Lundi 26 avril 1915
Maman chérie,
Je viens de recevoir
ta lettre de Cette, avec joie. A l’heure qu’il est, tu es certainement
complètement reposée et je m’en réjouis. Ne te préoccupe pas de m’envoyer des
choses, j’ai tout ce qu’il me faut largement.
Pour ma santé mon
petit abcès au bras m’a beaucoup gêné ces deux derniers jours, l’infirmier m’a
donné un coup de bistouri ce matin et maintenant je jouis d’une quiétude qui ne
me parait pas vraisemblable. La plaie suppure toujours un peu, mais au fond les
deux plaies n’en font qu’une puisqu’on met la même compresse. Je n’ai plus qu’à
attendre patiemment la cicatrisation. Je mange avec appétit, on me donne une
potion fortifiante, en somme tout est pour le mieux sauf l’ennui. J’espère que
tu écriras bientôt à Madame Ménard Dorian, il ne faut à aucun prix oublier. Je
t’embrasse bien affectueusement et tendrement. Je vous embrasse tous
Jean Médard
Salutations J Krug
[Cette carte n’est pas de la main
de Jean. Sûrement a-t-elle été dictée au pasteur Jacques Krug.]