Verdun, 6 mai 1915
Maman cherie
Que dirais-je aujourd’hui de ma vie
monotone. Tout est toujours la même chose c’est-à-dire très bien. Je ne soupire
qu’après le depart, dont je me crois très près. Aujourd’hui avec Mr
Barraud est venu Armand Bergis qui a été vraiment charmant. Il est lieutenant
et se bat depuis le debut de la guerre ce qui le rend un peu bas. J’ai presque
completement changé de voisin de lit, et je suis maintenant sinon le + solide,
du moins le moins fiévreux et le mieux portant de ma salle.
Mille tendresses
Jean
Je reçois à l’instant tes lettres du 3 et du
4. Merci. Je dors la nuit. Je suis dépouillé sans plante des pieds. Aucune
fièvre. Baisers.
J.M.