13-5-16
Maman cherie
Hier grosse desillusion. En rentrant
du travail j’ai reçu le mot d’oncle Georges [Benoît] où il me donnait rendez-vous pour
le même jour à Châlons. Il en était déjà parti à ce moment là. Nous ne serons
pas au repos de nouveau avant un mois d’ici, et d’ici un mois nous avons 30
fois le temps de changer de secteur, lui ou moi. Enfin.
Je me rejouis en tous cas de penser que
tu vas le revoir quelques jours. L’avais-tu revu depuis la guerre ? Reçu
ta bonne lettre du 8. Pas besoin d’argent, maintenant que le sejour aux
tranchées se prolonge indéfiniment, on accumule des prêts pour le cantonnement.
Hier j’ai bu le champagne au bourg voisin où je suis allé avec G., un ss-lieut.
de la compagnie.
Très tendrement à toi
Jean
Dis encore à oncle Georges toute ma
tristesse de l’avoir manqué.