Cette
le 15 Février 1916
Il est six heures et j’arrive
seulement chez Suzie pr y passer la nuit et m’y installer pendant que Hugo est
à Paris ; il ne sera là que Jeudi ou Vendredi. Suzie voudrait que je
m’installe tout à fait, je ne sais encore si je le ferai.
La journée s’est écoulée au home
entre Alice et Eugénie jusqu’à 3 heures. Cette dernière est une bonne et
excellente fille toute de devoûment. Elle me sent triste et elle témoigne tout
ce qu’elle peut. Si toutes les femmes françaises donnaient d’elles mêmes autant
qu’elle le fait il se ferait de grandes choses ; il faut compter qu elle
donne plus qu une autre puisque elle donne de sa journée à la patrie. Alice est
partie aussi à trois heures pour Montagnac afin d’essayer d entourer sa belle
sœur [Eugénie Lenoir, veuve Bouirat] qui voit son fils Maurice [Bouirat] bien malade et à nous trois nous avons parlé de qui ? du Jeanot
chéri qui continue à aller de l’avant et qui est peut être déjà bien las et
près du but. Je n’ai rien eu de toi aujourd’hui je m’en étonne car tu as du
pourtant écrire un mot avant le départ.
Ce sera pour demain matin je l’espère et j’irai de bonne heure à la maison
chercher cette chère missive.
Tante Anna a fait une apparition.
C’est tout-à-fait la tante Anna d’autrefois, et j’en bénis Dieu.
Je t’ai dit n’est ce pas qu à son
retour de Montagnac Alice reprendra ici ses fourneaux, j’en suis heureuse pour
moi et surtout pour elle qui ne comprenait pas du tout les choses et qui se
mettait déjà un peu de travers. Elle ne cesse pourtant de se louer de Suzie qui
a tous les égards. Hugo n’est pas tenu aux mêmes choses mais il est de cet avis
parait il. J’étais préoccuppée de l idée de renvoyer Alice momentanément avec
le chagrin qu’elle a à ton sujet. Dieu a applani les choses une fois de plus et
j’espère que ce sera ainsi.
Mon bien aimé ne soit pas avare de
détails ; tu sais que je ne vis que de toi et que rien ne peut être bien
en dehors ce toi si ce n’est pas ta
bonne petite sœur et sa chérie. Celle-ci est en bonne passe : elle se
remonte et devient à nouveau un cher petit trésor bien interessant.
La nuit descend. C’est ton second
jour de voyage. Oh ! que j’aimerais te voir un seul petit instant, l’aurai
je ? Je ne serais probablement pas satisfaite. Mais les douze jours où tu
as attendu ce départ. N’est ce pas bien mal arrangé que je n’en ai rien
eu ?
Tante Fanny demande ton adresse pour
t’envoyer de l argent. Dès que tu le pourrais, fais le. Je la lui donnerai et
que ces lignes t’apportent une fois de plus ma tendresse immense quelque chose
de mon cœur qui ne vit que pour toi.
Ta mère affectionnée
Math P Médard
J’ai écrit hier au depot, je te
raconte ma journée à Lunel bien triste. J’adresse encore ces lignes au depot.
Le jour de ta fête arrive, pauvre enfant bien aimé. Je ne puis t’envoyer le
moindre gâteau. Je puis penser et prier. Que Dieu te bénisse. Je vais
transmettre de tes nouvelles à Alice.
Melle Viguier est bien
gentille et je l’aime bien de t’entourer ainsi.