Cette
le 23 février 1916
Mon bien aimé fils
Je reçois à l’instant ta carte et ta
lettre datée aussi du 17 tu as dû cependant écrire celle-ci le 18 puisque tu me
dis que ce jour là est ta fête.
Si tu savais mon fils le bien que
m’ont fait ces deux missives. Comme je suis heureuse et allégée d’avoir tous
ces détails ! et maintenant j’attends tes impressions de tranchée et je
serai un peu moins nerveuse sachant quelque chose.
Je n’ai attendu que trois jours
pourtant et ces trois jours ont été des siècles. Veux tu me rassurer en me
disant que les marmites n’atteignent pas ton cantonnement ? est-ce bien
vrai ? as-tu un lit pour toi tout seul ? et n’as-tu pas bien
froid ? Tu me diras aussi combien de jours vous restez aux tranchées sans
être relevés. et si elles sont éloignées du cantonnement. Avez-vous marché
longtemps pour arriver là ? J’ai pu lire ce que je désirais.
Je vais t’envoyer l’argent que tu me
demandes et ecrire par ce courrier à tante Fanny qui désire t en envoyer
aussi ; je crains que tu aies eu à patir et cela tu sais que je ne le veux
pas.
Tu dois savoir maintenant ce qui te
manque et tu pourras me le dire. Je vais t’adresser un premier petit colis.
Dis-moi si tu préfères plus gros et par le chemin de fer ; ils sont plus
longs à aller parce qu’ils passent par le dépôt.
Aucun changement dans notre petite
vie. Je ne sors pas et me cantonne aussi mais, chez ma fille ce qui est plus
supportable. Ns avons eu hier la visite de tante Anna et de Laure [Benoît]. Madelon a la grippe. Je vais aller la voir
en apportant mon courrier à la poste. Bonnes nouvelles d’oncle Marc [Benoît] par sa femme. Elle a un état variqueux qui
l’a fait bcoup souffrir et la retient loin de lui. Mais il est admirablement
soigné chez son curé et prend des forces. Elle me dit que le printemps est
etabli dans leur region [ils habitaient Cannes] avec toutes ses merveilleuses richesses ; la
temperature leneniante [?].
Ici petite recrudescence de froid
nuits froides temps couvert, ns avons rallumé la salamandre. Na devient
merveilleuse et fait diversion.
J’ai été bien attristée de ne
pouvoir te gâter le jour de ta fête. J’ai été plus près de toi si c’est
possible. Ns attendons Alice qui n’est pas arrivée hier.
Tendresses de tous
Mille tendres baisers de ta mère
Math P. Médard
Etes-vous en 1ère
ligne ?
Dis moi de qui se compose votre
nourriture, si vous êtes aux tranchées, sections à quelles heures, si vous pouvez
y reposer de temps en temps.
Cette dégradation militaire... combien
triste ce devait être. A ma tristesse. Je suis reconnaisante envers Dieu
de permettre cet entrain, ce courage chez toi mon bien aimé petit poilu. Qu’il te garde pour ta mère et pour son
service je ne cesse de le lui demander.
Tu es déjà revenu des tranchées à
cette heure ! Je voudrais savoir.