Saverdun,
le 16 mai 1916
Mon bien aimé
Ce
n’est point une sinécure que d’être nurse. Oncle Geo et sa femme sur le
désir de cette dernière sont allés à Ussat passer une bonne journée en tête à
tête, c’est naturel. Je n’ai pas eu un instant à moi. Ton oncle part Vendredi
pr Montauban. Suzanne l’accompagne et je reste quelques jours pr régler les
affaires de famille. Elle me demande de la remplacer encore et je ne puis
refuser cela à mon brave frère. Je serai donc seule avec les trois derniers de
Vendredi au mercredi 24. Mais après rien ne me retiendra. J’irai à Pamiers le
Jeudi et je partirai le Samedi 27. Suzanne insiste pr me garder. Je ne puis
plus. Ne lis pas ces lettres à oncle Geo si tu le vois ; déchire-la. Je
vais à la gare les chercher après avoir couché les enfants et ne puis t’en dire
plus long.
Je ne sais rien de toi aujourd’hui,
de Suzie pas davantage.
Une grosse caresse. Je pense à toi
tout le long du jour, tu le sais n’est ce pas ?
Ta pauvre vieille maman