[Feuillet isolé, classé par
Jean après la lettre du 29 août.]
[...] relief qu’elle ; j ai Karine [Karin Möller] avec moi et cela m’est une douceur et une force pr supporter bien des avanies qui parfois me feraient tout planter.
Ton beau-frère a de nouveau un
antraxe et souffre beaucoup. Suzie est très demoralisée car elle l’a fait
soigner par le docteur Crémieux qui manque de précaution et de propreté dit
elle.
Hier elle était à la gare pour
panser des blessés de passage. Elle s’est démenée pr en faire accepter un
d’urgence à Cette un pauvre diable qui perdait tout son sang et s’en allait
grand train ; elle a obligé le major à lui faire une piqûre d’ergotine et
voudrait bien savoir ce qu’il est advenu de lui.
Les moins blessés demandaient du
pain. Le fort regorge de prisonniers Allemands il y a de pauvres diables qui
n’ont pas l’air méchants parait-il et qui maudissent leur Empereur. La ville ne
désemplit pas de troupes de passage : maintenant ce sont les noirs, des
noirs comme je n’en ai jamais vus, le cirage bien noir n’obtiendrait pas ce
brillant là et ils ont si peu l’air farouches ! Il faut leur toucher la
main !! Ils veulent manger de l’Allemand…
On les dirige vers Paris, il paraît.
Pauvre capitale comme la voilà menacée, cela fait trembler. Allons ns assister
à un terrible siège comme en 70 et aussi meurtrier ?
T’ai-je dit qu’on avait eu des
nouvelles de Lucien [Lucien
Benoît, cousin germain de Jean] après les
combats du 14, 15 et 16. Celui-ci effrayant, horrible ; aucune imagination
ne peut le réaliser. De nuit, par la pluie diluvienne, ils ont ramassé leurs
blessés et enterré leurs morts. Le 24 son beau [...]