Lacaune,
ce 12 7bre 1916
Mon bien aimé !
Deux lettres ou cartes à la fois que
l’on m’a apportées chez les Julien où je déjeunais. Je commençais à être bien
tourmentée et je ne suis pas rassurée.
Où est-il ce secteur calme que nous
appelions de tous nos vœux ? C’est bien trouvé le front à la mode !
Je voudrais qu’il le soit moins. Comme je regrette la Champagne ! et voilà
ces heures d’angoisse qui reviennent bien vite. Je demande à Dieu, le calme, la
confiance, la résignation.
J’ai eu aussi deux lettres de
Suzie ; elle ns attend et je hâte mon retour car il pleut, il pleut
lamentablement et il fait froid. Le phare est allumé chez les Julien.
Ns partons donc Vendredi matin et je
vais être encore quelques jours sans lettres. J’aurais du te prévenir plus tot.
Quelle joie a du être pr vous deux
cette rencontre avec Houter ! Je vais l’écrire à tante Fanny qui est
toujours bien souffrante. Elle s’est foulé le pied en tombant évanouïe dans le
hall.
Je te quitte car bébé me réclame et
nounou lave.
Que Dieu nous aide et te garde mon
fils bien tendrement aimé.
Ta mère
Je pense à ton coiffeur. Tiens moi
au courant. C’est si triste.