mardi 3 mai 2016

Front de Champagne – Jean-Marie a tué un Boche


Pas d’événements saillants. Toutes les nuits on tiraille plus ou moins en première ligne. Une nuit un de mes hommes tire un coup de feu à peu près au hasard et nous entendons aussitôt un cri et des gémissements en face de nous : un patrouilleur a été atteint. Le tireur, un jeune Breton, est consterné : « Tu as tué un Boche, Jean-Marie » « Eux ils le font, nous il faut bien le faire aussi ». Il a compris que tuer un homme, même à la guerre, est une chose grave. Même quand leur cause est juste, les soldats ont besoin du pardon de Dieu. 

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre)