Cette le 6 mai 1915
Mon chéri
Rien au courrier ce matin que les mots de Mme
A. Ménard Dorian, que je transcris pr te dire sa bonté. Tu dois être, à
l’heure qu’il est, en possession de son précieux envoi et du coussin. Un [?] desiré
de un [?] et dont je bénis le
ciel. Que de sujets de reconnaissance !! Je ne saurais jamais assez, durant
toute ma vie, bénir celui de qui nous vient la délivrance, le réconfort. Que
cette délivrance ne devienne pas trop vite à mes yeux une chose naturelle qui
me fasse oublier de le remercier et de vivre d’une façon conforme à sa volonté.
Je suis encore et toujours si loin du but.
Voici les termes de la lettre en
question :
Ma chère cousine,
J’envoie quelqu’un voir votre fils à
l’Hopital de Glorieux, dès que j’aurais des nouvelles bien precises je
vous écrirai. Ne les attendez pas avant huit jours.
J’envoie au pauvre malade un oreiller
bien doux, du raisin frais, des confitures ; et de la poudre de talc
pour adoucir les plaies ; de l’eau de roses pour rafraîchir les yeux, un
flacon de sels anglais qu’il respirera si l’odeur de l’hopîtal lui est pénible.
Pauvre enfant ! si je pouvais quelques
chose pour lui faire du bien je serais trop heureuse.
J’ai écrit au Ministère pour demander s’il ne serait pas possible de
l’envoyer dans le midi, on ne m’a pas encore répondu et je n’ose vous donner
trop d’espoir. Je suis avec vous de tout mon cœur de Gd mère
angoissée.
Aline Ménard Dorian
Cette femme est bonne
vraiment et je voudrais qu elle sache combien elle me touche.
Alice Tedal [?] écrit aussi ce matin pour avoir des
nouvelles et ton adresse pour t’envoyer un paquet. Je vais lui répondre. Oncle
Auguste [sans doute Auguste Margarot Mourrier, le mari d’une cousine
éloignée du côté Médard] demande des nouvelles et j’écris j’ecris
jusqu’à en avoir la crampe.
Je suis pourtant
restée au lit ce matin, pr cause de purgation. J’en ai les jambes tout
affaiblies et ce soir je tire encore l’aiguille pr Suzie.
As-tu reçu son envoi
de Mezat [?] ? elle ne sait
aussi que faire ta petite sœur. Sa taille commence à bien s’arrondir et ns
élargissons les coutures. Tout à l’heure je parlais de nos projets de compagnie
avec toi ; toute attristée elle a répondu : Moi qui me berçais de
l’illusion que c’est chez moi que Jean préférerait venir…
Hugo ne sait où donner
de la tête tant le travail est intense en ce moment. Il rentre a des heures
indues et repart de même.
Je n’ai pas vu les
Benoît ces derniers jours ; la pluie ns retient ici où il fait bon et où
rien ne m’empêche de penser à toi.
Je voudrais des
détails sur ta pauvre vie. Tu es bien laconique, mais sans reproche, je
comprends que tu ne peux pas.
Mes tendresses et bons baisers.
Ta maman
Math. P. Médard