Villa
Svéa ce 25 7bre1916
Mon enfant chéri
Par Suzie je viens d’avoir tes deux
cartes du 18 et du 19 et je ne puis que dire à Notre Père mon infinie
reconnaissance de te sentir si fort et si « grand » qu’il soit béni
de me donner un tel fils ! J’aurais besoin de vivre à ses côtés car je ne
suis pas à la hauteur. Hier, je me sentais un peu trop misérable pr t’écrire
aujourd’hui. Tante Fanny va un peu mieux ; le courage s’en ressent.
Je ne sais où te chercher ou te voir
et c’est cruel mais je sais que où que tu sois Dieu y est près de toi. Lui, ton
père veillent sur toi. Tu ne te sens pas seul. Ta mère ne te quitte pas un seul
instant.
Je viens de recevoir une exquise
lettre de Melle [Léo] Viguier
bien fortifiante aussi. Elle a eu de tes nouvelles par Henri Monnier. Comme moi
elle considère le revoir avec [Albert]
Léo comme un exaucement à nos prières une vraie bénédiction. Elle est toute à
son labeur moi j’ai honte de moi-même et cependant, ici je me sens utile je
crois. Annie [Busck épouse Houter] est
à Paris. Axel [Busck] encore à Cette.
Jeanne [Busck épouse Picard] fatiguée
par son Hôpital. Je suis le matin seule avec ma malade.
Tante Anna demande de tes nouvelles.
Elle ne compte rentrer qu’au commencement Octobre. Elle se sent utile à sa
cousine.
Peut-être es-tu en contact avec
l’ennemi aujourd’hui. Que Dieu ait pitié de moi. Mon fils je t envoie toute mon
infinie tendresse.
Ta maman
Et la pluie ! tu n’as pas de
manteau ! N es tu pas trop mouillé.
Dis moi dès que tu recevras ton caoutchouc je me grille.