Réveil
désagréable. Quelques obus sur le village. Pas de gros calibres, mais les
Allemands ont dû constater une animation anormale et nous serons harcelés
presque tout le jour. Un 77 tombe même sans faire de mal à personne dans la
grange où je suis allé retrouver les « écussons jaunes ». Je fais la
connaissance de quelques officiers : un commandant qui visiblement a
cherché dans la bouteille l’oubli d’une réalité déplaisante. Je déjeune avec
deux lieutenants accueillants, mais déprimés. Ils ne sont pas
encourageants : « Le secteur est très dur, les pertes énormes. Nous
devons attaquer de nouveau demain. Nous y laisserons encore des plumes et nous
n’arriverons à rien ». Triste perspective. La journée s’écoule, vide et
assez inquiétante.
Mémoires
de Jean Médard, 1970
(3ème partie : La guerre)
Source
: Mémoire des hommes – Journal de marche du 132ème R.I.
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