dimanche 31 août 2014

Fin août 1914 – Pont-Saint-Esprit, rencontre avec Maurice Lafon


Par bonheur peu de jours après mon arrivée j’ai rencontré Maurice Lafon, l’un de mes amis lycéens du groupe de Montauban, fils du pasteur Louis Lafon, qui possédait à trois kilomètres de là une propriété et une vaste demeure pittoresque, la Paillasse. J’y fus accueilli comme un enfant de la maison lorsque je pouvais, le Dimanche en particulier, m’y échapper. L’amitié et l’hospitalité des Lafon atténuèrent beaucoup pour moi ces premières semaines éprouvantes de mobilisation. Elles étaient d’autant plus éprouvantes que les nouvelles de la guerre étaient mauvaises. La censure et la propagande ne pouvaient pas dissimuler nos échecs en Belgique et l’impressionnant recul de nos armées du nord-ouest. D’une passerelle qui surmontait la ligne de chemin de fer nous voyions défiler d’innombrables trains de blessés et les rubriques nécrologiques des journaux la liste des « morts pour la France » s’allongeait indéfiniment.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (2ème partie : Enfance et jeunesse)