Cette le 28 Mai 1915
Entre deux fers qui se
chauffent pr mon repassage je viens un petit instant à toi mon grand chéri. Je
suis venue, en effet repasser cette après midi pr éviter ce surcroît à Alice
déjà à bout de souffle par l’occupation que lui donne la cuisine chez Suzie.
Elle s’est distinguée pendant le séjour de tante Fanny et celle-ci a été très
ravie de tout et de tous. Elle n’avait jamais vu Cette, c‘est une découverte et
le petit ménage Ekelund une merveille ! Elle est partie ce matin et je ne
l’ai pas revue car je suis allée à l’Hôpital.
Hier, ns sommes allées
toutes deux faire quelques visites. Mme E [Edouard] Julien [née Louise Baillif], Mme Frisch [née Louise
Cormouls] très affectueuse, très vieillie
par l’épreuve, Mmes L. [Louis] Julien [née Lydie Perrineau]
et Rolland [née Evodie Louise Julien]
toutes deux affables autant qu’il se peut et ns avons fini par le cimetiere ou
il y avait un calme et une paix reposantes[1].
Le soir ns avons passé
la soirée chez les Poul, nouveau ravissement de ta tante devant leurs
merveilles des Indes, leur installation, la vue sous le clair de lune.
J’ai pensé que lorsque
tu serais en convalescence, nous irions un peu ns perdre dans ce joli coin.
Je ne sais pas te dire
quel jour j’arrive, je te préviendrai au dernier moment.
J’ai préparé un paquet
qui n’est pas encore parti. Quelques bananes et quelques biscuits. On ne peut
envoyer grand-chose. Je te neglige mon fils bien aimé, et j en suis honteuse.
Depuis que j’ai repris l’Hopital et que j’ai eu tante Fanny j’ai negligé des
tas de choses.
Madou est encore là.
Quelle gamine et quelle enfant sans gêne. Il y a des côtés de sa nature
attirants et d’autres que je n’aime pas.
La nuit vient avec
l’orage il faut que j’aille la-bas bien vite. Ou en est ta blessure, je ne sais
rien aujourd hui !
Je t embrasse bien
tendrement. Il me tarde de le faire pr de vrai.
Ta vieille maman fatiguée et qui t aime bien
Math P. Médard
[1] Mathilde
avait des relations amicales avec trois couples Julien, appartenant à la
paroisse protestante de Sète. Les trois hommes étaient frères :
-
Louis Julien (1842-1913), négociant sétois, avait épousé Lydie Perrineau « Mme
L Julien ». « Mme Rolland » est leur fille, Evodie Louise Julien
(1878-1968) épouse de Wilhelm Rolland (1866-1934).
-
Néri Julien (1845-1918) également négociant, avait épousé Jeanne Jalabert
(1854-1927).
-
Edouard Julien (1849-1927) était le mari de Louise Baillif (1858-1940) « Mme
E. Julien »
Louise
Cormouls « Mme Frisch » (1857-1937) était une amie de Mathilde, également
membre de la paroisse protestante.