Le jour du
départ est enfin arrivé. Je suis transporté dans un train de blessés et nous
roulons maintenant vers le sud. Malgré la fatigue et ma position d’allongé, je
garde de cette journée une merveilleuse impression de lumière, de verdure, de
printemps. Après le rapide cauchemar des Eparges et la longue nuit larvaire
dans un lit d’hôpital, je renais à la vie.
Le soir
pourtant une déception m’attend. Nous nous étions naïvement imaginé, ma mère et
moi, que je serais évacué dans le Midi, car les blessés des Eparges étaient
très nombreux dans les hôpitaux de Provence et du Languedoc. Ma mère dans ses lettres se demandait
seulement s’il fallait opter pour Marseille ou pour Sète. Je n’avais
naturellement pas à opter, mais à suivre le sort de mon convoi. Or à Dijon,
nous obliquons sur Bourg et le matin nous sommes débarqués à Chambéry.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre)
Source : Delcampe
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