Cette le 7 mai 1915
Ma main me fait mal
j’ai du rhumatisme probablement et aussi une veine très enflée. Je ne pourrais
pas écrire longuement mais je ne pouvais pas me passer de le faire c’est devenu
une nécessité. J’ai reçu ce matin ta carte du 3, rien hier. J’espère que tu as
aussi ma lettre tous les jours. Que je suis contente que tu n’aies plus de
croûtes sur la tête, mais comme cela a été long à partir. N’as-tu plus rien sur
le corps ? et te remplumes-tu un peu ? j’espérais que tu avais pu
déjà commencer à lire, je suis effrayée pour toi de la longueur des heures et
dans chaque carte tu parles d’une quinzaine pr être évacué ! cela s
allonge donc toujours ? Et cette toux voilà je me donne encore du souci.
Dure-t-elle depuis mon départ ?
Toujours des masses de
lettres à répondre, je n’en vois pas la fin et fais cela le soir en rentrant.
Hier en te quittant ns
avons eu la visite de Mme E. [Edouard] Julien [née Louise Baillif], de tante Anna et de ses filles.
Il pleuvait, elles sont restés l’après-midi et cela a bien été.
Aujourd’hui Mme
Néri [Jeanne Jalabert, épouse de Néri Julien] est venue ns aider à coudre pr le bébé et je me hâte avant sept heures.
Je n’ai pas là
l’adresse de Mme Cahier, mais je te l’enverrai demain le mieux si tu
le veux est que j’écrive pr toi, je le ferai demain.
Mme
Bourguel m’a écrit ce matin. Nvelle lettre a repondre, elle ne me
dit rien de Pierre, je pense donc qu’il est à l’abri.
Hugo est tjours tout a
fait absorbé nous ne le voyons qu’un instant au repas. Les prisonniers
déchargent ses navires [Hugo travaillait pour la compagnie de navigation de
son oncle Axel Busck].
Madou Armand écrit qu elle
va arriver après le 15 cela me fait rester quelque temps de plus à maison pr y
coucher je ne le regrette pas ; j’aime aussi ma solitude quand elle n’est
pas trop accentuée et je pense à toi tout le temps
Je ne me sens pas
encore de retourner à l’Hôpital.
Mme
Batailler [née Marie Julien, fille de Néri Julien et Jeanne
Jalabert, épouse du docteur Adrien Batailler] me fait proposer d'écrire au major Soubeiran
qui est à Verdun d’obtenir pr toi l’évacuation dans le midi, j’ai remercié, je
crains que trop de démarches nuisent à celles qui sont faites. Qu’en
dis-tu ?
Je ne puis écrire
davantage je souffre un peu. Je t’embrasse mon grand aimé de fils avec ma
tendresse profonde
Ta mère
Math P Médard
Merci à Mr Krug d’être si fidèle. A-t-il
reçu ma lettre ?
Ma lettre n’est pas partie hier, je ne t’écris
pas aujourd’hui car je suis très occupée.