mardi 4 octobre 2016

Marseille, 4 octobre 1916 – Mathilde à son fils

Villa Svéa ce 4 Octobre 1916
            Mon enfant chéri 

            Je vis dans l’attente du courrier et ce soir je n’ai pas été déçue. Je viens de recevoir ta lettre du 29 et ta carte du 30. Ce sont de poignantes émotions que l’arrivée de ces missives fiévreusement attendues. Mais des émotions bénies de cœur s’élève un hymne de reconnaissance bien ardent.
            Oh ! mon Jean que Dieu est un bon père qui aime et garde son enfant bien aimé – les bénédictions infinies devraient me donner grand courage, mais lorsque je reçois ces chères lettres si ardemment attendues, je me dis avec un horriblement serrement de cœur qu’à cette heure tu peux être blessé ! Mais sera-ce bien long ce temps et ne serez-vous pas relevés ? Mon bien aimé tu vois partir, heureusement blessés pr la plupart tes camarades et au repos tu vas te trouver bien seul. Gétaz te manque beaucoup. Je n’ai pas été chez sa mère. J’attends angoissée qu’elle exprime le désir de me voir.
            Annie [Busck épouse Houter] est rentrée, je pourrais maintenant partir, mais je n’ose pas craignant que ce changement amène du retard dans mon courrier.
            J’ai [mot illisible] hier partir pour toi un paquet. Comme il me tarde de savoir si tu as reçu ton manteau.
            Ne souffres-tu pas de l’humidité ? du froid ? tu n’as plus de vêtements de laine et cela me tourmente aussi.
            Mon grand chéri, je t’assure que je ne vis qu’avec toi. Rien en dehors ne compte surtout depuis que tante Fanny va mieux. Elle t’envoie des tendresses sans fin et je t’assure qu’elle partage toutes mes angoisses. On est bien affectueux pr moi.
            Assez mauvais temps.
            Je t’envoie d’infinies tendresses. 

Ta maman