Saverdun,
le 21 mai 1916
Mon fils bien aimé
Bien attristée je me suis couchée,
hier, de ne pas t’avoir écrit hier. Vraiment cela m’a été impossible. Je ne
sais comment m’acquitter de ma tache vraiment un peu lourde pr mes capacités.
J’ai perdu l’habitude des enfants ; je n’ai jamais eu celle des enfants
gâtés. Et sans bonne ! ce matin pr arriver à les faire déjeuner avant
d’aller au culte, j’étais à bout de souffle. Suzanne ne rentre que Mercredi
soir c’est encore long. Mais dès son retour je filerai : Vendredi sans
doute et je m’arrêterai à Toulouse jusqu’au lendemain.
Sans nouvelle de toi depuis Vendredi
– ces deux journées sont mortellement tristes.
J’ai eu un mot de Suzie ce matin
avec une ravissante photo de notre Na. Que je suis heureuse qu’elle te l’ait
envoyé ! tu en jouiras comme moi ! C’est tout à fait elle, elle me
parait aussi fort developée, cher petit bijou comme elle est jolie !!
Source : Mémoire des hommes - Morts pour la France |
Bien vite je dois te quitter pr écrire à ta tante afin de lui donner des nouvelles de sa smala. A oncle Georges à qui j’ai promis aussi. Le petit Lilou ne veut pas quitter mes pas c’est plutôt gênant.
Reçois mon chéri mes tendres bien
tendres caresses.
Ta mère
Ecris moi à Cette.