19-9-16
Maman cherie,
Encore une nouvelle étape. Cette
fois-ci nous sommes beaucoup plus près du front. On voit les « saucisses »
mais c’est à peine si l’on entend le canon. Le moral est généralement bon. Les
troupes qui redescendent et que l’on interroge au passage sont très entrain.
Enfin, on ne sait pas ce que reserve
l’avenir mais l’on ça fait plaisir de prendre sa part d’une affaire qui marche.
Pour ma part je suis dans de meilleures dispositions que jamais. Ce qui me chagrine
c’est que la Cie n’est vraiment plus ce qu’elle était, et ce n’est
pas la faute des poilus.
Il a plu terriblement au debut de la
journée. Nous avons cru un moment qu’il ns faudrait dresser ns toiles de tente
sur le sol detremper et bivouaquer là. Heureusement il a fini par avoir des
cantonnements, et maintenant c’est le soleil.
Ne tremble pas trop pour moi. En
tous cas ne desire pas me voir autre part. Je suis à ma place, et l’on est
vraiment en paix que lorsqu’on se trouve à sa place. Il faut m’aimer assez pour
vouloir que je fasse la totalité de mon devoir.
Tendrement à toi toujours
Jean
Je reçois ta bonne lettre du 16 et
en même temps le paquet de Suzon. Merci.
[De la main de Suzanne]
Je ne puis pas t’écrire je vais
accompagner Rudy [Rudy
Busck, son cousin germain] à la gare.
Je vous embrasse
Suzanne
Source : Mémoire des hommes - JMO du 132ème R.I. |