Cette le 2 avril 1915
Mon bien chéri
Rien de toi depuis Lundi [29 mars] : j’essaie de me raisonner car enfin j’ai eu
des nouvelles indirectes un neveu de tante Lucy [Lucy Leenhardt, épouse Pastoureau de Labesse] a télégraphié. Mr Pousoye
a donné de tes nouvelles à oncle Fernand [Leenhardt] qu’il a eues de Mr Krug [l'aumônier de Verdun] et
moi je voudrais bien partir, mais on me dit ici qu’en ce moment l’on ne passe
pas, je ne voudrais donc pas me trouver arrêtée en cours de route sans
nouvelles aucunes. Je tâche donc de prendre patience. J’attends une dépêche de Mr
Barraud [pasteur à Verdun] à qui j’ai télégraphié. Il faut peut-être une permission du
commandant de la place. Si je pars je télégraphierai aussi à oncle Louis [Louis
Médard, beau-frère de Mathilde, habitait à Paris]. Je puis avoir ¼ de place. Oncle Eugène [Eugène Leenhardt, cousin
germain de Mathilde] et tante Marie [Marie
Maze, ép. Leenhardt] sortent d’ici, c’est
vraiment touchant les témoignages que ns recevons. J’ai grande peur que même à
Verdun, tu aies trop de visites et que tu sois fatigué. Il y en a que je ne
t’envie pas, mon bien cher enfant, comme chacun t’aime et que j’en ai de
l’orgueil. Il n’en faut pas n’est-ce pas mon cher tresor ! J’ai une
correspondance dont tu n’as pas une idée ! Suzie ne peut pas me seconder
et je ne puis pas plus lui venir en aide. Elle a chez elle les ouvriers et ne
peut quitter.
Oh ! comment te sens tu ? Si tu
savais combien je voudrais le savoir.
Je t’embrasse avec toute ma tendresse de
maman