Cette le 14 Mai 1915
Mon brave chéri
J’ai eu ton mot, ce
matin et je suis bien heureuse mais vraiment, que tu sois si bien
soigné. Tu pouvais tomber si mal et là était ma plus grande apréhension, mon
gros souci. Il faut donc être
raisonnable et voir le bon côté de la chose. Peut-être le climat exceptionnel
aura t il une très bonne influence sur ton état genèral. Mais cette fièvre
m’ennuie beaucoup beaucoup.
Comme Mme Depuiboube est
une femme aimable. Je l’aime bien déjà de s’intéresser à notre revoir. Tu
penses bien que j’y songe aussi, j attends seulement quelques jours. Je ne puis
accepter son offre si aimable, mais, si elle veut bien me procurer un gîte à
assez bon compte je serai bien heureuse. Remercie la bien de sa bonté.
Tu ne me dis pas si tu
es toujours couché, je le suppose. Que je suis contente que tu aies eu la
visite du pasteur !
Reçu aussi ce matin
une bonne lettre de tante Elise [Elise Médard, épouse Drouillon, tante
paternelle de Jean] qui fait tous les
trains depuis huit jours ; je lui réponds d’arrêter son zèle. Elle me dit
aussi qu’elle a eu de tes nouvelles par Aline Ménard qui s’étonne beaucoup que je
n’ai pas répondu à sa lettre. J’attendais les nouvelles qu’elle me promettait
et me suis empressée cette après-midi de lui répondre et de la remercier.
L’as-tu fait ? Je n’ai jamais su par toi ce qu’elle t’avait envoyé ni par
qui ? Dis-moi bien vite ce que tu désires que je t’envoie de mon
côté ? des bannanes, des dattes ? Dis-moi surtout si tu prends des
forces.
Pour venir à toi et
obtenir demi tarif il me faut une carte de l’hopîtal disant que tu es blessé et
malade. j’espère qu on m’en enverra une.
J ai été ce matin à
mon Hôpital tout surprise et déçue de ne voir que des visages nouveaux. Dans
l’idée de repartir vers toi, je ne reprends pas encore mon service.
J ai appris à tante
Fanny notre déception qui sera la sienne, mais je sais mon brave cheri que tu
as fait l’impossible et que tu n’es pr rien dans cette grosse dèconvenue.
J espère bien que tu
auras quand même à la maison une grosse convalescence, ta longue maladie vaut
bien cela.
Ns avons passé hier
une journée bien tranquille. Ns le sommes en général et travaillons beaucoup
mais en ce moment les heures sont lourdes pr moi.
Je t’embrasse mon
grand aimé mille et mille fois.
Ta maman bien déçue