Paris 7 Avril 1915
Mon fils chéri
Je n’ai eu qu’ici hier
soir la seconde carte de l’Hopital me disant que tu avais à ce moment là un
peu plus de fièvre. Grâce à Dieu j’ai refléchi que c’était bien antérieur à la
dépêche me rassurant et je suis là à Paris à me morfondre. Car cette carte ne
me donne pas plus l’accès de Verdun que la première. J’ai couru toute la journée
avec Marie Hugues pr avoir des tuyaux. Oncle Louis a télégraphié au Commandant
de la place de Verdun ? Aurai-je demain une réponse ? C’est terrible
d’être ainsi arrêtée. Les Coreton m’ont mis en rapport avec une dame qui
revient de voir son fils. Elle m’a dit d’aller demain matin aux Invalides. Je
tenterai cela. Il parait que l’on a en route bien des difficultés. Mais
j’arriverai à pied s’il le faut. Prend seulement patience. Il pleut c’est
triste. Que fais-tu ? Que je voudrais t’embrasser ce soir mon bien aimé.
Ta maman