dimanche 9 octobre 2016

9 octobre 1916 – Front de Somme, en première ligne


Le 9 [octobre] nous remontons en première ligne. Le secteur est toujours agité, mais, par bonheur, nous avons peu de pertes. Il s’agit d’organiser nos positions. En un point elles sont à peine à douze ou quinze mètres des tranchées ennemies. Il nous faut installer de nuit dans le plus grand silence en avant de nos tranchées des fils de fer barbelés.
Un soir pour diriger le travail je me glisse entre les deux lignes et comme je saute dans le trou d’obus je me trouve nez à nez avec un homme coiffé de ces bérets allemands qui étaient alors pour eux l’équivalent de nos bonnets de police. Heureusement nous sommes assez proches l’un de l’autre pour nous reconnaître avant d’avoir à esquisser un geste meurtrier. C’est un caporal de la compagnie, en observation comme moi, qui s’est affublé bêtement de cette coiffure. Nous en sommes quittes pour la peur.  

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre)