où je me réjouis d’entendre Wilfred [Monod].
Bien tendrement à vous tous.
Jean
Le
Dimanche matin je participais au service religieux dans un des temples de
Paris. J’ai dû fréquenter tous les temples réformés et entendre tous les
pasteurs protestants de l’époque. Mes préférences allaient alors à Wilfred
Monod et à Charles Wagner. […]
[Année 1910-1911,
Louis-le-Grand]
C’est
Wilfred Monod qui exerçait sur nous la plus forte influence spirituelle. Nous
aimions mieux ses méditations ou ses sermons que ses cours. La génération
suivante lui a reproché à juste titre, mais d’une manière injustement cruelle
le flou de sa pensée, son idéalisme, une recherche prétentieuse de mots
rares, que sais-je encore. Je n’oublie pas quant à moi qu’il a ouvert plus
que tout autre mes yeux de jeune bourgeois aux injustices sociales et aux
folies du nationalisme.
[Année 1913-1914, faculté
de théologie de Paris]
Mémoires de Jean Médard, 1970 (2ème
partie : Enfance et jeunesse)
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