Villa
Svéa ce 2 Octobre 1916
Mon grand aimé
On apporte le courrier, je suis au
chevet de tante Fanny et le cœur bien tremblant bien que je le désire fort et
on m’apporte une lettre de toi et une carte des 27 et 28 !
Je suis tellement émue, brisée, que
je ne peux lire. Je me jette a genoux et remercie Dieu du font de l’âme encore
une délivrance dont je ne puis assez le bénir. Oh ! si tu savais combien
je suis reconnaissante ! Mais hélas tu m’apprends la mort de Gétaz si tu
savais l’effet que cela me produit et j’attends sa mère d’un moment à l’autre,
sûrement elle viendra me rendre ma visite.
Je n’ai point de courage pr lui
dire. Je vais aller chez Mr Bruguière [pasteur de
Marseille]. Je ne pourrai supporter la
vue de sa douleur. Un brave garçon, une nature si sympathique. Je vs ai tjours
tous deux devant les yeux ! Mon grand mon tendrement aimé, je t’aime
oh ! si tu savais comme je t’aime !
Je ne sais ce que je dis et m’arrête
pr ne pas deraisonner. Il faut vite que j’écrive à Suzie que j’aille en ville
car je veux t’envoyer un paquet. Car je t’ai négligé ne sachant pas que tu
pouvais les recevoir. As-tu reçu le manteau de caoutchouc ? Quand
reviens-tu de la 1ère ligne.
Mon pauvre enfant combien cette mort
d’un ami a du t’impressionner. Que Dieu t’aide et te soutienne. Qu’il fortifie
ton cœur et ton âme.
Je t’envoie mes caresses infinies.
Je te couvre de caresses.
Ta mère affectionnée
Math P. Médard