Verdun, 3 mai 1915
Maman cherie
J’ai été gaté aujourd’hui, j’ai reçu au
courrier ta lettre du 29 et celle du 30. J’ai des nouvelles très régulières, ne
t’inquiète pas. Je m’ennuie moins et vais me mettre à lire. On peut dire que
mes abcès sont completement guéris, ce qui m’ennuie maintenant c’est une toux
d’ailleurs toute superficielle. Je dors très bien et mange de meilleur appétit toujours
le même régime. L’infirmier a fini par faire tomber les croutes de ma tête, je
suis absolument ras. Je ne vais pas passer la tondeuse sur le bouc et les
favoris. Je viens de recevoir aussi une carte de Mme Cahier, qui
s’est beaucoup intéressée à mon sort, mais sans adresse, donne moi son adresse
si tte Anna l’a encore. Le major parle de 15 jours pour l’évacuation. C’est
long. Mais comme tu le dis ns sommes des privilégiés, il ne faut pas l’oublier.
Toujours visites régulières de Mr Krug. Je t’écris assis sans aucune
fatigue, mais n’écris encore qu’à toi. Je t’embrasse tendrement, Je vous
embrasse tous.
Jean