J’attendais
d’un jour à l’autre mon départ pour le front. A notre grand étonnement, mes
camarades et moi voyions partir la classe quinze que nous avions instruite et
étions retenus au dépôt. Nous ne tenions pas à faire du zèle, mais nous étions
humiliés à la pensée que notre classe se battait depuis le début de la guerre
et que deux classes de soldats plus jeunes que nous étaient déjà parties pour
le front. Nous nous sentions un peu « embusqués ». Les démarches que
nous avons faites auprès de notre colonel pour partir avec nos bleus ont
échoué. Il nous a été répondu que le ministre seul pouvait disposer de nous.
Mémoires
de Jean Médard, 1970
(2ème partie : Enfance et
jeunesse)