lundi 16 mars 2015

16 mars 1915 – Les Eparges, arrivée au front


Réveil désagréable. Quelques obus sur le village. Pas de gros calibres, mais les Allemands ont dû constater une animation anormale et nous serons harcelés presque tout le jour. Un 77 tombe même sans faire de mal à personne dans la grange où je suis allé retrouver les « écussons jaunes ». Je fais la connaissance de quelques officiers : un commandant qui visiblement a cherché dans la bouteille l’oubli d’une réalité déplaisante. Je déjeune avec deux lieutenants accueillants, mais déprimés. Ils ne sont pas encourageants : « Le secteur est très dur, les pertes énormes. Nous devons attaquer de nouveau demain. Nous y laisserons encore des plumes et nous n’arriverons à rien ». Triste perspective. La journée s’écoule, vide et assez inquiétante.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre)

Source : Mémoire des hommes – Journal de marche du 132ème R.I.