?
14
[Sous la date du jour, un point
d’interrogation, avec 14 d'une autre encre. Visiblement, à la relecture, Jean doute de la date
qu’il a notée. Mais le cachet de la poste, du 22 septembre 1916, montre que
l’erreur ne porte pas sur le jour, mais sur le mois.]
Maman cherie
Encore à l’arrière, pas pour
longtemps. Toujours mauvais temps.
Je passe ces derniers moments de repos ds une étroite
communion avec toi et tous mes bien-aimés.
C’est ça qui est plus precieux que tout, c’est ça qui
compte parceque c’est éternel. C’est ce sentiment que rien ne pourrait nous
separer les uns des autres ni de Dieu qui doit être notre force, maman cherie.
Le devoir est beaucoup plus difficile pour toi que pour moi. Mon travail est
aussi interessant que peut être celui d’un guerrier, conditions favorables,
moment critique ; j’ai une section de types que j’aime bien.
Je t’embrasse, je vous embrasse tous avec une
tendresse infinie.
Jean
[Au revers, mot de Suzanne]
Suis contente de pouvoir enfin de faire
suivre ces lettres. Merci de ta lettre de ce matin. Je vais aller m’occuper de
ton corsage. Pardon, je l’avais oublié.
Je vous embrasse
Suzanne
Nous allons diner ce soir chez Mr
Pont. Oncle Axel [Busck] peint et se repose bien.