Le 9 [avril
1915] pourtant je reçois une visite merveilleuse et absolument inattendue, ma
mère. Verdun est interdit aux civils et ma mère n’est pas femme à braver les
règlements, mais son amour inquiet a surmonté tous les obstacles et les
scrupules de son cœur irrésolu. Elle s’est embarquée pour Paris. Là, elle a
essayé vainement pendant deux ou trois jours d’obtenir les autorisations
nécessaires. Le 8 elle a pris tout bonnement le train pour Verdun, au risque de
se faire refouler, et maintenant elle est là. C’est elle qui me soigne et
essaie d’apporter quelque adoucissement à mon état. Mais le grand adoucissement
c’est sa présence à un des moments les plus durs de ma vie d’hôpital.
Mémoires
de Jean Médard, 1970
(3ème partie : La guerre)