Cette, le 12 Mai 1915
Mon pauvre chéri. Ta
dépêche m’a anéantie. Je ne sais plus où j’en suis et ai bien de la peine à me
ressaisir.
J’attends impatiemment
des explications car je me perds en conjectures. J’étais radieuse hier, à cinq
heures en recevant ta carte aux bonnes, exquises, nouvelles et je suis allée
chez tante Anna que j’ai trouvée avec sa belle fille [Yvonne Bouscaren, la
femme de Lucien Benoît] raconter ma joie,
mon allégresse et en rentrant de la villa à neuf heures j’ai eu la dépêche terrible
a laquelle j’étais loin de m’attendre.
Ce midi était tant et
tant de fois promis que pr moi il n y avait plus l’ombre d’un doute. Vrai,
quelle deveine. Ton infirmier qui est tombé malade pendant que j’etais auprès
de toi qui n’a pas demandé le midi, lui est ici ! Je retiens tout le jour mes
larmes tant est immense mon dépit et je dois me repéter à satiété les sujets de
reconnaissance que j’ai au cœur pr ne pas sortir des gonds.
Et maintenant je ne
puis renoncer à l’idée de t avoir ici je vais faire l’impossible dès que j’aurai
ta lettre.
Si non eh bien je
viendrai à toi. Je ne puis t écrire longuement j’ai une trop mauvaise journée
et je t’enleverai ton courage.
Vrai ! Chambery
pourquoi pas un peu plus loin !! Je n’avais jamais songé à cette possibilité.
C’est un pays ravissant il est vrai mais en jouis tu ? Es-tu
bien ? dans un bon et joli Hopital. Si tu savais ce qu’il me tarde de
connaître tous les détails. N’as tu pas oublié à Verdun ton coussin et tes
friandises. N’as-tu pas souffert pendant le voyage et a t il été long ?
Autant de choses à me dire. Quel jour es-tu
parti ? Je te quitte parce que ne je ne suis pas en possession de
moi-même. Dis moi comment tu es, là est l'essentiel. Je suis chez moi car on a fait
un petit demenagement à la villa. On y
préparait ta chambre. Suzie et Hugo ne demordaient pas de l’idée de t’avoir là
haut. Ah ! Il ne faut pas essayer de comprendre.
Je t’embrasse de tout mon triste cœur
Ta mère bien affectionnée
Math P. Médard