Verdun, 5 mai 1915
Maman cherie
Bonne nouvelle aujourd’hui. Le major m’a dit
ce matin en voyant ma courbe de fièvre dégringolante :
« Allons ! Nous vous évacuons d’ici 8 jours. Nous choisirons une
bonne journée et ns tacherons de vous envoyer ds le midi. » Voilà.
Nous ne sommes + si loin que ça du revoir.
Mon abcès sous le bras n’existe plus. La plaie est cicatrisé on y met un
pansement que pour le principe. Reçu une bonne lettre de tante Anna, après
beaucoup d’autres. Je ne te mentionne que les lettres d’étrangers et ds mes
courtes cartes ne te parle pas de celles pourtant fort bienvenues de tous les
proches, de Suzon, ttes Anna, Fanny, Jeanne etc. Qu’il me tarde de partir et de
savoir ou j’echouerai. Je t’embrasse maman cherie. Pourrais-je t’embrasser pour
de bon dans peu de jours.
Tendrement
Jean