15-5-16
Maman cherie
Te voilà de nouveau seule
probablement ; j’espère que ce n’est pas pour longtemps et que tu
reprendras bientôt la vie plus douce entre ta fille et ta petite fille.
Ici il pleut à torrents. Je passe ma journée ds ma
baraque à somnoler, lire et ecrire.
Nous redevenons étrangement gosses, et rions pour tout
et rien. Nous nous moquons les uns des autres, de Noël un gros sergent à qui
nous venons de barbouiller la figure avec de la moutarde, de Chabrol, le
sergent qui s’occupe de notre popote – il a une petite voix et toutes les
qualités d’une maîtresse de maison, aussi nous l’appelons « la
bourgeoise » – de l’adjudant, qui est rentré hier de M. [Mourmelon] un peu plus gai qu’il ne faudrait.
Je t’embrasse tendrement. Bien des choses affectueuses
à oncle Georges et tante Suzanne.
Jean